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LE CÉPAGE NOMMÉ « L'AUNIS » DE GUÉRANDE À SARZEAU. (première partie)

Dernière mise à jour : il y a 6 jours

Article publié en plusieurs parties dans 'Histoire & Patrimoine', revue de l'Association Patrimoine et Histoire de la Région Nazairienne, il porte sur le cépage cultivé de la presqu'île de Guérande à la presqu'île de Rhuys avant les crises sanitaires de la seconde moitié du XIXe siècle (oïdium, mildiou et phylloxéra), un cépage blanc nommé « l'Aunis » à Guérande comme à Sarzeau et identifié au Chenin au début XXe siècle, ce que confirme plusieurs indices (cépage plus tardif que le Gros-plant, taille courte en gobelet pour un cépage fertile dès les premiers yeux, sensibilité à l'oïdium qui incite à le remplacer par un cépage moins sensible, port demi-érigé à érigé ne nécessitant pas d'échalas, implantation sur le littoral pour éviter les gels de printemps d'un cépage à débourrement précoce, cépage pouvant donné de bons vins dans les meilleurs sites, et des vins de garde, même le nom local du cépage est un indice intéressant). Ci-dessous la première partie (éd. A.P.H.R.N., n° 100 de mars 2021), les versions de ce blog sont augmentées petit à petit.


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I – Introduction : les cépages connus en Bretagne au XIXe siècles.


Seule la Bretagne nantaise est restée au XXe siècle une région viticole [1], avec une viticulture professionnelle, mais au siècle précédent la limite climatique et traditionnelle de la culture de la vigne remontait jusqu’à Vannes [2] où l’on cultivait le Gros-Plant et un petit peu de Muscadet [3], et Redon [4] où l’on cultivait uniquement le Muscadet. Ces deux cépages étant plus ou moins résistants à l'oïdium, ils ont remplacé au milieu du XIXe siècle le (ou les) cépage(s) qui étai(en)t cultivé(s) auparavant au nord de la Vilaine. Gros-plant et Muscadet montrent que le sud du Morbihan et de l’Ille-et-Vilaine s’inscrivait dans un continuum viticole avec la Loire-Atlantique : la Bretagne méridionale et viticole, où le climat permet la viticulture (et la saliculture [5]). Les vignobles des trois départements viticoles bretons ne sont donc pas séparables, ni dans leur histoire, ni dans leur nature, ils forment un tout de Arzon en Rhuys à Arthon en Retz et de Redon à Clisson. Le vignoble de Nantes, de loin le plus important, produisait (et produit toujours) principalement des vins blancs [6], dont le marché a longtemps été « circonscrit à la Bretagne » [7].


C'est évidemment dans le Vignoble nantais - bien mieux documenté que les autres vignobles bretons - qu'il faut commencer la recherche sur « l'Aunis » de Guérande et Sarzeau, on peut penser en effet qu'il y a eu un encépagement traditionnel et commun à toute la Bretagne viticole [8].


La Bretagne viticole [9] au XIXe siècle.


On ne parlera pas ici des nombreux cépages implantés dans le midi de la Bretagne lors de la reconstruction du vignoble après les crises sanitaires de la seconde moitié du XIXe siècle (oïdium, mildiou et phylloxéra), c'est-à-dire des nombreux hybrides (Noah, Chancellor, Plantet...), ainsi que quelques cépages nobles (Grolleau, Gamay, Colombard...), complètement étrangers à l'ancien encépagement traditionnel. On va donc se limiter aux cépages qui sont signalés dans la littérature viticole d'avant l'arrivée du phylloxéra dans la région, les cépages cultivés de Guérande à Sarzeau ne peuvent pas avoir été radicalement différents de ce que l'on trouvait dans le grand vignoble breton voisin.


Commençons par les cépages les plus importants, de loin, les blancs :


§ L'intendant de Bretagne disait en 1779 qu' « il n'y a que deux espèces de plans, le Muscadet et le Gros plan », mais il cite une zone limitée du Vignoble nantais (« Montrelais, Vallet, Mouzillon & Monnière »), d'autres cépages ont été cultivés ailleurs, notamment à Montrelais situé dans les Coteaux d'Ancenis à la limite Bretagne / Anjou, les renseignements que donne l'intendant sont donc partiels [10].


§ Jean-Baptiste Huet de Coëtlizan, secrétaire général du département de Loire-Inférieure sous le Directoire, ne donne lui, en 1803, que : « le pinaud et le muscadet » [11], là aussi c'est incomplet, il manque au moins un cépage important, bien connu de son temps.


§ Jean-François Le Masne, directeur de la bergerie impériale du château de Clermont (commune du Cellier, tentative ratée d'acclimatation du mouton Mérinos en Bretagne), écrivait en 1809 que les « vignes dans le département de la Loire-Inférieure sont composées de trois espèces de raisins blancs ; savoir, le muscadet, le gros plant, et le pineau. Le muscadet… fait le meilleur vin… sa qualité est préférable » [12] ; on a cette fois-ci les trois cépages principaux.


§ André Jullien écrivait en 1816 : « Chapitre VII – Bretagne. Cette province… compose les départemens de la Loire-Inférieure, du Morbihan, du Finistère, des Côtes-du-Nord et d’Ille-et-Vilaine. La totalité des terrains cultivés en vigne, dans la Bretagne, s’élève à 31,697 hectares… Le département de la Loire-Inférieure est le seul qui renferme des vignobles importans. Ceux du Morbihan et d’Ille-et-Vilaine n’en ont que très-peu, et les autres en sont privés… Département de la Loire-Inférieure, formé de la partie sud-est de la Bretagne… Trente mille huit cent six hectares de vignes cultivées… une partie de l’excédant, prise parmi les meilleurs vins blancs, est livrée à l’exportation ; le reste est converti en eaux-de-vie, dont ce pays fait un grand commerce… Les plants le plus généralement cultivés sont : le pineau, le muscadet et celui dit gros-plant. » [13].


§ Dans un rapport de 1827 sur la taille de la vigne publié dans le journal Le lycée armoricain, on peut lire : « Le département de la Loire-Inférieure est situé à l’extrémité de la zone occidentale de l’Europe, où la vigne peut-être cultivée… Nos cépages blanc sont le muscadet, nommé ailleurs bourguignon blanc, et les Rochelles verte et blonde que nous appelons gros plant. On y voit aussi quelques pineaux blancs… les trois premiers cépages forment les 99/100.mes de nos vignobles. » [14].

§ Dans le Cours complet d’agriculture, d’économie rurale et de médecine vétérinaire de 1839, on peut lire : « Vignobles de la Bretagne. Loire-Inférieure. Muscadet. Gros plant. Pineau. } Cépages blancs. Le muscadet est celui qui produit le plus. Les départements d’Ille-et-Vilaine et du Morbihan ont quelques vignobles, mais insignifiants » [15].

§ Julien-Alexandre Hardy, jardinier en chef du jardin du Luxembourg de 1817 à 1859, mentionne pour le département de la Loire-Inférieure (Atlantique) : le « Gros-plant vert », le « Muscadet blanc » et le « Pineau blanc » pour les cépages blancs [16].


§ En 1850, l'agronome Eugène Neveu-Derotrie écrit : « Le département de la Loire-Inférieure est le seul de la Bretagne où la culture de la vigne ait quelque importance… On rencontre quatre variétés principales de vignes… : Gros-Plant, vigne très-rustique donnant un vin rude, assez alcoolique, mais peu agréable ; Muscadet, plus sensible aux gelées, produisant moins que le Gros-Plant, mais plus agréable ; Pineau, spécialement cultivé dans l’est du département… [voir infra pour la quatrième variété, un cépage rouge] » [17].


§ En 1861, Amable Sibille, l'auteur des Usages locaux et règlements du département de la Loire-Inférieure, disait : « Le département de la Loire-Inférieure est l’une des plus considérables branches de la grande famille bretonne… Les raisins sont de trois espèces : le gros plant, le pineau et le muscadet, qui est de qualité supérieure. » [18].

§ Le chimiste Ambroise Andouard disait lui en 1888 : « Trois cépages... composent presque tout le vignoble de la Loire-Inférieure : le muscadet, le gros-plant, le Pineau. » [19].


§ Dans les rapports sur l'exposition universelle de Paris en 1889, on peut lire : « Bretagne. Des cinq départements bretons, la Loire-Inférieure est le seul qui possède un vignoble de quelque étendue. Plus de 33.000 hectares sont plantés de muscadet, de gros plant et de pineau dans les arrondissements de Nantes, d’Ancenis et de Savenay » [20].

Le Muscadet est présenté comme le meilleur d'entre les trois cépages blancs, une évidence par rapport au Gros-plant, le Pineau (Chenin) devait être récolté trop vert, en effet « la maturation de son raisin est trop tardive pour notre région ; il ne reçoit pas toujours la chaleur nécessaire pour communiquer à la vendange toute la qualité dont il est susceptible » [21]. On cultivait aussi le Malvoisie au XIXe siècle dans le Pays nantais et le Pays de Guérande, avant l'arrivée du phylloxéra, mais il a été introduit vers 1830 [22].


Aux trois cépages blancs traditionnels et anciens, on peut ajouter trois cépages rouges, beaucoup moins courants (les vignes rouges ont plus de mal à mûrir leur raisin dans les vignobles septentrionaux), mais anciens, puisqu'ils étaient présents dans la région avant l'arrivée de l'oïdium :


§ Julien-Alexandre Hardy, mentionne aussi le « Grifforin noir » [23]. « Grifforin » est l'un des nombreux synonymes du Côt / Malbec [24] ; un cépage bien implanté en amont de la Loire bretonne [25]. J.-A. Hardy mentionne aussi le « Pineau d'Aunis, rouge » [26].


§ Théodore Magouët cultivait (outre « l'Aunis blanc », cépage emblématique de la région, dont l'identification est l'objet de cet article) l'« Aunis noir », « en usage à Guérande » d'après le maire de la commune Jan Kerguistel [27], et qui correspond au Pineau d'Aunis signalé dans le département par J.-A. Hardy l'année précédente. Comme on va le voir, le seul cépage mentionné en presqu'île de Rhuys était l'« Aunis » (avec son synonyme : « Breton » du fait qu'il servait à produire l'ancien « Vin breton »), ce doit être le cépage qui donnait le vin « semblable au nantoys » (Comté nantais) que mentionne François-Nicolas Baudot, sieur du Buisson et d'Aubenay [28], qui précise qu'« en Ruy ils ont du petit vin, pour le pluspart blanc », ce qui signifie qu'il s'y faisait un peu de vin rouge, on pourrait émettre l'hypothèse probable que c'était avec le cépage rouge cultivé aussi dans la presqu'île voisine de Guérande, à savoir : « Aunis noir » (?).


§ E. Neveu-Derotrie ne mentionne pas le Pineau d'Aunis, ce qui montre qu'il n'avait pas vraiment une grande importance dans le département, mais uniquement le « Berligou, vigne donnant un vin rouge très-léger, ayant un goût particulier, assez agréable », quatrième cépage qu'il cite pour le département [29].


§ Le « Berligou » est une variété locale de Pinot noir présent en Bretagne depuis le Bas Moyen-âge [30]. Il était toujours cultivé avant les crises sanitaires sur les bords de Loire à l'ouest de Nantes, dans le journal nantais Le lycée armoricain on peut lire : « Nous avons, dans quelques communes, des cépages noirs… ceux de Saint-Herblain, de Couëron, de Saint-Etienne-de-Mont-Luc, proviennent du pineau de Bourgogne que le duc de Bretagne, François II, avait fait planter dans son fameux vignoble de Breligou » [31], la vigne était cultivée dans cette région depuis le haut Moyen-âge, longtemps avant l'implantation de ce cépage [32]. Le Berligou n'est pas signalé hors de cette région [33], mais on peut tout de même s'interroger sur la présence de ce Pinot ailleurs que dans le domaine des ducs à Couëron et à sa proximité immédiate. On serait tenté de croire Ambroise Andouard, chimiste et directeur de la Station agronomique de la Loire-Inférieure, sur une diffusion plus large dans le département, il a écrit : « Un muscadet à grains rouges, appelé Berligou, était autrefois assez répandu dans le département » [34]. Ce cépage aurait pu aussi être amené par les ducs jusque dans leur vignoble du château de Suscinio en Sarzeau (?).


Le Pineau d'Aunis (ou peut-être aussi le Pinot Berligou ?), a dû être le cépage du « petit vin clairet... produit des vignes qui appartenait jadis aux jacobins de Guérande » dont parle Auguste Grandpré dans sa Promenade au Croisic de 1828 [35].



Cet inventaire n'est pas forcément ce que l'on trouvait dans l'encépagement des siècles précédents, rien n'est immuable dans les vignes, d'autres cépages ont pu, et ont dû, être cultivés en Bretagne. On peut par exemple s'interroger sur l'ancienneté de la présence du cépage très précoce (renommé Magdeleine noire des Charentes) retrouvé récemment sur les bords de la Rance, ou sur les cépages cités dans un aveux de 1479, le seigneur de Campzillon avait le droit de garder quinze jours les tenanciers des vignes de Piriac, pour vendanger les vignes rouges, après le ban de la vendange du « blanc breton » [36], où le rouge demandait plus de temps pour mûrir correctement que le blanc d'après ce document.


Malgré Rabelais et sa formule bien connue : « ce bon vin breton, lequel poinct ne croist en Bretaigne, mais en ce bon pays de Verron » [37], on pourrait penser au Cabernet franc, dit encore « Breton » dans les pays de la Loire (synonyme local), comme à Chinon en Indre-et-Loire [38]. Et il y a d'autres synonymes troublants, le Cabernet franc est aussi nommé « Cabernet d'Aunis » à Montjean-sur-Loire dans le Maine-et-Loire (commune presque limitrophe de la Loire-Atlantique), et « Pineau d'Aunis » à Mareuil en Vendée [39], ce qui indique bien une origine méridionale, il est classé parmi les cépages du sud-ouest de l'Hexagone [40]. Son implantation dans les vignobles de Chinon / Bourgueil est précoce, au moins le XVIe siècle si l'on en croit Rabelais, et certainement bien avant au cours du Moyen-âge. L'hypothèse la plus vraisemblable du synonyme « Breton », est, qu'avant de trouver les terroirs où il réussi si bien (infiniment mieux que dans le Vignoble nantais), il a remonté la Loire à partir du port breton de Nantes ; s'il a bien emprunté les routes maritime et fluviale, il a pu aussi être cultivé un temps en Bretagne nantaise.



II – L'origine de ces cépages, remontons le temps.


Le vin, la viticulture et les cépages ont pu arriver en Bretagne par deux voies différentes :

par les routes maritimes (en remontant l'Atlantique) et par la route fluviale (en descendant la Loire). Pour chacune de ces voies on détaillera en premier les vins et les cépages principaux, qui portent d'ailleurs le même nom : Gros-plant et Muscadet, l'histoire de l'implantation de ces cépages peut aider à mieux comprendre l'implantation de l'Aunis.



a) Les cépages venus par la mer et leurs produits :


En Bretagne, on nomme « Gros-plant » en patois gallo [41] le cépage nommé officiellement « Folle blanche » en français, qui est aussi nommée « Blancheton » [42] dans les pays de Loire. C’est un cépage rustique et d’abondance, bien moins distingué que le Muscadet.


Les commentaires ne sont pas très flatteurs : « les gros-plants de la Bretagne ne valent pas un pichet de son meilleur cidre » [43] ; on peut lire sous la plume du chimiste nantais Ambroise Andouard, directeur de la Station agronomique de la Loire-Inférieure (-Atlantique) : « Le gros-plant est plus difficile à défendre... Son vin est très acide et à peu près dépourvu de bouquet ; le gourmet s’en écarte avec soin », car « Il est généralement rude à la bouche, très aigre et presque sans arome. Ce n’est pas un vin de table », et « il ne flatte guère que le palais du cultivateur » [44] ; en 1922 dans le journal Le Guérandais on peut lire sous la plume de l'historien Henri Quilgars que dans le « Pays de Guérande… on cultiva le gros plant ou plant nantais qui donnait un vin généralement peu apprécié » [45].


Il est arrivé des Charentes par voie maritime le long du littoral atlantique au XVIIe siècle pour produire de l’eau-de-vie, c’est sa vocation première, et son vin est souvent qualifié de « vin de chaudière ». Voilà ce qu'on en disait dans son terroir d'origine : « Folle. - C'est le cépage le plus commun et le plus répandu de la Charente. Il est fertile, vigoureux, très-rustique, s'accommode de tous les terrains et de toutes les tailles, et résiste parfaitement à l'oïdium... C'est à cette végétation exubérante, désordonnée, qu'est dû probablement son nom de Folle... C'est le cépage d'abondance de la contrée... Sa souche est, en effet, difficile à élever à cause de la disposition des bourgeons à pousser dès la base, ras le sol... Les grains sont arrondis, très-serrés les uns contre les autres, de grosseur moyenne et pourvus d'une pellicule épaisse qui pourrit facilement. Leur saveur manque de délicatesse et de parfum... Le vin qu'ils produisent est de qualité médiocre... C'est de lui qu'on tire les eaux-de-vie les plus justement célèbres. » [46].


C'est la raison du succès de son implantation en Bretagne. Une réponse adressée à l’intendant de Bretagne en 1779 explique ce qu’on en pensait à cette époque : « les vins de gros plans ne se conservent pas plus d’un an ou deux, sont très mauvais au goust… mais tres propres a bruler » [47].


Dans les derniers temps de sa production dans le Pays de Retz, on connaissait cette eau-de-vie sous le nom de « Fine Bretagne » [48]. C’est sous l’influence des Hollandais [49], qui dominaient au XVIIe siècle le commerce maritime, que le vignoble de Nantes s’oriente vers la production de vins blancs sec qui plaisent aux consommateurs du nord et d’eau-de-vie [50]. Jean Eon écrivait en 1646 au sujet de l’influence des Hollandais sur la viticulture bretonne : « ils ont mis de hauts prix à nos danrées, dont ils avoient plus de befoin, comme vins, vinaigres, eaux de vie : & les Nantois allechez par les gros profits qu’ils faifoient… ont plãté tout leur meilleur terroir en vignobles » [51]. Les vignerons nantais s'adaptent à la demande commerciale et s'oriente vers des cépages plus productifs. Le vignoble est alors profondément bouleversé [52], la réorganisation de l’encépagement ne se fait pas en faveur de variétés nobles [53] mais plutôt en faveur de cépages plus productifs.


Vieille affiche publicitaire.


Le vinaigre a été un autre débouché important pour Gros-plant, en effet, « la folle verte connue dans le pays sous le nom de gros-plant » était « le plus généralement... utilisé pour la fabrication du vinaigre » [54] ; « le commerce le plus important... des communes riveraines de la Loire est celui du vin » et « à ce commerce se joint aussi celui de la fabrication et de la vente du vinaigre » puisque « la vigne dite gros plant… est destinée à la fabrication du vinaigre » [55]. Joseph Maujoüan du Gasset, maire de Gorges (près de Clisson) et député de Loire-Atlantique, disait dans son livre du « cépage d’abondance des Nantais » : « Autrefois il était célèbre pour les vinaigres que l’on faisait avec lui. » [56]


La Bretagne étant un pays maritime [57], située au centre de l’Europe atlantique, c’est essentiellement par voie maritime qu’elle était en contact avec l’extérieur, et vers le sud évidemment pour ce qui concerne l’important commerce du vin [58]. D’autres cépages ont pu arriver par mer en Bretagne à partir du sud-ouest de la France, comme le Côt (Malbec) nommé « Grifforin (noir) » en Loire-Atlantique au XIXe siècle [59] (aucun renseignement sur son vin), ainsi qu’en Charente-Maritime [60], alors qu’on le nommait « Cot, Cos, Cors, Cahors... » dans les pays de Loire (notamment en Indre-et-Loire et Loir-et-Cher) [61]. Il y a aussi la très précoce [62] Magdeleine noire des Charentes, retrouvée en 1996 en Bretagne septentrionale sur les bords de la Rance [63], dans un site où il y avait eu de la vigne autrefois (aucun renseignement sur un éventuel vin), puis plus tard en Charentes dans des treilles ; la génétique a montré [64] qu’elle était l’un des parents du Côt, et d’autres cépages comme le Merlot, l’Abouriou, et d’autres cépages secondaires de Gascogne.


Grappe de Magdeleine [65].



b) Les cépages venus par la Loire et leurs vins :


Le Melon, lui, est venu de Bourgogne, il a pu descendre la vallée de la Loire [66] à partir du sud-est de l’État Bourguignon où la Loire passe [67], sa présence y est encore attestée par le synonyme utilisé autrefois pour le nommer en Saône-et-Loire : le « Gamay blanc » [68]. Il a pu aussi rejoindre l’Orléanais où il est nommé « Pétouin » [69], en passant par le Nivervais [70], les vignobles de la Basse-Bourgogne à l’Orléanais formaient au Moyen-âge un « ensemble viticole ininterrompu et aux échanges permanents » [71]. S’il n’est presque plus présent dans sa région d’origine, c’est peut-être parce qu’il a eu le destin des Gamays en Bourgogne ; en effet, par son ordonnance de 1395, Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, a voulu privilégier la qualité des vins au détriment de la quantité en obligeant l’arrachage du « très-mauvais et très-desloyaul plant, nommez gaamez » [72], une politique poursuivie par ses successeurs [73].


Le nom de sa province d’origine se retrouve en aval de la Loire bretonne, en Anjou, où il est nommé « Petite Bourgogne » et « Bourguignon blanc » [74], un nom qu'il porte aussi en Bretagne au XVIe siècle (1580) jusque dans le Pays de Guérande à Camoël (anciennement dans le comté et l'évêché de Nantes).


Il est aussi nommé « Muscadet » [75] dans un registre de la ville d’Angers datant de 1509 [76]. Ce n’est ni en Bourgogne, ni dans les pays de Loire, que le Muscadet a trouvé le terroir qui lui convenait et où il s’exprime le mieux, mais en Bretagne nantaise. Il portait aussi ce nom dans le parler gallo-roman de Haute-Bretagne [77] d’après un autre document de 1509 où un marchand angevin demande qu’on lui permette de vendre du « vin d’estrange pays c’est à savoir vin de Saincte et de muscadet » [78], c’est-à-dire du vin ayant transité par le port de Nantes, l’« estrange pays » étant le Duché de Bretagne [79]. Dans son journal, l’Angevin Jehan Louvet atteste aussi en 1615 de la présence « au pays Nantois » d’une « grande quantité de vins ès-vignes appelées Bourgongne » [80]. La première mention bretonne du synonyme « Muscadet » n'est pas nantaise mais vannetaise, on la trouve dans les documents concernant Pierre de Francheville en presqu'île de Rhuys. Pierre de Francheville est arrivé en Bretagne en qualité d'officier de la cour d'Isabeau, fille du roi d'Ecosse, et femme du duc de Bretagne, François Ier ; il a épousé la fille du seigneur de Trélan, capitaine du château de Suscinio [81]. Dans sa thèse, Jean Kerhervé mentionne les trafics auxquels se livrait P. de Francheville dont le trafic de vin, et notamment de Muscadet [82]. La première mention nantaise du Muscadet date de 1616, on la trouve dans un contrat de bail à complant [83] où le preneur doit planter du « bon plant de muscadet » [84]. Une deuxième suit dans un bail de 1635 où il est question que le preneur plante « en bonne plante de vigne blanche de muscadet » [85].


On note que le Muscadet était considéré à l’époque comme un « bon » cépage, ce qu’il est. Il est donc certain que du vin de Muscadet était produit en Bretagne au moins à partir XVIe siècle et probablement auparavant, et qu’il a dû s’imposer dans le Vignoble Nantais au siècle suivant grâce l’influence de la demande hollandaise. On prétend que ce cépage aurait mieux résisté que les autres aux gelées dévastatrices du « grand hiver » de 1709 [86] ce qui l’aurait favorisé définitivement dans la reconstitution du vignoble [87], mais comme on l'a vu ci-dessus, le Muscadet était déjà bien implanté en Bretagne nantaise au siècle précédent, cet hiver catastrophique n'a donc fait - probablement - que confirmer l'évolution en cours de l'encépagement local.


En 1827, le « département de la Loire-Inférieure, partie de la Bretagne, cultive 28.643 hectares de vignes… Nous avons lieu de croire que le commerce fait sortir du département environ 340.000 hectolitres, dont la plus grande partie se répand dans tout le reste de la Bretagne. » [88]. La consommation locale a donc d’abord été le principal débouché des vins nantais [89], il était le vin convivial et populaire du petit peuple des villes [90] et des ports bretons, le vin du marin-pêcheur étant aussi un vin d’ouvrier [91]. Avec le développement économique et l'industrialisation au XIXe siècle, la consommation des vins blancs nantais par les classes populaires bretonnes prend le relais du grand commerce. Le Muscadet est aussi le vin de la diaspora bretonne, les Bretons de Paris en ont été de véritables ‘propagandistes’ [92] ; et après 1936, le tourisme populaire contribue aussi à en faire un vin de comptoir rafraîchissant [93].


Pour défendre la qualité de leurs vins, les producteurs de Muscadet obtiennent l’A.O.C. dès 1936 [94], avec les appellations « Muscadet de Sèvre et Maine » et « Muscadet des Coteaux de la Loire », puis « Muscadet » (sans dénomination locale) en 1937 [95]. Il s’agit bien d’un tournant dans une démarche de progrès, mais cela a eu pour conséquence malheureuse le déclin de la vigne au nord de la Loire (hors A.O.C.) [96].


« Jean Moreau déchausse sa vigne », Savenay, mars 1990 [97].


Le Muscadet a fait du Vignoble Nantais le plus grand vignoble monocépage blanc sec d’Europe. La recherche de la qualité se poursuit avec le développement du « Muscadet sur lie ». L'élevage « sur lie » est une méthode de vinification et un savoir-faire traditionnel : après la fermentation alcoolique, les levures et les composés organiques se déposent au fond de la barrique, ce dépôt se nomme la « lie », tout au long de l’hiver avec les changements de temps et de pression atmosphérique la lie va troubler le vin et le nourrir pour enfin s’éclaircir. On trouve une vieille mention, fin XVIIIe siècle, de « vin de Guérande, sur lie » [98], vendu un peu moins cher que le vin soutiré du fait de la part de lie dans le vin et des frais du soutirage (pour le transport du vin) [99]. La mention « sur lie » (décret de 1977 [100]) correspond à la pratique de certains vignerons de garder la meilleure barrique pour les grandes occasions, le vin n’était pas soutirer et restait sur ses lies fines durant l’hiver, l’élevage sur lie [101] confère au Muscadet une fraîcheur et un perlant caractéristique qui a fait son succès. Le Muscadet sur lie se vendait déjà plus cher à la fin du XIXe siècle : « A Nantes (Loire-Inférieure), on cote : Muscadet 1er choix sur lie, 65 fr. ; les crus secondaires, 60 à 62 fr. » [102]. Le Muscadet sur lie est évidemment l’un des produits phares de la gastronomie bretonne [103], lié aux produits de la mer d’un pays de tradition maritime.


Après l’âge d’or des années 1980 [104], le Muscadet traverse une crise profonde [105] car les grands rendements ont poussé la qualité vers le bas. Le Muscadet souffre alors d’une mauvaise communication [106] avec deux handicaps importants : son image de vin d’entrée de gamme (petits prix) et de moindre qualité, et son identité historique et traditionnelle [107] dissoute et complètement gommée dans celle bien différente du Val de Loire (la ligne de fortification des Marches, comme Clisson, défendait la Bretagne à l'époque du duché et la séparait pourtant des pays de la Loire ; de même, la frontière douanière et fiscale entre la province de Bretagne, province d'État réputée étrangère, et les provinces du Val de Loire a joué un rôle très important dans l'histoire viticole de la Bretagne nantaise comme de l'Anjou-Touraine jusqu'à la Révolution [108]). Les lobbies jacobins de la région administrative dite des « pays de la Loire » (un découpage absurde [109], imposé d'en haut par des technocrates contre l'avis de la population et sans consultation démocratique) et de l'organisme viticole du Val de Loire œuvrent conjointement à l'effacement de l'identité bretonne du Vignoble nantais, qui n'est plus identifiable par le consommateur dans cet immense Val de Loire.


Mais grâce à une nouvelle génération de vignerons ambitieux et talentueux, le vignoble relève la tête et connaît un renouveau remarquable, notamment avec les crus communaux [110], des vins de garde surprenants et complexes qui se hissent au rang des grands vins. On savait depuis longtemps que le Muscadet est « d’une saveur très agréable lorsqu’il a vieilli », les vignerons ne croyaient pas autrefois qu’il pouvait être « conservé plus de trois ou quatre ans en barrique, tandis qu’on pouvait garder les bons crûs indéfiniment en bouteilles » [111]. C'est précisément ce que signale l'intendant de Bretagne - il est le premier à mentionner un Muscadet de garde - dans la réponse qu'il adresse à M. Aular de la société royale d'agriculture de Lyon en 1779, il écrit : « Les vins de Muscadet des bons crus peuvent se conserver trois à quatre ans en futaille, et tant qu'on veut en bouteille » [112]. « Le muscadet qui est léger, un peu musqué, est d'une saveur très agréable lorsqu'il a vieilli » disait encore le chimiste nantais Ambroise Andouard en 1888 dans une importante étude sur l'agriculture du département [113].


Cette reprise d’une tradition de Muscadet de garde change progressivement l’image du vin.


On note aussi une réflexion intéressante sur le terroir et sur la stratégie marketing [115], avec une réappropriation de l’identité océanique [116] et armoricaine [117] du Muscadet, une identité bretonne affirmée dans le groupement des « Vignerons-Artisans de Bretagne » [118], ainsi que dans le « Comité des Vins Bretons » [119]. C'était d'ailleurs l'identité affichée partout avant la création de la région administrative dite des « Pays de la Loire », un absurdité administrative tout droit sorti de l'esprit jacobin de technocrates hors sol, imposée contre la volonté de la population concernée et sans consultation démocratique, une « région » qui pratique une intense propagande depuis la loi de décentralisation de 1982 (au frais du contribuable...), en surfant sur le révisionnisme et en œuvrant pour effacer toute trace de la culture traditionnelle de la Loire-Atlantique et faire oublier son histoire. Ainsi, jusqu'à l'expiration en 1982 de la « Charte culturelle de Bretagne » signée cinq ans plus tôt par le président français Valéry Giscard d'Estaing, il n'y avait pas encore de remise en cause de l'intégrité territoriale de la Bretagne dans le domaine culturelle, et donc gastronomique, et à cette époque encore tout le monde pouvait dire : « le muscadet est, en vérité, le seul vin breton ! » [120], dans le Vignoble nantais, dans le reste de la Bretagne, et au-delà. En 1962, avant que les régions administratives deviennent concrètes pour la population, c'est-à-dire que les pressions institutionnelles se mettent en place, Geoffroy de Couesbouc, président de la fédération des syndicats viticoles de la Loire-Inférieure et conseiller général du département, pouvait dire : « nos vins du Pays nantais sont tout de même bretons - ce sont d'ailleurs les seuls de cette province » [121].



Cette appartenance pouvait être symbolisée sur l'étiquette par l'hermine des ducs de Bretagne (l'hermine est l'un des deux symboles bretons avec le triskell). Mais la belle bouteille nantaise herminée, créée en 1968 pour promouvoir « l'élite » des muscadets mais aussi pour les distinguer des autres vins blancs [122], a perdu ses six hermines qui apparaissaient en relief...

Le département de la Loire-Atlantique est pourtant le département breton où l'on trouve le plus de communes ayant l'hermine sur leur blason [123], presque la moitié, loin devant l'Ille-et-Vilaine où seulement 13 % des blasons de commune portent des hermines. C'est assez logique puisque l'hermine apparait d'abord sur le blason des ducs de Bretagne, qui ont choisi Nantes comme capitale de leur duché et où ils ont construit leur château.


La remise en cause du productivisme remet le terroir à l’ordre du jour [124], et le terroir est un tout qui ne se réduit pas à la géologie [125] et au climat ; bien que - en faisant abstraction de l'histoire et de la culture - la géologie (Massif armoricain) et le climat (océanique franc dit « climat breton ») ancre à eux seuls le Vignoble nantais en Bretagne. L'identité historique du terroir permettrait en effet de mieux identifier les vins de Nantes dans l’immense marché des vins, et de démarquer nos vins bretons des nombreux et excellents vins de Loire. Cette identité s'affirme dans le nouveau et beau drapeau du Vignoble nantais :

Drapeau herminé du Vignoble Nantais.


Grâce à la libéralisation des droits de plantation de la vigne en Europe depuis le 01 janvier 2016, la Bretagne est réunifiée du point de vue viticole [126]. Cela va permettre le retour de la vigne jusqu'à la limite climatique traditionnelle, et même un peu au-delà avec des cépages précoces, voire plus au nord du fait du réchauffement climatique (mais est-ce souhaitable ?), et cela ouvre aussi la porte au projet IGP Bretagne des vignerons nantais.


La Bourgogne a fourni plus tard d’autres cépages à la Bretagne, comme le délicieux Malvoisie (Pinot gris) [127] des Coteaux d’Ancenis (nommé « Muscade » dans le Loiret [128], ou « Fromenteau » dans d’autres partie des pays de Loire [129]), un cépage très utilisé dans les vignobles septentrionaux au Moyen-Âge [130] ; « Le meilleur complant de la vigne blanche eft le frumenteau » disaient Charles Estienne et Jean Liebault en 1583 [131]. Le Malvoisie a été cultivé à Guérande, il a été naturalisé au XIXe siècle sur le coteau par Théodore Magouet lors de la création de son vignoble du Griguény (avec le Muscadet), dans les années qui ont précédé la publication de son Traité de la vigne de 1849 [132] ; on ne sait pas d'où viennent les premiers plants [133]. Et dans les cépages rouges, il y a le Gamay [134], frère du Muscadet, et le confidentiel Berligou redécouvert récemment [135].


Le Berligou au Château de Blain [136].


Le Berligou est une variété de Pinot noir (nommé aussi « Noirien [137] » en Bourgogne), mais une différence génétique en fait un cépage distinct [138] et breton [139], et son vin – excellent – est promis à un bel avenir. D’après la légende, il aurait été offert au duc de Bretagne François II (1435 à Clisson / 1488 à Couëron) par Charles Le Téméraire duc de Bourgogne [140], et cultivé dès le XVe siècle dans son domaine du Berligou, hameau de la commune de Couëron près de Nantes, d’où le nom conservé par le cépage [141]. Problème : il n’existe aucune trace de ce don. Joseph de Camiran, qui a écrit le premier livre sur le Vignoble Nantais [142], disait lui en 1935 [143] que le Berligou aurait été introduit par le duc Jean V de Bretagne (1389-1442). C’est possible, puisque Philippe le Hardi a été le tuteur du jeune Jean V et qu’il est venu en Bretagne [144], mais toujours pas de preuve historique ; il n’est pas du tout évident que ce cépage ait été implanté en Bretagne « en raison de relations privilégiées entre chefs d’États » [145]. Toujours est-il que le cépage a bien été cultivé anciennement au lieu-dit Berligou. Il pourrait être le cépage du « clairet nantoys » servi lors des festivités de l'entrée à Nantes de la duchesse Anne de Bretagne en 1505 [146].

Il pourrait aussi avoir été cultivé ailleurs qu'à Couëron, d'après Ambroise Andouard, directeur de la Station agronomique de la Loire-Inférieure, « un muscadet à grains rouges, appelé Berligou, était autrefois assez répandu dans le département » [147]. On voit dans la légende une volonté – sympathique – de faire un petit parallèle avec l’action des ducs de Bourgogne en faveur du Pinot noir. Lui aussi a dû arriver en Bretagne au bas Moyen-Âge en passant la douane d’Ingrandes sur la Loire qui marquait à cette époque la frontière entre la Bretagne et la France [148]. La Loire a été de tout temps un axe commercial important, la facilité du transport fluvial favorisant les échanges depuis Nantes, porte de l’Atlantique, jusqu’à la Bourgogne [149]. La capitale de Bretagne avait aussi des relations commerciales avec Orléans [150], notamment pour le commerce du sel [151] de Guérande et de la Baie de Bretagne [152], et une circulation active de bateaux animait le cours du fleuve entre la mer et Orléans [153]. Le Pinot noir était connu sous le nom d’« Auvernat » dans l’Orléanais dès le XIIIe siècle [154], ce nom a dû suivre la vigne jusque dans le Maine-et-Loire [155]. Le Pinot noir, cépage précoce et résistant bien au froids hivernaux, a été diffusé largement dans les vignobles septentrionaux, comme en Champagne [156], et en Île-de-France [157] sous le nom de « Morillon » [158], rien d’étonnant à ce qu’il ait été diffusé ailleurs en limite climatique de la culture de la vigne. La région de Couëron n'a pas été touchée par l'évolution générale du Vignoble nantais vers la production de vins blancs secs pour les marchés du nord de l'Europe aux XVIIe et XVIIIe siècle, probablement parce qu'il y avait un petit marché local pour un vin « Clairet » dans la ville de Nantes. Le Berligou est donc bien adapté au climat breton, il est signalé en presqu’île guérandaise par Fernand Guériff [159].


Grandes Heures d’Anne de Bretagne [160].

Du Berligou ?


Autre cépage à l'origine discutée :


Dans les cépages blancs, encore très majoritaires en Bretagne, il faut aussi citer le Chenin, cultivé dans les Coteaux d’Ancenis. Avec le Gros-plant et le Muscadet, il fait partie des trois cépages cultivés en Loire-Atlantique au XIXe siècle d’après le premier inventaire des cépages par département [161]. La production de vins blancs s’inscrit dans une pratique traditionnelle qui date du Moyen-Âge, le choix des cépages pose des problèmes d’adaptation au climat dans les vignobles septentrionaux, les anciens avaient trouvé une solution en se tournant vers la production de vins blancs [162]. Le Chenin serait originaire des pays de Loire [163] (Anjou / Touraine), mais tout comme le Pinot, cépage emblématique de la Bourgogne, rien n’indique qu’il y soit né [164]. L'ampélographe Guy Savignac le classe lui, avec le Pineau d'Aunis, dans une « sous-famille des Folloïdes » (groupe de cépages réunis par plusieurs caractères communs), et pense qu'il est « originaire du Sud-Ouest » [165] de l'Hexagone.


Cépage Chenin [166].



L’encépagement du premier vignoble commercial :


La période cruciale dans le développement des vignobles commerciaux au Moyen-Âge s’étend du XIe au XIIIe siècle, mais le vignoble breton connaît lui un essor lent et tardif [167]. Il faut attendre le XIVe, voire le XVe siècle, pour qu’un vignoble commercial naisse [168]. Le bail à complant semble avoir été le procédé le plus employé pour assurer le développement du vignoble [169], à partir de cette époque et surtout au XVIe siècle [170]. Comme ailleurs, ce n’est qu’au Moyen-Âge final que nous commençons à avoir des renseignements sur la nature des vins et des cépages [171]. À part le Berligou des ducs de Bretagne, et probablement le Muscadet, on ne dispose pas de beaucoup d’informations sur les vins produits avant l’Époque moderne. Le patrimoine viticole breton a certainement connu de nombreuses évolutions dans son encépagement avant que le Gros-plant et le Muscadet ne deviennent les cépages majoritaires dans notre vignoble.


On peut s’interroger sur les variétés de vigne qui ont précédées ces cépages au bas Moyen-âge. Nous avions, de la presqu’île de Guérande à la presqu’île de Rhuys, un vieux cépage nommé l’« Aunis » [172], dont le nom rappelle l’ancienne province de La Rochelle, il se pourrait bien qu’il ait été cultivé à plus grande échelle dans tout le sud de la Bretagne. Et il est probable que – faute de cépages autochtones intéressants – l’introduction de vignes cultivées par l’amont et par l’aval de la Loire soit « un fait antique, contemporain de la création du vignoble » [173].


À suivre…


Christophe M. JOSSO

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______________________________________ Notes :

[1] Ne partageant pas l’enthousiasme de ceux qui se réjouissent du réchauffement climatique pour pouvoir « enfin » planter de la vigne jusqu’au nord de la Bretagne (et au-delà), je n’aborderai pas ce sujet (qui ne concerne pas l’histoire de Bretagne). Le réchauffement climatique va être une catastrophe économique pour de nombreux vignobles en Europe, et une catastrophe humanitaire pour de nombreux pays dans le monde…

[2] GUYOT Jules, Étude des vignobles de France : pour servir à l'enseignement mutuel de la viticulture et de la vinification françaises. Régions du Centre-Nord, du Nord et du Nord-Ouest, éd. Victor Masson et fils, 1868 ; page 575.


[3] Extraits du Journal de Vannes : « dans la presqu’île de Rhuys on ne cultive pas seulement le cépage dit, gros plant, mais aussi le muscadet » et « non content de produire de bon muscadet, Sarzeau aspire à mieux encore » (« Le vin de Sarzeau », signé ‘Bohalgo’, in Journal de Vannes du samedi 8 juin 1867 ; page 2) ; « le muscadet n’y occupe que peu d’étendue. C’est surtout à l’abondance de la production que vise M. de Lamarzelle. » (« M. de Lamarzelle, propriétaire à Keralier, commune de Sarzeau, presqu’île de St-Gildas-de-Rhuys. », in Journal de Vannes du samedi 5 juin 1875 ; page 2)

[4] GUYOT J., ibid ; page 569.

[5] BURON Gildas, Bretagne des Marais Salants – 2000 ans d’histoire, éd. Skol Vreizh, 1999 ; carte page 17.

[6] Il existe évidement des cépages rouges comme le Gamais, le Grolleau, le Cabernet, le Côt…. Des particuliers ont pu cultiver aussi d’autres cépages pour eux-mêmes.

[7] SCHIRMER Raphaël, Muscadet – Histoire et Géographie du vignoble nantais, éd. Presses Universitaires de Bordeaux, 2010 ; page 164.


[8] Je ne suis pas de l'avis de Guy Saindrenan sur ce point (SAINDRENAN Guy, Le renouveau de la vigne et du vin en Bretagne, éd. Locus Solus, 2022 ; page 9).

[9] MALTE-BRUN Victor-Adolphe, extrait de La France vinicole. Nouvelle carte de la distribution topographique des vignobles sur le sol français, éd. Librairie de l'Echo de la Sorbonne, 1874. Légende et ligne verte ajoutée.


[10] Réponse de l'intendant de Bretagne à M. Aular de la Société royale d'agriculture de Lyon, 1779, in SAINDRENAN Guy, La vigne & le vin en Bretagne, 2011 ; donné en annexe 13, page 503.


[11] HUET DE COËTLIZAN Jean-Baptiste, Recherches économiques et statistiques sur le département de la Loire-Inférieure : annuaire de l'an XI, éd. Mme Malassis, an XII – 1803-1804 ; page 68.


[12] LEMASNE Jean-François, « Note sur les vignes, les vendanges et le vin dans le département de la Loire-Inférieure en 1809 », in Annales de l’agriculture françoise, Tome XLII, éd. Huzard, 1810 ; page 217.


[13] JULLIEN André, Topographie de tous les vignobles connus, éd. Mme Huzard, 1816 ; pages 62-64.


[14] « Rapport sur l’époque la plus favorable pour la taille de la vigne dans le département de la Loire-Inférieure », in Le lycée armoricain, impr. de Mellinet-Malassis, 1827 ; page 30-31.


[15] Cours complet d’agriculture, d’économie rurale et de médecine vétérinaire, Tome XVII bis VAC-ZIZ, 1839 ; page 535.


[16] HARDY Julien-Alexandre, Catalogue de l'école des vignes de la pépinière du Luxembourg – 1er février 1848 ; page 43.


[17] NEVEU-DEROTRIE Eugène, « Mémoire sur l’agriculture en Bretagne », in Mémoires et procès-verbaux du Congrès scientifique de France, éd. Derache, 1850 ; Vol. I, page 163.


[18] SIBILLE Amable, Usages locaux et règlements du département de la Loire-Inférieure, éd. Erneste Merson, 1861 ; pages 15 et 120.


[19] ANDOUARD Ambroise, « Les Progrès de l'agriculture dans la Loire-Inférieure depuis un siècle », in Annales de la Société académique de Nantes et du département de la Loire-Inférieure, éd. Vve Camille Mellinet, 1888 ; page 145.


[20] Exposition universelle internationale de 1889 à Paris – Rapports du jury international, publié sous la direction de Alfred Picard, Groupe VII – Produits alimentaires (2e partie), Impr. Nationale, 1892 ; page 16.


[21] ANDOUARD Ambroise, « Les Progrès de l'agriculture dans la Loire-Inférieure depuis un siècle », in Annales de la Société académique de Nantes et du département de la Loire-Inférieure, éd. Vve Camille Mellinet, 1888 ; page 146.


[22] NEVEU-DEROTRIE Eugène, « Rapport trimestriel des travaux de la section d’agriculture », in Annales de la Société royale académique de Nantes et du département de la Loire-Inférieure, éd. Camille Mellinet, 1838 ; page 140. Le Pinot gris, dit « Malvoisie » (pas uniquement dans les Coteaux d'Ancenis), a été introduit en Loire-Atlantique vers 1830 par le botaniste Jean Alexandre Hectot, premier directeur du jardin des plantes de Nantes, c'est Théodore Magouët qui l'a introduit à Guérande (Th. Magouët a vécu longtemps en Suisse où le Pinot gris est aussi nommé « Malvoisie », je n'ai pas trouvé de liens).


[23] HARDY Julien-Alexandre, Catalogue de l'école des vignes de la pépinière du Luxembourg – 1er février 1848 ; page 43.


[24] GALET Pierre, Cépages et Vignobles de France - L'ampélographie française, impr. Charles Déhan, 1990 ; Tome II, page 104.


[25] GALINIÉ Henri. « Les noms Samoireau et Côt dans les vignobles du Val de Loire (16e-19e s.) », in Recherches sur l’histoire des cépages de Loire, 4. 2016. ffhalshs-01362338f.


[26] HARDY Julien-Alexandre, Catalogue de l'école des vignes de la pépinière du Luxembourg – 1er février 1848 ; page 43.


[27] MAGOUËT Théodore, Traité de la vigne, éd. à Guérande par l'auteur, 1849 ; en annexe, page 286.


[28] DUBUISSON-AUBENAY, Itinéraire de Bretagne en 1636, éd. à Nantes par le Société des Bibliophiles Bretons, 1902 ; Tome II, page 245).


[29] NEVEU-DEROTRIE Eugène, « Mémoire sur l’agriculture en Bretagne », in Mémoires et procès-verbaux du Congrès scientifique de France, éd. Derache, 1850 ; Vol. I, page 163.


[30] POULARD Alain et JUSSIAUME Marcel, Berligou - Le vin des ducs de Bretagne, éd. Le Temps, 2022.


[31] « Rapport sur l’époque la plus favorable pour la taille de la vigne dans le département de la Loire-Inférieure », in Le lycée armoricain, impr. de Mellinet-Malassis, 1827 ; page 30-31.


[32] La vigne est attestée à Couëron par une charte de 849 du Cartulaire de l'abbaye Saint-Sauveur de Redon (charte LIX, Fol. 63r), on peut y lire : « et est res supradicta in pago Namnetico, in condita Coironinse, cum domibus et aedificiis suis, cum vineis et terris, cum pratis et silvis, cum pascuis et adjacentiis suis » (et le bien nommé ci-dessus se trouve dans le Pays nantais, dans le territoire de Coiron, avec ses maisons et ses bâtiments, avec ses vignes et ses terres, avec ses prés et ses bois, avec ses pâturages et ses alentours).


[33] Pas de trace du Berligou dans : AMAURY Auguste / Dr. Auguste-Amaury Gellusseau, Itinéraire de Nantes à Saint-Nazaire, éd. Hachette, 1858.


[34] ANDOUARD Ambroise, « Les progrès de l’agriculture dans la Loire-Inférieure, depuis un siècle », in Annales de la Société académique de Nantes et du département de la Loire-Inférieure, éd. L. Mellinet et Cie., 1889 ; page 145.


[35] GRANDPRÉ Gustave, pseudonyme de Auguste Lorieux, rééd. in Le nouvel anacharsis français, ou Promenade dans diverses contrées de la France, éd. Moreau jeune, 1836 ; Tome II, page 13.


[36] A.D.L.-A., B 1472.


[37] RABELAIS François, Gargantua, éd. Juste, 1535, vue 49 (le pays de Véron étant situé entre Chinon et Bourgueil à la confluence de la Loire et de la Vienne).


[38] GALET Pierre, Cépages et Vignobles de France - L'ampélographie française, impr. Charles Déhan, 1990 ; Tome II, page 66.


[39] GALET P., ibid.


[40] LAVIGNAC Guy, Cépages du Sud-Ouest - 2000 ans d'histoire / Mémoires d'un ampélographe, éd. du Rouergue / INRA Éditions, 2001 ; pages 147-148.

[41] Parler gallo-roman d’oïl de la Haute-Bretagne (moitié orientale de la Bretagne).

[42] GALINIÉ Henri, « Les cépages du département de Loir-et-Cher en 1804 », in Recherches sur l’histoire des cépages de Loire, 5. 2017. https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01427299.


[43] PORTES Ludovic et RUYSSEN F., Traité de la vigne et de ses produits, éd. Octave Doin, 1888 ; Tome II, page 409.


[44] ANDOUARD Ambroise, « Les vins de la Loire-Atlantique », in Annales de la Société académique de Nantes et du département de la Loire-Inférieure, éd. Vve Camille Mellinet, premier semestre 1891 ; pages 207 / 228.


[45] Journal Le Guérandais du samedi 26 août 1922, n° 1.620 ; page 1.


[46] CHAPELLE Antoine, Étude sur la viticulture et la vinification dans le département de la Charente, impr. Jouaust, 1866 ; page 27-28).

[47] RÉSEAU Pierre, Dictionnaire des noms de cépages de France, éd. CNRS, coll. « Biblis », 2014 ; page 183. A.D. d'Ille-et-Vilaine, ms. C 1601.

[48] La « Fine Bretagne » - l’authentique - était une eau-de-vie produite dans le Pays de Retz par distillation de vins nantais issus du cépage Gros-plant, « fine » désigne une eau-de-vie de qualité supérieure. Ce nom traditionnel a été détourné au profit d’une A.O.C. eau-de-vie de cidre, empêchant de fait le réemploi du nom dans le Vignoble Nantais, d’autant plus que la plus grande partie de la Loire-Atlantique est exclus de l’aire géographique définie dans le cahier des charges.

[49] DION Roger, Histoire de la vigne et du vin des origines au XIXe siècle, 1959, rééd. Flammarion, 1977 ; pages 423-460.

[50] LACHIVER Marcel, Vins, vignes et vignerons, éd. Fayard, 1988 ; page 253, 261, 265.

[51] EON Jean (carme sous le nom : Mathias de Saint-Jean), Le commerce honorable ov considerations politiqves… Compofé par un Habitant de la ville de Nantes, éd. Gvillavme Le Monnier, 1646 ; page 88.

[52] SCHIRMER Raphaël, Muscadet – Histoire et Géographie du vignoble nantais, éd. Presses Universitaires de Bordeaux, 2010 ; page 77.

[53] SCHIRMER R., ibid ; page 81. De même, le vignoble de l’Aunis (province de La Rochelle) se détourne des cépages nobles pour des cépages plus communs susceptibles de fournir du vin en abondance pour la distillation (LACHIVER M., ibid ; page 265).


[54] JOUBERT P. Ch., « Les cépages cultivés dans les vignobles français d’après l’enquête agricole de 1866 », in Journal de viticulture pratique, éd. au bureau du Journal, Tome V sept. 1869-sept. 1870, n° 36 du jeudi 19 mai 1870 ; page 430.


[55] MAILLARD Émilien, Histoire d’Ancenis, éd. Vincent Forest et Émile Grimaud, 1881 ; page 524.


[56] MAUJOÜAN DU GASSET Joseph, Le Muscadet – Étude statistique de la production et du marché, Impr. C. Mellinet, 1952 ; page 37.

[57] Comme le montre son ancien nom « Aremorica » qui signifie « le pays qui fait face à la mer » en celtique. La Bretagne n’est pas l’extrémité isolée et loin de tout du continent, elle est au contraire au centre de l’Europe atlantique. Toutes les grandes périodes de l’histoire de Bretagne démontre qu’elle est en contact étroit avec les autres régions de la façade atlantique : Civilisation des mégalithes, Âge du bronze, Âge du fer (on parlait la même langue celtique des deux côtés de la Manche), Émigration bretonne en Armorique, Empire Plantagenêt, une situation résumée dans la lettre que le Morlaisien Yves Gourmil adressa en 1592 au roi d’Espagne Philippe II : « il n’y a mambre en tout l’occident de si grande consequance et importance pour le regard des affaires generales du munde… que la possession de la Bretaigne, pour aultant quelle est sittuée (comme ung centre au mylyeu de sa circonferance) tant par mer que par terre entre toutz les Estats de l’occident, à scavoir Espaigne, France, Angleterre, Yrlande, et toutz les pais bas » (Archives de Bretagne… Tome XI… Correspondance du duc de Mercoeur et des ligueurs bretons avec l’Espagne, publié par de CARNÉ Gaston, éd. à Nantes par la Société des Bibliophiles Bretons, 1849 ; page 142).

[58] TOUCHARD Henri, « La consommation et l’approvisionnement en vin de la Bretagne médiévale », in Mémoires de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Bretagne, 1960 ; Tome XL, pages 29-76.

[59] HARDY Julien-Alexandre, jardinier en chef du Luxembourg, Catalogue de l'école des vignes de la pépinière du Luxembourg – 1er février 1848 ; page 43.

[60] GALINIÉ Henri, « Les noms Samoireau et Côt dans les vignobles du Val de Loire (16e-19e s.) », in Recherches sur l'histoire des cépages de Loire, 4. 2016. https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01362338/document.

[61] Ibid.

[62] Mûr vers la sainte Madeleine (22 juillet) en Charentes, d’où son nom, sa grande précocité expliquant sa présence dans le nord de la Bretagne. Ce vieux cépage peut être un héritage de l’ancien vignoble du Val de Rance (au sujet de ce vignoble disparu voir : SAINDRENAN Guy, La vigne & le vin en Bretagne, éd. Coop Breizh, 2011 ; page 109-131), rien d’étonnant à la présence de ce cépage dans cette région étant donné les relations entre les ports de Saint-Malo et de La Rochelle, il aurait pu aussi être amené par les paludiers de Guérande installés à Saint-Suliac au XVIIIe siècle pour y créer des marais salants (?).

[63] YOBREGAT Olivier, « La Magdeleine noire des Charentes, génitrice du Merlot et du Cot, (enfin) retrouvée dans un vignoble du bassin Sud-Ouest. », in La grappe d'Autan : bulletin d'information de l'IFV Sud-Ouest – Institut français de la vigne et du vin, n° 99 de mai 2014.

[64] BOURSIQUOT Jean-Michel, LACOMBE Thierry, Laucou V., Julliard S., Perrin F.-X., Lanier N., Legrand D., Meredith C., This P., « Filiation du Merlot et des cultivars de raisins associés du sud-ouest de la France : découverte du chaînon manquant », in Australian Journal of Grape and Wine Research, Vol. 15 n° 2 de juin 2009 ; pages 144-155.

[65] Petite grappe de Magdeleine noire en train de mûrir sur une bouture de deux ans (chez moi).

[66] Axe important de communication (mais secondaire par rapport à l’Atlantique), la Loire était l’une des « routes du sel » produit de chaque côté de l’estuaire (Guérande au nord, Marais breton au sud).

[67] Entre Marcigny dans le Brionnais et Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire).

[68] GALLET Pierre, Cépages et Vignobles de France – Tome II L’ampélographie française, éd. par l’auteur, 1990 ; page 191.

[69] Ibid.

[70] Le Comté de Nevers (Nièvre), longé à l’ouest par la Loire, était associé au Duché de Bourgogne (capitale Dijon) et à la Franche Comté de Bourgogne (maintenant Franche-Comté, capitale Besançon) dans l’État bourguignon de la famille de Valois-Bourgogne (Philippe le Hardi / Charles le Téméraire).

[71] GALINIÉ Henri, « Auvernat, synonyme d’Auvergnat ? », in Recherches sur l’histoire des cépages de Loire, 2018. https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01800073.

[72] GARCIA Jean-Pierre, « Les climats du vignoble de Bourgogne : une construction historique. », in La Bourgogne au temps de Lamartine: permanences et actualité / 25è colloque de l’Association bourguignonne des sociétés savantes, Mâcon, 24-25 octobre 2015, pp.30-45, 2016. ffhalshs-01383141 + GRILLON Guillaume, Garcia Jean-Pierre et Labbé Thomas, « Le “très loyal pinot” : itinéraire d’un cépage mythique de la Bourgogne », in Crescentis : Revue internationale d'histoire de la vigne et du vin, Maison des Sciences de l’Homme de Dijon USR CNRS-uB 3516, 2019 ; pages 13-21.

[73] Lors de l’effondrement de l’État bourguignon à la mort de Charles le Téméraire, le Comté de Bourgogne (Franche-Comté) revient aux Habsbourg ; le roi Philippe II d’Espagne, comte de Bourgogne, promulgua en 1567 l’interdiction « par advis de son gouvernement du Comté, de planter et d’édifier de nouveaux Gamez, Melons… » (COURTEIX J., Contribution à l’étude du muscadet, éd. Baugé, Impr. du « Pays baugeois », 1929 ; page 11). Cela ferait du Melon (Gamay blanc) le « compagnon d’exil du gamay » (GARRIER Gilbert, Histoire sociale et culturelle du vin, collection In Extenso, éd. Larousse, 1998 ; page 499).

[74] GALLET P., ibid ; page 191.

[75] Il ne faut probablement pas chercher trop loin une explication à ce nom, ce ne doit être qu’une tentative pour mettre un nom flatteur au goût particulier de son vin, comme l’indique aussi le synonyme « Petit Melon Musqué », un goût qui n’a rien à voir avec le Muscat, la muscade ou le musc (même étymologie, C.N.R.T.L.).

[76] SAINDRENAN Guy, La vigne & le vin en Bretagne, éd. Coop Breizh, 2011 ; page 261 (A.M. d’Angers : BB 14 fol. 62 1er paragraphe).

[77] Nommé « gallo » (le mot « patois » étant considéré de nos jours comme péjoratif, comme « vieux », « caissière », « balayeur », « instituteur »…), mot dérivé du breton « gall » (étranger), que l’on retrouve dans « Bro-C’hall » (avec mutation de l’initiale : / g / > / c’h /) désignant en breton l’espace linguistique gallo-roman où l’on ne parle pas (ou plus) breton, seule la moitié occidentale de la Bretagne parle traditionnellement le breton (à l’ouest d’une ligne Plouha / Guérande).

[78] SAINDRENAN G., ibid ; page 262.

[79] Le Duché de Bretagne est rattaché officiellement au Royaume de France en 1532, et restera « province réputée étrangère » jusqu’à la Révolution.

[80] LOUVET Jehan, « Journal ou Récit véritable de tout ce qui est advenu digne de mémoire tant en la ville d’Angers, pays d’Anjou et autres lieux (depuis l’an 1560 jusqu’à l’an 1634) », in Revue de l’Anjou et du Maine et Loire, éd. Cosnier et Lachèse, 1855 ; Tome I, page 177.


[81] KERHERVÉ Jean, « À l’ombre des tours du château. Les gestionnaires du domaine de Rhuys à la fin du Moyen Âge », in Châteaux et modes de vie au temps des ducs de Bretagne : XIIIe-XVIe siècle (publié sous la direction de Gérard Danet, Jean Kerhervé et Alain Salamagne), éd. Presses universitaires François-Rabelais, 2012 ; pages 65-107.


[82] KERHERVÉ Jean, L'État breton aux 14e et 15e siècles, éd. Maloine, 1987 ; tome II, page 745.

[83] Il s’agit d’un bail dérogatoire au statut du fermage, spécifique à la culture de la vigne, qui n’a subsisté après guerre qu’en Bretagne, sa caractéristique essentielle concerne sa durée qui est celle du vignoble (s’il était bien entretenu en remplaçant les plants morts par provignage), transmissible et héréditaire « c’est une sorte de bail à perpétuité » (d’après CHOPPIN René, avocat au parlement de Paris, Commentaires sur la Coustume d’Anjou, éd. Etienne Richer, Paris 1635 ; page 101).

[84] POIRIER Alain, L’évolution du complant en France et particulièrement en Loire-Inférieure, éd. Impr. provinciale de l’Ouest, 1940 ; page 451. Cité par SAINDRENAN G., ibid ; page 263 (texte intégral en annexe 12 pages 501-502).

[85] COLLECTIF, Histoire de la Bretagne et des pays celtiques – La Bretagne province (1532-1789), éd. Skol-Vreizh, 1980 ; page 151 (partie écrite par CROIX Alain).

[86] SAINDRENAN G., ibid ; page 288. Sur l’hiver 1709 voir : LACHIVER M., ibid ; page 324-328.

[87] Pas de preuve d’après SAINDRENAN G., ibid ; page 289.

[88] CAVALEAU Jean-Alexandre, Œnologie française ou Statistique de tous les vignobles et de toutes les boissons vineuses et spiritueuses de la France, éd. madame Huzard, 1827 ; page 173.

[89] de CAMIRAN Joseph, Le vignoble du pays nantais, éd. Impr. La presse de l’Ouest, 1937.

[90] À commencer par les ouvriers des chantiers de Nantes et Saint-Nazaire, de CAMIRAN J., ibid.

[91] GARRIER Gilbert, Histoire sociale et culturelle du vin, éd. Larousse, 1998 ; page 330.

[92] SCHIRMER R., ibid ; page 166.

[93] GARRIER G., ibid ; page 724.

[94] La création des A.O.C. date de 1935.

[95] SAINDRENAN G., ibid ; page 395. Il faut attendre 1994 pour l’appellation « Muscadet Côtes de Grandlieu ».

[96] SCHIRMER R., ibid ; page 306. Effet renforcé par la prohibition en 1934 des cépages hybrides (Noah, Othello…) accusés de tous les maux (comme la légende du Noah qui rendrait fou), voir à ce sujet : https://www.vitis-prohibita.com/. Cette interdiction a achevé la petite viticulture familiale traditionnelle qui n’était pourtant pas responsable de la surproduction des années 1930. Ces petits vignerons familiaux ne consommaient pas, ou pas suffisamment, les excédents de mauvais vins du sud de la France et de l’Algérie, car boire son vin est un idéal pour tout rural, puisqu’il est fait avec le raisin de ses vignes (GARRIER G., ibid ; page 294).

[97] Photographie de Yannick Boucaud, publiée en carte postale.


[98] D’après QUILGARS Henri, « La Condition des personnes et des terres et l'état du commerce et de l'agriculture dans la sénéchaussée de Guérande », in Comptes-rendus, procès-verbaux, mémoire – Association bretonne, Tome XXX, 1912 ; page 47. Repris par POULARD Alain, Notes historiques sur la culture de la vigne en presqu’île guérandaise (dossier déposé aux Amis de Guérande)


[99] HUETZ DE LEMPS Christian, Géographie du commerce de Bordeaux à la fin du règne de Louis XIV, éd. EHESS, 1975 ; page 141.

[100] « Les Nantais sont dès lors les seuls à promouvoir dans les textes cette méthode de vinification. » d’après SCHIRMER R., ibid ; page 344.

[101] Méthode traditionnelle mais qui n’est pas spécifique au Vignoble Nantais (SCHIRMER R., ibid ; page 330), mais qui profite bien au Muscadet et fait maintenant sa typicité, c’est ce qui lui a permis de conquérir les marchés hors Bretagne (Ibid ; page 331).

[102] REMY A., « Revue commerciale et Prix-courant des denrées agricoles (23 février 1878) », in Journal de l’Agriculture, année 1878, Tome premier (janvier à mars), éd. G. Masson, 1878 ; page 317.

[103] Voir les classiques : MORAND Simone, Gastronomie bretonne d’hier et d’aujourd’hui, éd. Flammarion, 1965 / LE CUNFF Louis, Cuisine et gastronomie de Bretagne, éd. Ouest-France, 1984.

[104] Avec le productivisme (engrais, pesticides, mécanisation…), le rapport à la terre est bouleversée, s’en suit que « la qualité et la typicité se diluent dans les rendements » (S.D.A.O.C. Muscadet, 27 oct. 1986 ; page 4)

[105] Avec chute inquiétante du nombre de domaines viticoles (1200 dans les années 1980, 400 à ce jour).

[107] Ne pas confondre entités administratives récentes et provinces historiques traditionnelles, dans le monde du vin la notion de terroir a du sens. La région administrative à quatre départements n’est pas la Bretagne, elle n’a été imaginée qu’en 1941 par l’État français de Ph. Pétain, créée en 1955-1972, et concrétisées par la loi de décentralisation de 1982 ; la Bretagne réelle (royaume, duché puis province) a bien été divisée en cinq départements à la Révolution.


[108] GODELAINE Florent, « Du blanc sur la Basse-Loire aux XVIIe et XVIIIe siècles - Négoce, fret et mode voiture des vins blancs en Loire angevine », in Le Val de Loire - Terres de Chenin, éd. Les caves se rebiffent, 2017 ; pages 63-64.


[109] Voir les travaux des géographes Pierre-Yves Le Rhun (Institut de géographie et d’aménagement régional de l’université de Nantes), Jean Ollivro (Université de Rennes 2 / Institut d'études politiques de Rennes), Yves Lebahy (Université de Bretagne sud et président de l’association des « Géographes de Bretagne »), notamment : « Réunifier la Bretagne ? Région contre métropoles ? », Collectif Géographes de Bretagne, sous la direction d’Yves Lebahy et de Gaël Briand, éd. Skol Vreizh, 2015.


[111] ANDOUARD Ambroise, « Le progrès de l’agriculture dans la Loire-Inférieure, depuis un siècle », in Annales de la Société Académique de Nantes et du département de la Loire-Inférieure, Volume 10e de la 6e Série, éd. Mme Vve Camille Mellinet, 1889 ; page 145.


[112] Réponse de l'intendant de Bretagne à M. Aular de la Société royale d'agriculture de Lyon, 1779 (SAINDRENAN G., ibid ; donné en annexe 13, page 503).


[113] ANDOUARD Ambroise, « Les Progrès de l'agriculture dans la Loire-Inférieure depuis un siècle », in Annales de la Société académique de Nantes et du département de la Loire-Inférieure, éd. Vve Camille Mellinet, 1888 ; page 145.

[114] Muscadet d’appellation communale Mouzillon-Tillières 2012 des Vignobles Chéneau qui a reçu trois étoiles dans le Guide Hachette des Vins 2021.

[115] CORAUD Alan, ancien maire de la Remaudière, l’un des membres fondateurs de l’Office de tourisme du Pays du Vignoble de Nantes, Sauvons le Muscadet d’une mort programmée, éd. Yoran Embanner, 2015.

[116] Du fait du climat océanique fortement influencé par la proximité de l’Atlantique, de la gastronomie des produits de la mer, de son goût marin et iodé.

[117] Le sol diversifié du Massif armoricain, une mosaïque de terroirs avec des granites, gneiss, micaschistes, gabbros, amphibolites donnant aux vins des expressions différentes.

[119] Crée en 2012, le Comité des Vins Bretons a pour but la promotion des vins bretons par différentes actions : Grande Tablée Bretonne, Concours des Vins de Bretagne… https://www.facebook.com/comitedesvinsbretons/.


[120] CERVIÈRES Paul, L’oublieux, éd. Bonne Presse, 1954 ;


[121] Journal syndical : Le Paysan nantais, n° 407, du 24 novembre 1962 ; page 21.



[123] FROGER Michel et PRESSENSÉ Michel, Armorial des communes de Loire-Atlantique suivi d’une étude sur l’hermine bretonne, impr. Froger, 1996. + MONNIER Jean-Jacques, « Michel Pressensé : une œuvre majeure sur les armoiries à hermine en Loire-Atlantique », article en ligne sur : https://abp.bzh/michel-pressense-une-oeuvre-majeure-sur-les-armo-50866.

[124] SCHIRMER R., ibid ; page 449.

[125] BARRAUD Éric, LEFORT Jacques et BÉRANGER Claude, « Le futur a besoin des terroirs », Rencontres Internationales - Planète Terroirs - Unesco, Nov 2005, Paris. ffhal-01861109.


[126] SAINDRENAN Guy, Le renouveau de la vigne et du vin en Bretagne, éd. Locus Solus, 2022 ; page 5.

[127] Mutation du Pinot noir.

[128] GALLET P., ibid ; page 256.

[129] « Fromenteau » désignait au Moyen Age des plants ou des raisins qui donnaient des vins blancs de qualité (couleur froment), d’après GALINIÉ Henri, in https://cepagesdeloire.wordpress.com/2019/09/30/79-les-fromentaux-de-saint-amand-montrond-en-1741/

[130] DION R., ibid ; pages 238-239.

[131] ESTIENNE Charles et LIEBAVLT Iean, L’Agricvltvre, et Maison rvstique, éd. Iaqves Dv Pvys, 1583 ; Livre VI, page 326v.


[132] MAGOUET Théodore, Traité de la vigne, éd. par l'auteur, Guérande, 1849 ; page 286.


[133] Th. Magouët a longtemps vécu en Suisse, il a d'ailleurs écrit une traité agricole intitulé « Le bon agriculteur suisse » (impr. de S. Delisle, 1842), on y cultive le Pinot gris sous le nom de « Malvoisie », on peut donc s'interroger sur l'origine du nom « Malvoisie » en Bretagne, je n'ai pas trouvé de lien, à approfondir.

[134] Muscadet et Gamay partagent les même parents : le noble Pinot noir et le très rustique Gouais (BOURSIQUOT Jean-Michel, LACOMBE Thierry, Bowers J. E. et Meredith C., « Le gouais, un cépage clé du patrimoine viticole européen », in Bulletin de l’O.I.V., Janvier-Février 2004, Vol. 77, n° 875-876 ; page 17).


[135] POULARD Alain et JUSSIAUME Marcel, Berligou - Le vin des ducs de Bretagne, éd. Le Temps, 2022.

[136] https://www.facebook.com/berligou/photos/pcb.2125031387641348/2125031020974718/. À l’origine, le château a été construit par Alain IV Fergent, duc de Bretagne et dernier prince parlant breton, vers 1104.

[137] GALLET P., ibid ; page 253.

[138] Un cépage (cultivar) est d’abord le produit d’un semis (reproduction sexuée) qui a donné un premier individu, qui a ensuite été multiplié par bouturage, marcottage ou greffage (voie végétative). Mais des variations génétiques (mutations) peuvent survenir au cours des cycles de croissance et du temps qui passe, le cépage fini ainsi par regrouper un ensemble de clones différents (plus leur nombre est important plus le cépage est ancien). Un cépage est donc composé d’un ensemble de clones suffisamment apparentés les uns aux autres pour être confondus sous un même nom. Lorsque la variation touche un caractère évident et remarquable ou ayant des conséquences technologiques importantes, le clone concerné est alors considéré comme une forme différenciée du cépage initial (d’après BOURSIQUOT Jean-Michel et THIS Patrice, « Essai de définition du cépage », in Progrès Agricole et Viticole, 1999, Vol. 116, n°17 ; pages 359-361).

[139] Attesté seulement en Bretagne, à Couëron dans le Pays Nantais.

[140] Tous deux alliés contre les prétentions du roi de France.

[141] ANDOUARD Ambroise, « Le progrès de l’agriculture dans la Loire-Inférieure, depuis un siècle », in Annales de la Société Académique de Nantes et du département de la Loire-Inférieure, Volume 10e de la 6e Série, éd. Mme Vve Camille Mellinet, 1889 ; page 145. Dans son étude, A. Andouard le nomme « muscadet à grains rouges ».

[142] de CAMIRAN Joseph, Le vignoble du pays nantais, éd. Impr. La presse de l’Ouest, 1937.

[143] L’Ouest-Éclair, n° 14.145 du 30 juillet 1935 ; page 5.

[144] POCQUET du HAUT-JUSSÉ Barthélemy Amédée, « Les séjours de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, en Bretagne (1372, 1394 et 1402). La tutelle de Jean V. », in Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, éd. Plihon, 1935.

[145] Formule de SAINDRENAN Guy, La....., ibid ; page 260.


[146] POULARD Alain et JUSSIAUME Marcel, Berligou - Le vin des ducs de Bretagne, éd. Le Temps, 2022 ; pages 36 et 42, note 75. Archives Municipales de Nantes, CC 279, Fol. 152.


[147] ANDOUARD A., ibid ; page 145.

[148] En perdant son indépendance (1532), la Bretagne est restée une « province réputée étrangère » et autonome, et la douane a fonctionné jusqu’à la Révolution.

[149] BROUARD Emmanuel, « Quel commerce fluvial en Loire angevine au XVIIIe siècle ? Nantes et son arrière-pays ligérien », in Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, éd. par les Presses Universitaires de Rennes, Tome 123 n° 1, mars 2016 ; page 113.

[150] Ibid ; page 118.

[151] BURON G., ibid ; page 91.

[152] Ancien nom de la Baie de Bourgneuf, à l’origine du Marais Breton gagné sur la baie.

[153] GALLOUÉDEC Louis, « La Loire navigable », in Annales de Géographie, Tome VI, n° 25, 1897 ; page 49.

[154] Noté « auuernois » dans le fabliau « De la borgoise d’Orliens » (B.N.F., Recueil de fabliaux, Manuscrit français 837, fol. 164r, col. a, l. 37).

[155] HERVY Michel-Christophe, directeur de la Pépinière impériale du Luxembourg, Catalogue méthodique et classique de tous les Arbres, Arbustes fruitiers et des Vignes formant la Collection de l'École- impériale établie près le Luxembourg, éd. Imprimerie Impériale, 1809 ; page 59 n° 449. L’exemplaire de la B.N.F. est vierge d’annotations, mais on trouve dans l’exemplaire de la bibliothèque de l’université d’Harvard à Cambridge (U.S.A.) des additions manuscrites à des emplacements numérotés prévus pour des ajouts ultérieurs (comme le « griforin, Loire-Inférieure » au n° 475), qui ne correspondent pas toujours aux additions de l’exemplaire de la bibliothèque du Sénat à Paris (le « griforin » n’y figure pas) ; il peut y avoir des erreurs dans les ajouts : le « griforin » a été classé en « blanc » à son arrivée dans la collection, alors qu’il s’agit du Côt, il a été reclassé « grifforin noir » par HARDY Julien-Alexandre dans l’édition de 1848 (Catalogue de l'école des vignes de la pépinière du Luxembourg – 1er février 1848 ; page 43).

[156] La très grande majorité des cépages de raisin noir sont à chair blanche (excepté les cépages teinturiers à pulpe colorée), le jus extrait de ces raisins est donc toujours blanc, et on peut en faire des vins blancs comme le Champagne. La couleur rouge du vin vient des pigments contenus dans la peau du raisin noir, la couleur est transmise au jus au cours de la macération (le jus est laissé en contact avec les peaux des raisins pendant une durée plus ou moins longue, et plus la macération est longue, plus le vin prendra une couleur rouge foncé).

[157] Les « vins de France » étaient produits au Moyen-âge dans une zone plus vaste que l’Île-de-France actuelle.

[158] Allusion à la couleur noire de son raisin (mot dérivé de « Maure »).

[159] GUÉRIFF Fernand et VILLAIS Gabrielle, La voilà la jolie vigne au Pays de Guérande, 1986, rééd. Association Préhistorique et Historique de la Région Nazairienne, Hors-série n° 1, oct. 2013 ; page 16. Mais cette information n’est pas sourcée…

[160] BOURDICHON Jean, Horae ad usum Romanum, dites Grandes Heures d’Anne de Bretagne, vers 1503-1508 ; B.N.F., Manuscrit latin 9474, Fol. 156r.

[161] Voir en début d'article.

[162] LACHIVER M., ibid ; page 60.

[163] ASSELIN Christian et GIRAULT Pascal (sous le direction de), Le Val de Loire – Terres de Chenin, éd. Les caves se rebiffent, 2017.

[164] GRILLON Guillaume, GARCIA Jean-Pierre et LABBÉ Thomas, « Le “très loyal pinot” : itinéraire d’un cépage mythique de la Bourgogne », in Crescentis : Revue internationale d’histoire de la vigne et du vin, Maison des Sciences de l’Homme de Dijon USR CNRS-uB 3516, 2019 ; page 13-21.


[165] SAVIGNAC Guy, Cépages du Sud-Ouest - 2000 ans d'histoire / Mémoire d'un ampélographe, éd. du Rouergue / INRA Éditions, 2001 ; page 158.

[166] VIALA Pierre et VERMOREL Victor, Traité général de viticulture – Ampélographie, éd. à Paris, 1901 ; Tome II, illustration entre les pages 82 et 83.

[167] SCHIRMER R., ibid ; page 41.

[168] Ibid ; page 63.

[169] GRAND Roger, Contribution à l’histoire du régime des terres. Le contrat de complant depuis les origines jusqu’à nos jours, éd. L. Tenin, 1917.

[170] LE MENÉ Michel, « Les redevances à part de fruits dans l’Ouest de la France au Moyen Âge », in Les revenus de la terre, complant, champart, métayage, en Europe occidentale (IXe –XVIIIe siècles), publié sous la direction de Charles Higounet, collection Flaran (7), éd. Presses Universitaires du Midi, 1987 ; page 17.

[171] GARRIER G., ibid ; page 77.

[172] GUÉRIFF F., ibid.

[173] DION R., ibid ; page 160.




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