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STANDARDISATION vs DIALECTES.

Dernière mise à jour : 28 mars 2023


La normalisation est EVIDEMMENT nécessaire et indispensable pour faciliter la communication, l’édition et l’enseignement..., mais la question reste ouverte de savoir jusqu’où on standardise, est ce que la valorisation d’une variété de langue doit aller jusqu’à l’effacement total d’une autre ? Cette normalisation ne peut pas se faire au dépens de la langue parler par les locuteurs naturels, le "standard" doit rester proche d'une langue authentique, avec une prononciation correct, une syntaxe correct, et un lexique qui ne peut pas être renouvelé au point que l'on ne comprend plus rien à certains texte écrit dans une sorte de volapük totalement coupé de la langue du peuple, de la langue réelle (ce qui n'empêche pas que le breton doive évoluer, comme toute langue).


Quelques éléments de réflexion dans un article de Philippe Blanchet (Université Rennes 2), je ne partage pas tout ce que dit l'auteur, mais il me semble bien qu'une partie des militants bretons reproduit inconsciemment un mode de pensée jacobin.


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Philippe Blanchet, « Standardisation linguistique, glottophobie et prise de pouvoir », in

Cahiers de Linguistique – Revue de sociolinguistique et de sociologie de la langue française / Langues et pouvoirs’, 2013, 39-1.


Extraits des passages les plus intéressants :


« (p. 96) Le but de toute idéologie est… de « naturaliser » un certain ordre des choses en le présentant comme « naturel »… Puisque les pratiques linguistiques sont infiniment hétérogènes et changeantes, les actions glottopolitiques portent principalement sur la gestion de la pluralité linguistique… notamment sous la forme de construction de normes (le plus souvent prescriptives) et de standardisations qui mettent en œuvre un contrôle social des pratiques linguistiques… Dans la plupart des cas, l’objectif est de limiter la pluralité linguistique… (p. 97) dans la majorité des cas, la mise en place de politiques linguistiques… passe par la construction de normes standardisées de cette ou de ces variété(s) dominées, et c’est sur ces standards que portent ces politiques (et non pas sur les pratiques effectives des locuteurs, ainsi doublement rejetées)… (p. 101) Dès lors, ces croyances postulent pour une légitimité intrinsèque des standards linguistiques qui seraient en eux-mêmes meilleurs que les formes non standard… Cette idéologie politique met ainsi en place ce que j’appelle une glottophobie… c’est-à-dire un mépris, une hostilité, voire une haine, et donc un rejet, une exclusion, exercés contre des personnes utilisant certaines formes linguistiques (des langues, des dialectes ou des usages d’une langue) considérées comme incorrectes, inférieures, mauvaises… L’hégémonie des idéologies linguistiques glottophobes est telle que les pratiques linguistiques sont l’un des rares domaines (sinon le seul) où l’exercice de cette hostilité et de cette exclusion ne sont pas (p. 102) perçus comme une altérophobie exercée contre des personnes, mais comme des évaluations strictement linguistiques indiscutables. Dans certains pays… beaucoup d’altérophobies sont condamnées moralement et même juridiquement… Mais la glottophobie, focalisée sur des pratiques linguistiques, n’est pas perçue comme s’inscrivant dans ce paradigme, parce que si l’on n’accepte plus de considérer qu’il y a des orientations sexuelles, des nationalités, des religions, voire des « races », supérieures à d’autres, on croit toujours dur comme fer qu’il y a des langues et des façons de parler ou d’écrire des langues qui sont supérieures à d’autres. D’où la nécessité, à mon sens, d’inscrire ces comportements dans ce paradigme, ce pour quoi j’ai inventé ce terme, glottophobie… D’un point de vue sociolinguistique, c’est une absurdité et/ou une manipulation idéologique… (p. 104) L’un des avatars les plus efficacement glottophobes de cette vision des langues est didactique… cette survalorisation sacralisante de l’homogénéité (linguistique, mais aussi culturelle…), a produit le mythe du locuteur monolingue natif comme modèle absolu de la pratique et donc de l’apprentissage de chaque langue… On pose ainsi que moins un locuteur est linguistiquement pluriel, meilleur locuteur il est… Il s’agit là, une fois de plus, d’une position idéologique parfaitement discutable et non d’une évidence indiscutable… On remarquera que là aussi se jouent des exclusions glottophobes qui dissimulent mal des exclusions xénophobes… (p. 105) l’idéologie de la standardisation linguistique est hégémonique dans de nombreuses sociétés… La hiérarchisation sociolinguistique… que produit l’idéologie de la standardisation et sa glottophobie se réalise à travers ce que les sociolinguistes appellent la diglossie : hiérarchisation sociale des pratiques linguistiques et répartition sur des fonctions de communication et d’identification différentes elles aussi hiérarchisées… C’est un processus de minoritarisation… Or, les victimes de cette idéologie, lorsqu’elles élaborent une stratégie glottopolitique de revendication et d’action contre ses effets d’exclusion, le font en la reproduisant. Ainsi, la plupart du temps, les militants de langues minoritaires n’envisagent pour dé-minoritariser leur langue… que de la standardiser et de l’imposer… Ils ne font alors que reproduire à une autre échelle, au service d’une autre langue et au bénéfice d’une autre partie de la population, l’idéologie glottophobe de la standardisation. Ils ne combattent pas l’idéologie elle-même… Ils veulent simplement la voir appliquer à leur propre bénéfice… (p. 107) Les standardisations normatives apparaissent alors clairement comme des comportements glottopolitiques glottophobes ».



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