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CHOUCHENN.


C'est le nom courant de l'hydromel breton de nos jours, mais il n'est pas bien ancien, déception.


"Souchen" est le nom commercial que lui a donné un producteur de Rosporden en 1895, la variante "chouchen" est l'appellation déposée en 1920 par un négociant, lui aussi de Rosporden.


Le terme "Souchen / Chouchen" est probablement dérivé du mot "souchenn" (souche), un emprunt au français. Il est attesté dans "Livr el labourer" de Joakim Gwilhom (éd. é ty N. de Lamarzelle, 1849), nos "Géorgiques" bretonnes dans le beau breton vannetais, on peut lire (Kestel IV, p. 92, vers 2079-2086) :


« Baleét un herrad én ur sewel hou pen,

Kent pel é huélehèt, a greiz ur gouh souchen,

Un taul iouank é tont, é punein én amzer,

É teval hag é koeh ar ur barig dister ;

Astenet hou ruchen, groeit un heij d’er barad,

Gronet én ul linsel, samet ind hardeh mat,

Lakeit ind én ou leh ha, kent kalz a vlaieu,

Hui e huélou ged joé karget hou liorheu »


« Promenez-vous un moment en levant la tête,

Bientôt vous verrez, du cœur d’une vieille souche,

Un jeune essaim venir, tourbillonnant dans les airs,

Descendre et tomber sur une toute petite branche,

Tendez votre ruche, secouez la branche chargée,

Enveloppez dans un drap, emportez le tout sans crainte,

Mettez les à leur place et, avant beaucoup d’années,

Vous verrez avec plaisir vos jardins pleins de ruches »


On trouve le mot "souchen" (souche, tronc) dans le "Dictionnaire breton-français du dialecte de Vannes" d’Émile Ernault (éd. Lafolye, 1919), et "chouch" (billot) et "chouchen" (hydromel) en bas-vannetais dans le "Supplément" de Pierre Le Goff de ce même dictionnaire.


Le tronc creux des arbres est le premier refuge des essaims d'abeilles contre les intempéries et les prédateurs. Sur le modèle de la nature, des ruches-tronc étaient autrefois taillées dans des souches de châtaigner, elles offraient une grande protection thermique aux abeilles, hiver comme été ; la richesse en tannins du châtaigner réduisant aussi les risques de parasites et d'agents pathogènes. Une ruche sauvage abandonnée, au creux d'un arbre, et inondée d'eau de pluie, a pu produire ce "chouchenn" naturel.


Est-ce que le tronc d'arbre ou la ruche-tronc est à l'origine du nom très récent de l'hydromel breton ?


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CHUFERE / JUFERE / CHUPERE / CHIFERE / JIFERE / CHIPERE.


C'est un mot variable, plutôt connu dans le Trégor. Le professeur Léon Fleuriot expliquait ainsi ce mot : "Le mot breton 'chufere' "hydromel" présente une palatalisation anormale hors du Vannetais, de k avant /y/. Peut-être s'agit-il d'un mot gaulois tardif de la famille 'cervesia', 'χουρμι' cervoise, gallois 'cwrw', etc. Un ancien *küref-, métathisé en * küfer-, *k'üfer-, expliquerait assez bien le mot breton" ("Les origines de la Bretagne", éd. Payot, 1982 ; page 62). Pour l'initial, on pourrait aussi y voir une analogie avec le mot "chug" (jus) pour la prononciation [ʃy] de la première syllabe.


Émile Ernault y voyait une évolution du mot "kufr" (cervoise), attesté dans dans le "Barzhaz Breizh", dans l' "Essai sur l'histoire de la langue bretonne" de Théodore Hersart de La Villemarqué, ainsi que dans son édition augmentée du "Dictionnaire Breton-Français de Le Gonidec". Selon É. Ernault, le mot "chufere / *kufere" viendrait de cette forme "kufr", à la manière du breton vannetais "koustelé" (pari) issu d'une forme "*coustl" correspondant au gallois "cywystl" ("Glossaire moyen-breton", 1895, rééd. Slatkine Reprint, 1976).

Le mot "chufere" serait donc un dérivé de l'ancien nom celtique de la cervoise, mais...


Ci-dessous des ruchers tronc.



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