La Fine Bretagne est à l'origine une eau-de-vie de vin (Gros-plant) de la Bretagne nantaise. C'était autrefois la raison d'être du Gros-plant, cépage rustique et productif qui ne donne pas un grand vin mais une excellente eau-de-vie (quoique, le Gros-plant de Philippe Chon, Domaine des Hautes Noëlles au Loroux Bottereau, est vraiment excellent !) . La culture du Gros-plant a été encouragé au XVIIe siècle par les négociants Hollandais qui fréquentaient Nantes pour produire justement de l'eau de vie pour leur commerce. C'est l'une des raisons de la spécialisation de la Bretagne nantaise dans ce cépage et l'eau de vie (réf. Cognac), il fallait répondre à la demande commerciale de l'époque. Au contraire, les vignerons des pays de la Loire (Anjou, Touraine...) ont dû - pour pouvoir exporter - travailler sur la qualité de leurs vins afin de pouvoir supporter le poids des taxes au passage de la frontière douanière entre Bretagne et Anjou (jusqu'à la Révolution). Cela fait partie de l'histoire viticole de la Bretagne et du Val de Loire.
Je parle ici de la véritable 'Fine Bretagne', l'eau-de-vie issue de la distillation du Gros-plant nantais et non du cidre de la 'Région de Rennes' (nom que le maréchal Pétain a donné en 1941 à la région à 4 départements), il y a eu usurpation du nom par les cidriers de la région administrative, alors que le mot breton "lambig" est le nom traditionnel (dans le domaine de l'usurpation de nom, on peut comparer le "Couteau Laguiole" ou le "Savon de Marseille").
Le mot "fine" est un nom féminin issu de la substantivation de l'adjectif "fin / fine", il désigne une eau-de-vie de qualité supérieure (de vin ou de cidre) : une eau-de-vie fine.
Pour un aliment, "fin" s'emploie pour parler de "grande pureté", d'une "qualité délicatement agréable", de la "meilleure qualité", "ce qui constitue l'élite" (source : CNRTL).
Art publicitaire :
FINE BRETAGNE Théophile Guillon de Nantes : 2 Menus en découpe : un lithographiée d'avant-guerre, l'autre d'après-guerre, H : 22cm.
Bouteille de FINE BRETAGNE Séguin.
L'expression "FINE BRETAGNE" n'était pas la marque d'un seul producteur,
mais le nom d'un produit régional traditionnel.
On a ci-dessus un document très intéressant, qui montre le marché traditionnel des vins nantais : l'ensemble de la Bretagne (n'en déplaise à certains néo-vignerons "bretons" et mesquins de la région administrative).
En Bretagne guérandaise aussi on produisait une eau-de-vie de vin : une 'Fine Bretagne' du Pays de Guérande. L'alambic passait tous les ans dans le hameau où j'ai passé mon enfance. Les anciens ont encore dans leur cave de cette eau-de-vie, une eau-de-vie de vin de Noah, le cépage hybride qui avait été interdit en 1935. Malgré l'interdiction, de petits vignobles discrets de Noah ont perduré jusqu'à nos jours. Les anciens vignerons du Pays de Guérande, que je fréquente dans mes enquêtes ethnographiques sur la viticulture locale, me font parfois de petits cadeaux. Le vin, et le Noah en particulier, est un sujet dont ils aiment parler, on sent une nostalgie de cette époque où on trouvait encore beaucoup de petits vignobles dans la région. J'ai dans ma cave quelques bouteilles de la 'Fine Bretagne' locale que l'on m'a offert :
Christophe M. Josso
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