La culture de la vigne est attestée en Bretagne, dans le Pays de Guérande, depuis l'Antiquité, un pressoir du IIe siècle a en effet été découvert à Piriac (Loire-Atlantique).
La culture du cépage dit "Aunis" remonte au Moyen-âge à Guérande, il s'agit du nom local (de Guérande à Sarzeau) du Chenin. Avec les crises sanitaires (oïdium, mildiou, phylloxéra), on ne cultivait plus que des hybrides producteurs directs dans les derniers temps (comme le Noah, qui a été interdit), pour une consommation familiale, ça n'a pas contribué au maintien de la viticulture dans la région !
On assiste maintenant à un petit renouveau, des amateurs ont replanté du Chenin, sans savoir que l'ancien "l'Aunis" (Launy, Launic) était du Chenin, c'est un heureux hasard due à une rencontre avec un vigneron angevin. Il y a encore un peu de travail pour arriver au niveau des vins de Chenin des Coteaux d'Ancenis dans les Marches de Bretagne, mais c'est possible puisqu'il avait autrefois une petite réputation dans la région.
Voilà quelques citations sur le vin de Guérande et sa qualité :
Henri Quilgars écrivait en 1922 : « Dès le XIVe siècle, on cultivait le plant d’Aunis, qui donnait un vin blanc dont la réputation était grande ; on l’appelait plus communément le vin breton. » [1].
Victor- Adolphe Malte-Brun écrivait en 1882 : « Guérande… est située sur un coteau couvert de vignes, à 5 kilomètres de la mer… Population vive, pétillante comme ce bon vin blanc qui mûrit sur ses coteaux »[2].
Aristide Guilbert disait en 1853 sur Guérande : « Ses vignobles produisent un vin blanc fort estimé, qui contient beaucoup d’alcool et gagne à être gardé. »[3].
Jean-François Le Boyer, ancien président de la Société académique du département de la Loire-Inférieure, écrivait en 1823 : « Le coteau de Guérande fournit des vins blancs en abondance. Quelques uns sont estimés, et l’on vante surtout le Congor, que l’on égale, dans le pays, au vin de Bordeaux. »[4].
Joseph Morlent écrivait en 1819 : « Piriac et surtout le coteau de Guérande, jusqu’à Bélon, méritent une mention plus honorable. Leurs vins jouissent d’une juste réputation. »[5].
En 1779 l’ingénieur géographe Jean-Baptiste Ogée écrivait dans son monumental "Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne ; dédié à la nation bretonne" : « Toute la partie du midi de Guérande eft bâtie fur un côteau, planté en vignes, dont le vin devient exquis à vieillir »[6].
[1] QUILGARS Henri, Petite histoire du pays et de la ville de Guérande, éd. Imprimerie-Librairie Saint-Aubin, 1922 ; page 106. [2] MALTE-BRUN Victor- Adolphe, La France illustrée, géographie, histoire, administration et statistique, éd. Jules Rouff, 1882 ; Tome III, page 25-26 dans le chapitre « Loire-Inférieure ». [3] GUILBERT Aristide, Histoire des villes de France, éd. Furne et Cie, 1853 ; page 300. [4] Le BOYER, Jean-François., Notices sur les villes et les principales communes du département de la Loire-Inférieure, 1823, rééd. impr. de Forest, 1825, page 61-62. [5] MORLENT Joseph, Précis historique, statistique et minéralogique sur Guérande, le Croisic et leurs environs, éd. Mme Kermen, Nantes, 1819 ; page 130. Le vignoble étant situé en limite climatique de la culture de la vigne, le cépage produisant ce vin avait besoin des sites les mieux exposés pour mûrir correctement. Le commentaire de ce natif de Beaune en Bourgogne est intéressant, il dit (p. 130) des autres vignobles de la région : « Escoublac, Saint-Molf et quelques autres lieux récoltent des vins, les plus âpres et les plus verds du royaume. » (il parle probablement ici du Gros-plant). [6] OGÉE Jean-Baptiste, Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne ; dédié à la nation bretonne, éd. Vatar fils aîné, Nantes, 1779 ; Tome II, page 162.
Le vignoble guérandais traditionnel s'étend de Guérande (44) à Pénestin (56), Pénestin ayant été rattaché (contre sa volonté) au Morbihan lors de la création des départements. Mais en réalité, il appartient à un petit terroir viticole qui remonte au delà de la Vilaine, jusqu'à Sarzeau (56) en presqu'île de Rhuys (Pays vannetais) : même géologie, même climat, même identité bretonnante ; un terroir à cheval sur deux départements et deux "régions" administratives. C'est un terroir viticole maritime pour éviter et limiter les risques de gel (grande sensibilité du Chenin aux gelées de printemps), qui est donc implanté dans ce qu'on appelle l' "Arvor" en Breton (Armor), une bande littoral qui borde ce que les géographes appellent le "Mor bras" (par opposition au "Mor bihan", le golfe de Vannes à l'origine du nom du département), un espace maritime et écologique délimité au large par la barrière rocheuse des îles de Houat, Hoedic jusqu'à la presqu'île du Croisic (44), le fond de cette mer correspond à l'estuaire de la Vilaine.
A mon avis, les vignerons amateurs de Bretagne devraient s'appuyer davantage sur la tradition viticole bretonne, et prendre conseil auprès des professionnels du vignoble historique de la Bretagne (en Bretagne nantaise)... En effet, on est bien - à l'échelle de la Bretagne historique aussi - dans le même terroir, d'un point de vue géologique (Massif armoricain), d'une point de vue climatique (climat océanique franc dit "climat breton"), du point de vue de l'histoire viticole de la Bretagne (et de l'Histoire de Bretagne, tout court), du point de vue ethnographique et culturel...
Ci-dessous, de l'Aunis sur le coteau de Guérande au dessus des marais salants, et une bouteille de son vin : du Clos Rignac !
Clos Rignac, en haut du coteau, dans le fond les marais salants du bassin de Batz-Guérande.
Le coteau est orienté au sud-ouest, les marais contribuent aussi au microclimat.
Le vignoble est enherbé. L'enherbement est une nouvelle technique qui permet de lutter contre l'érosion, qui permet aussi des apports de matière organique, le développement de la vie dans le sol, une amélioration de la structure du sol, une meilleure rétention de l'eau et des sels minéraux, et la limitation des déperditions de nitrates vers les nappes phréatiques.
Les vignes sont jeunes.
On se trouve ici dans le bas du coteau, à Cramargué.
Encore un peu vert, mais il n'y a pas de raison de ne pas arriver à la qualité d'autrefois !
Guérande
Qui osera dire que ce n'est pas un vignoble breton ? Qui osera dire que nous ne sommes pas bretons ? A part les adeptes d'un révisionnisme historique totalement décomplexé... Le Vignoble nantais est très loin de couvrir l'ensemble du département de la Loire-Atlantique, que deviennent les néo-vignerons bretons qui ne sont ni du Vignoble nantais ni de la région administrative ? Ce sont bien les oubliés de l'Asso des néo-Vignerons soi disant "Bretons" ! C'est vrai que des néo-vignerons indiquant sur l'étiquette de leur vin 'Sillon de Bretagne' (coteau bien exposé qui traverse le Pays nantais), ou des toponymes bretons du Pays de Guérande, ou le blason herminé de leur commune, ce serait une concurence bretonne insupportable pour ces gens-là...
Christophe M. Josso
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