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GREFFE BRETONNE.


La "greffe anglaise" est bien connue, il existe aussi une greffe bretonne :la greffe en fente pleine sur bifurcation du Nantais Auguste Boisselot.


Voici une méthode de greffe de la vigne dont on ne parle plus dans les grands traités modernes de viticulture (Gallet, Reynier, Crespy...). Elle a été inventé par M. Auguste Boisselot de la Rigaudière, un horticulteur nantais particulièrement dynamique et actif au XIXe siècle. Dans les revues d'horticulture et de viticulture des années 1870-1880, cette méthode était nommée "greffe Boisselot". Cette technique appartient au patrimoine viticole de la Bretagne, et on pourrait l'appeler "greffe bretonne" comme on dit "greffe anglaise".


Il s'agit d'une greffe en fente pleine réalisée sur une bifurcation comme on peut le voir sur la gravure. L'avantage réside dans le fait qu'il n'y a pas de plaie une fois le greffon placé, et dans le maintien de tires-sève (avec bourgeons) qui aident à la circulation de la sève dont profite mieux le greffon, et que l'on retirera l'année suivante quand la greffe aura prise. J'ai testé, ce n'est pas aussi simple que le dit l'auteur, car il y a un boursouflement au niveau de la bifurcation, il est assez résistant lorsqu'on le fend, et il n'est pas si facile d'ajuster le greffon (avec le boursouflement les bords ne sont pas parfaitement parallèles par rapport au greffon).


ARTICLE :


Tiré de la 'Revue horticole - Journal d'horticulture pratique' (éd. Librairie agricole de la Maison Rustique, 1877 ; page 102) :


« "— Au moment où l’on se préoccupe tant de la greffe de nos vignes... sur les cépages américains en vue de les préserver du phylloxéra, nous nous empressons de publier une lettre de M. Boisselot, de Nantes, sur un mode de greffe dont il est l’inventeur et dont il a déjà été question dans la Revue horticole (1866, p. 168), où elle a été décrite et figurée."


" Nantes, ce 10 janvier 1877.

Monsieur,


Je vois, par différents articles de la Revue horticole, et spécialement dans le numéro du 16 novembre dernier, que la greffe de la Vigne offre quelques difficultés.


Cependant je me rappelle que, lors de mon invention de la greffe en bifurcation (dont il a été question dès le 1er novembre 1863, p. 419, dans la Revue horticole), de différents côtés on a crié qu’il n’était pas nécessaire de tant de précautions, et que la greffe de la Vigne était chose simple, bien connue et commode à pratiquer. Était-ce jalousie ? Peut-être ! Car, malheureusement, c’est un défaut assez commun, aussi bien parmi les horticulteurs que parmi les savants. Toutefois, je déclare ne pas me prévaloir de ma découverte, et en citant ce fait je ne me reconnais d’autre titre que celui d’un modeste expérimentateur et observateur.


Pour en revenir à la question de la greffe de la Vigne, je crois que cette opération réussit infiniment mieux dans le Midi que dans les climats tempérés. Mais, d’un autre côté, jusqu’à preuve du contraire, je soutiens que ma greffe en bifurcation est de beau coup la meilleure, et j’ajoute que l’époque la plus convenable pour la faire est l’automne, lorsque les feuilles commencent à jaunir. A ce moment, il y a encore assez de sève pour faciliter la soudure du greffon avant l’hiver, et la Vigne ne pleure pas. (note 1 / "1 : Cette condition d’éviter les « pleurs » de la Vigne lorsqu’on la greffe pourrait bien être de première importance pour en assurer la réussite.").


Au reste, il y a bien longtemps que je soutiens que la greffe de tous les végétaux de pleine terre doit être effectuée de préférence à l’automne. Je réussis, entre autres, très-bien à l’air libre et à différentes hauteurs la greffe en bifurcation sur les Clématites à grandes fleurs.

Pour ce mode de greffe en bifurcation, j’avais, à l’Exposition universelle de Paris, en 1867, obtenu un premier prix d’après un échantillon de Vigne de 2 mètres environ de hauteur greffé tout le long de la tige, à chaque courson, en huit ou neuf variétés différentes de Raisin... Je pense n’avoir pas à revenir sur le mode d’exécution, qu’on trouvera, du reste, décrit dans la Revue horticole (1863, p. 419, et 1866, p. 168, où cette greffe a été figurée). Il suffit de fendre le sarment dans une bifurcation et d’y insérer un greffon, comme pour toutes les greffes en fente, puis de couper ces deux branches en conservant seulement un œil d’appel qu’on aura grand soin de pincer sur une ou deux feuilles pendant tout le cours de la végétation. Mais généralement la greffe ne part guère avant la Saint-Jean, ce qui, quelquefois, n’empêche pas d’avoir du fruit mûr dès l’année même de la greffe, comme autrefois un envoi que j’avais adressé dans le temps à la Société d’horticulture centrale de Paris.


Veuillez, etc.


A. Boisselot."


"M. Boisselot a raison de revendiquer la paternité de la greffe à laquelle il a donné son nom. Cette revendication d’ailleurs est non seulement légitime, mais elle a aussi l’avantage, alors que la question de la greffe de la Vigne est plus que jamais à l’ordre du jour, de rappeler un procédé dont peut-être on n’a pas assez tenu compte, et d’engager ceux de nos lecteurs que le fait intéresse à faire des expériences dont nous serions heureux de connaître et de publier les résultats." »




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