top of page
  • Photo du rédacteurJosso

ROBERT R. LIVINGSTON EN BRETAGNE (1802).


La réputation des moutons bretons était grande et s'étendait jusque dans les pays anglo-saxons, et jusqu'en Amérique.


Dans ‘Transactions of the Society for the Promotion of Useful Arts, in the State of New-York’ (éd. John Barber, 1807), on trouve un courrier daté de 1802 de Robert R. Livingston (1746-1813), qui était l'un des rédacteurs du texte de la déclaration d'indépendance américaine, il fut ensuite ambassadeur des États-Unis en France de 1801 à 1804, et c'est lui (avec James Monroe) qui négocia la vente de la Louisiane. Dans ce courrier il parle de la Bretagne, puisque c’est à Lorient qu’il avait débarqué, on peut lire (page 5-21) :


"J'ai débarqué à Lorient le 16 novembre. Cette saison de l'année est extrêmement désagréable… Lorient est une ville extrêmement jolie… Le marché de la ville est l'un des meilleurs que j'ai vu en France. Il regorge de poissons de mer et de rivière, de volaille et de gibier. Les carcasses de bœuf et de mouton sont petites mais grasses, et ce dernier, de la meilleure saveur de tout ce que j'ai connu ici ou en Amérique, où, soit dit en passant, le mouton est incomparablement meilleur qu'à Paris… Les enclos sont en terre ; parfois, mais pas souvent, revêtus de pierres rondes. Sur le dessus du talus, nous voyons de temps en temps une haie imparfaite, mais en général elles sont couvertes d’ajonc, qui pousse ici à l'état sauvage en grande abondance, et qui est extrêmement beau, avec ses fines branches pendantes de couleur vert clair, couvertes d’épaisses fleurs jaunes. Ces champs sont pour la plupart extrêmement petits, contenant rarement cinq acres, et très souvent pas plus d'un. Pour quelle raison a t-on fait cette extrême petite division, je ne sais, et ça m'a surpris encore, car beaucoup de ces champs semblaient être très imparfaitement cultivés, et d'autres pas du tout... les nombreux villages et leur population que l'on voit parlent une autre langue. Comme la route de Nantes longe la côte de la mer, qui présente dans toute la campagne les pires terres, nous sommes passés sur plusieurs landes, quoique peu étendues, couvertes de bruyère. Nous les avons trouvés en train de la peler à certains endroits - car la pratique agricole courante consiste à en mélanger avec du fumier d'écurie et, une fois pourri, à l'appliquer à leur terre à grain... Les villages sont tous construits en pierres. Les rues sont si étroites que dans beaucoup d'entre elles deux voitures ne peuvent pas passer. L’étable se trouve à l’avant de la maison du fermier, et on passe généralement par là pour accéder à sa propre habitation – bien que quelques-unes aient des cours, les étables se trouvant sur les côtés. Cela donne aux villages un aspect sombre et contribue à les rendre extrêmement sales. En quittant la région maritime [la Bretagne], le sol s'améliore, et on ne voit aucune lande, sauf ce qui est laissé en bois… Les fermes sont très généralement construites en pierre et couvertes de chaume de paille. Le toit de chaume est très épais et soigné, et près de la mer, il est généralement recouvert de mousse… Enclos. On en voit peu après avoir quitté Nantes… Bovins. – A Lorient et sur les côtes maritimes de la Bretagne, ils ressemblent tout particulièrement à ceux des mauvais cultivateurs de notre État. Les vaches sont plutôt plus petites que nos vaches hollandaises, mais en retour leur beurre a une saveur, qui ne se rencontre nulle part ailleurs. Il y a une telle demande qu'il doit être transporté de Rennes à Paris… Au fur et à mesure que vous avancez dans le pays [en France], le bétail est beaucoup plus gros… Les chevaux en Bretagne sont petits, et ne se distinguent par aucune beauté ou défaut particulier ; mais à mesure qu'on avance vers Paris, ceux d'usage courant sont de race normande... Les ânes sont très utilisés entre Nantes et Paris… – Le mouton commun de France, je pense qu'il ressemble beaucoup au mouton de la Nouvelle-Angleterre. Les meilleurs sont un peu inférieurs aux meilleurs de New-York, mais plus par leur laine que par leurs carcasses, qui sont aussi grosses sinon plus grandes que les nôtres ; mais la chair de ceux-ci est beaucoup moins estimée que celle de la petite race de Bretagne, qui est extrêmement délicate et parfumée. Tous les moutons de ce pays sont parqués ou logés la nuit, et gardés le jour par un berger qui les conduit sur les communs et les chaumes…"


Christophe M. JOSSO


________________________________________


Texte original :


« (page 5) I landed at L'Orient, the 16th November. This season of the year is extremely unpleasant… (page 6) L'Orient is an extremely pretty town… (page 7) The market of L’Orient is one of the best I have seen in France. It abounds in sea and river fish, poultry and game. The carcases of beef and mutton are small but fat, and the last, of the finest flavor of any I have met with either here or in America, where, by the bye, the mutton is incomparably better than at Paris … (page 9) The enclosures are made of earth, sometimes, but not often, faced with round stones. On the top of the bank we now and then see an imperfect hedge, but in general they are covered with genista, which grows wild here in great abundance, and is extremely beautiful, with its fine pendant branches of light green, covered with thick yellow flowers. These enclosures are for the most part extremely small, seldom containing five acres, and very often not more than one. For what purpose this extreme small division is made, I know not, and it surprised me more, as many of these enclosures seemed to be very imperfectly cultivated, (page 10) and some not at all… the abundance of villages and their apparent population, speak a different language. As the route to Nantz runs along the sea coast, which in all countries exhibits the worst lands, we passed over several barrens though of no great extent, covered with heath. We found them paring it in some places – for the common husbandry is to mix it with stable dung, and when rotted applying it to their grain… The villages are all built of stones. The streets so extremely narrow that in many of them two carriages cannot pass. The stable forms the front of the farmer's house, and you generally go through this to his own habitation – though some few have courts, the stables forming the sides. This gives the villages a gloomy appearance, and contributes to render them extremely dirty. As you leave the sea coast the soil improves, and no land is to be seen, except such as is left in wood… (page 16) The farm-houses are very generally built of stone, and covered with thatch of rushes. The thatching is very thick and neat, and near the sea, it is generally overgrown with moss… Enclosures. Few of these are to be seen after leaving Nantz… (page 17) Cattle. – At L'Orient and on the sea coast of Brittany, they very particularly resemble those of our state in the hands of bad farmers. The cows are rather smaller than our Dutch cows, but in return their butter has a favor, which is no where else to be met with. It is in such request as to be carried from Rennes to Paris… As you advance into the country, the cattle are much larger… (page 18) The horses in Brittany are small, and not remarkable for any peculiar beauty or defect ; but as you advance towards Paris, those in common use are of the Norman breed… (page 20) Asses are much used between Nantz and Paris… Sheep. – The common sheep of France, I think very much resemble the sheep of New-England. The best are rather inferior to the best of New-York, (page 21) but more so in their wool than in their carcases, which are as large if not larger than ours ; but the flesh of those is much less esteemed than that of the small breed of Brittany, which is extremely delicate and high flavored. All the sheep of this country are parked or housed at night, and attended by a shepherd in the day, who leads them over the commons and stubble grounds… »




11 vues0 commentaire
Post: Blog2_Post
bottom of page