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  • Photo du rédacteurJosso

"GULEDIC" (souverain) à Guérande.

Breton moderne : "gwledig".


La titulature vieille-bretonne (identique à celle des princes gallois et irlandais) n’avait rien à voir avec celle des Francs, ou de l’époque féodale.


Le titre normal que pouvaient porter les chefs indigènes bretons étaient « ri » (« roi » en vieux-breton, issu du celtique « rix » comme dans « Biturix / roi du monde »). Les princes des pays celtiques, même de rang assez médiocre, étaient appelés « ri / roi », avec toute une hiérarchie allant du haut-roi aux roitelets ; une titulature complètement différente que celle qu'appliquaient les Francs aux princes bretons, avec des arrières pensées politiques. La reconnaissance par Charles le Chauve du titre de « roi » à Erispoe en 851 ne faisait que reprendre le titre traditionnel qu’Erispoe portait certainement déjà en Bretagne, comme tous les princes bretons avant lui, et même après lui. Jusqu’à l’époque féodale, la titulature garde un certain flou, la féodalité n’a pas effacé du jour au lendemain l’ancienne civilisation brittonique.


Le souvenir de la royauté bretonne était encore bien présente dans les mémoires au XIe siècle : Alain III de Bretagne (997-1040) est qualifié de « princeps Britanniae » (prince de Bretagne), dans un acte il se qualifie avec son frère de « Britannorum monarchi » (monarques des Bretons) en parlant de leur principauté de « regnum nostrum » (notre royaume), rien d’étonnant à son titre de « Rebrit » (/ ri brith /, roi de Bretagne) que Gautier Map (1140-1210) traduit par « rex Britonum » (roi des Bretons). Son fils Conan II de Bretagne (1033-1066) est qualifié encore de « regem Britanniæ » (roi de Bretagne) alors que dans le même texte Foulque Nerra (965-1040) est lui qualifié de « comes Andegaviæ » (conte d’Anjou).

Il y avait aussi, dans le première moitié du Moyen-Âge, le titre « guletic » (« souverain » en vieux-breton), mot dérivé de « gulat » (souveraineté, pays) identique à l’irlandais « flaith » (souveraineté, royaume), issu d’un celtique « *ulatis » (souveraineté) qui a donné le nom gaulois « Ulatios ».


Quatre salines de Guérande étaient nommées salines « gluidic » (gluedic, gloidic, glouedic), avec le sens « saline du souverain », permettent de penser qu’il s’agit de fondations de salines antérieures au XIe siècle (période du vieux-breton). Jusqu’en 1532 la « Saline gloidic » (à Batz) est désignée sous le nom de « Marais du Duc », appartenant aux ducs de Bretagne ("par la Grâce de Dieu", c'est-à-dire "souverain") ; après l’annexion du duché ces marais deviennent les « Marais du Roi » (encore en usage aujourd'hui). Il y avait aussi un « Clos Gludic » (clos de vigne) au XVIIe siècle en bas du coteau de Guérande.


Mieux vaut garder en breton moderne le sens originel "souverain" que "comte", à mon avis.

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En relisant les travaux passionnants de Gildas Buron sur la microtoponymie des marais salants de Guérande.






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