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ERCUNIA : FORÊT DE CHÊNES vs. FORÊT DE CONIFÈRES.

Dernière mise à jour : 3 mai 2022


Le mot latin « quercus », nom scientifique du chêne, remonte à la racine indo-européenne « *perkʷu- » (Michiel de Vaan, ‘Etymological Dictionary of Latin and the other Italic Languages’, éd. Brill ; page 506-507). Comme nom scientifique du genre il ne permet pas de faire des distinctions entre les différentes espèces, c'est un nom générique. On explique l’initial / kʷ / du latin par la présence d’un / kʷ / étymologique dans la deuxième syllabe, il y a eu assimilation comme pour « quinque » (cinq) qui est issu de « *penkʷe » (cinq).


En germanique, le / p- / initial a évolué en / f- / et l'indo-européen « *perkʷus » a donné « föhre » (pin) en allemand, « furh- » (pin) en vieil-anglais (« fir » en anglais), « fyr » (pin) en danois, « fura » (pin) en suédois, « furu » (pin) en norvégien, le feuillu des Latins est devenu conifère chez les Germains.


Cette racine est à l'origine du nom de la Forêt Hercynienne (« Ἑρκύνιος δρυμός » en grec / « Hercynia silva » en latin), une antique forêt primaire qui était située en Europe centrale. Dans le mot celtique dérivé « *ercunia », le / p / indo-européen a disparu régulièrement après la réduction de / kʷu / à / ku / (ce qui a empêché l'assimilation). Ce nom ne peut être que celtique en raison de la disparition du / p- /, mais l'esprit rude du grec « », signe diacritique qui indique la présence d’un son / h / avant une voyelle, transcrit ensuite « h » en latin, montre que l'amuïssement n'était pas encore total au moment où les grecs ont entendu et noté ce nom (X. Delamarre, 'Dictionnaire de la langue gauloise' de Xavier Delamarre, éd. Errance, 2003 ; p. 165). On a donc eu une évolution « *perkʷunia » » ˃ « *perkunia » ˃ « *herkunia » ˃ « *erkunia ».


Plusieurs correspondants germaniques ne font pas référence à des arbres mais à des montagnes (Paul Friedrich, ‘Proto-Indo-European Trees’, éd. The University of Chicago Press, 1970 ; page 134). « Ercunia » remonte à un mot indo-européen commun avec le germanique « *firgunja-z », qui a donné « fairguni » (montagne) en gotique, le vieil haut-allemand « firgunnea » (montagne), le vieil-anglais « firgen » (montagne), c'est peut-être un emprunt précoce à un préceltique « *perkuniā » (Winfred Philipp Lehmann, 'A Gothic Etymological Dictionary', éd. E. J. Brill, 1986 ; page 104-105).


Ce nom a d'abord désigné les Alpes, et c'est plus tardivement qu'il a désigné les régions montagneuses d'Allemagne (Winfred P. Lehmann, ibid). La première référence est dans Aristote (‘Méteorologie’, Livre I, chapitre XIII, paragraphe 20), qui se réfère aux 'montagnes Hercyniennes' (« τῶν ὀρῶν τῶν Ἀρκυνίων »), et précise que "ce sont les plus grandes en hauteur et en étendue dans cette région" (« ταῦτα δὲ καὶ ὕψει καὶ πλήθει μέγιστα περὶ τὸν τόπον τοῦτόν ἐστιν »). Apollonios de Rhodes ('Argonautiques', chant IV, vers 640) mentionne Héra qui poussa un cri du haut des monts Hercyniens (« σκοπέλοιο καθ' Ἑρκυνίου »). Pline l'Ancien ('Histoire naturelle', Livre IV, 40) parle de la chaine des Montagnes Hercyniennes (« Hercynium iugum »).


César ('Guerre des Gaules', Livre VI, 25 et 26) parle de "Forêt Hercynienne" (« hercyniam silvam », « hercyniae silvae »). Tacite ('Germanie', chapitres XXVIII et XXX) mentionne aussi la « Forêt Hercynienne » (« hercyniam silvam ») et la « Région boisé Hercynienne » (« saltus hercynius »). César (ibid, 25) précise que ce(s) massif(s) forestier(s) commence(nt) aux frontières des Helvètes (situés entre Jura et Alpes), de leurs voisins les Rauraques (situés entre Vosges, Jura et Forêt noire), et des Némètes (situés un peu plus au nord entre Rhin et Vosges). On remarque que le nom de ces derniers est à rapprocher du mot celtique « nemeton » (sanctuaire), dont le sens initial devait être « bois sacré » (X. Delamarre, ibid ; page 234).


Le terme « hercynien » a aussi désigné une « forêt de montagne », Strabon ('Géographie', Livre VII, chapitre III, 1) cite « les montagnes de la Forêt Hercynienne » (« τῇ παρωρείᾳ τοῦ Ἑρκυνίου δρυμοῦ »), puis (Livre VII, chapitre V, 1), il indique que « la Forêt Hercynienne est extrêmement dense et recouverte de très grands arbres » (« δὲ Ἑρκύνιος δρυμὸς πυκνότερός τέ ἐστι καὶ μεγαλόδενδρος »). Tite-Live ('Histoire romaine', Livre V, 34) parle de « régions boisées hercyniennes » au pluriel (« hercynii saltus"), ce qui peut laisser penser que le nom servait à désigner plusieurs massifs forestiers.


Strabon apporte une précision intéressante ('Géographie', Livre VII) : « Le pays est en effet élevé du côté sud et forme une chaîne de montagnes qui se mêle aux Alpes et s'étire vers l'est, comme si c'était une partie des Alpes ; et certains en rendent compte ainsi, à la fois en raison de la dite situation, et du fait qu'elles produisent les mêmes arbres. Néanmoins, l’altitude ne s’élève certainement pas jusqu’à celle de ces montagnes. La forêt Hercynienne se situe là. » (« ... ἐξῆρται γὰρ ἡ χώρα πρὸς νότον καὶ συνεχῆ ταῖς Ἄλπεσι ποιεῖ ῥάχιν τινὰ πρὸς ἕω τεταμένην, ὡς ἂν μέρος οὖσαν τῶν Ἄλπεων: καὶ δὴ καὶ ἀπεφήναντό τινες οὕτως διά τε τὴν λεχθεῖσαν θέσιν καὶ διὰ τὸ τὴν αὐτὴν ὕλην ἐκφέρειν: οὐ μὴν ἐπὶ τοσοῦτό γε ὕψος ἀνίσχει τὰ ταύτῃ ὄρη. ἐνταῦθα δ᾽ ἐστὶν ὁ Ἑρκύνιος δρυμὸς… »). Ce texte laisse entendre que ces massifs montagneux étaient couverts d'une végétation particulière et similaire d'un massif à l'autre.


Les espèces végétales ne sont pas réparties uniformément à la surface de la terre, chacune y occupant une aire qui lui est propre, sur une étendue variable, continue ou discontinue (Alain Lacoste et Robert Salomon, ‘Éléments de biogéographie et d’écologie’, éd. Nathan université, 2001 ; page 15). En montagne, la végétation évolue tout le long des versants, on a tous pu constater en randonnée une répartition des espèces végétales et des paysages en fonction de l’altitude.


La superposition des écosystèmes de la vallée au sommet forme comme des bandes relativement homogènes de végétation répartie entre deux seuils, on parle d’étagement (Frédérique Alexandre et Alain Génin, ‘Géographie de la végétation terrestre’, Collection U, éd. A. Colin, 2011). Chaque étage est rendu visible par la succession verticale d’espèces forestières caractéristiques, chaque niveau réunissant des essences ayant une affinité écologique (communauté végétale). Plusieurs facteurs écologiques conditionnent la répartition des différentes espèces végétales car elles n’ont pas les mêmes exigences, la température – qui baisse avec l’altitude – étant la principale contrainte (Paul Ozenda, ‘Perspectives pour une géobiologie des montagnes’, éd. Presses polytechniques et universitaires romandes, 2002). Certaines espèces sont donc éliminées au fur et à mesure que l’on monte en altitude, et le paysage change.


Pour simplifier, on peut décrire la forêt en fonction de trois étages distincts en fonction de l’altitude :

- 1) à moins de 800 mètres on a une « forêt de plaines et collines »,

- 2) de 800 à 1500 mètres on a une « forêt de moyenne montagne » où n’apparaissent plus les espèces plus thermophiles de l’étage inférieur et,

- 3) au-delà de 1500 mètres on a une « forêt de haute montagne » (Alain Lacoste et Robert Salomon, ‘Éléments de biogéographie et d’écologie’, éd. Nathan université, 2001 ; page 116). On a donc des types forestiers différents.


A basse altitude, c’est l’étage collinéen où l’on observe des forêts de feuillus, en particulier des chênaies, le chêne préfère en effet ces endroits chauds de piémont. Quant à la « forêt de montagne » proprement dite, elle correspond aux deux étages supérieurs, c’est-à-dire la forêt que l’on trouve à plus de 800 m d’altitude.


Le premier étage montagnard, c’est l’étage le plus varié en espèces d’arbres, les résineux (sapin blanc, pin sylvestre) font en effet leur apparition et viennent se mêler aux feuillus (surtout le hêtre), on parle de forêt mixte (la « hêtraie sapinière » est caractéristique de cet étage). Les forêts mixtes correspondent à un biome de transition, intermédiaire entre les forêts caducifoliées et les forêts de conifères. Le hêtre se disait « bagos » en celtique, continuation régulière de l’indo-européen (X. Delamarre, ‘Dictionnaire de la langue gauloise’, éd. Errance, 2003 ; page 64), s’il n’a pas de correspondants en celtique insulaire c’est parce que les cinq pays celtiques insulaires ne se trouvent pas dans l’aire de répartition du hêtre en Europe (Paul Ozenda, ‘Végétation du Continent Européen’, éd. Delachaux et Niestlé, 1994 ; carte 1 page 195) ; la Bretagne armoricaine se trouve elle dans l’aire du hêtre, mais on a en breton un emprunt au latin « fagus » (comme dans les autres langues celtiques modernes).


L’étage au-dessus est dit subalpin, la domination des conifères devient absolue à cet étage car ces arbres sont mieux adaptés que les feuillus aux conditions extrêmes de haute montagne, on y trouve l’épicéa commun qui supporte mieux le froid que le sapin, des pins résistants au froid (notamment le pin des Alpes dit « arolle », le pin de montagne), le mélèze d’Europe aux peuplements plus clairsemés. Les cartes de distribution de ces espèces montrent clairement une étendue immense dans le massif alpin. La limite supérieure se termine par une ceinture arbustive, des landes d'arbrisseaux nains (comme les landes à genévrier).


Plus en hauteur, on atteint la limite de la flore arborescente au-delà de laquelle les contraintes climatiques deviennent telles que la croissance des arbres et les arbustes n’est plus possible, les pentes sont alors couvertes de pelouses : c’est l’étage alpin (les alpages), et au-delà, en haute montagne (l’étage nival), la pelouse alpine cède la place aux mousses et aux lichens, aux roches nues et aux neiges éternelles.


La végétation présente dans les Alpes une grande similitude, le botaniste Paul Ozenda parle de « système alpin généralisé » (in ‘La végétation de la chaîne alpine dans l’espace montagnard européen’, éd. Masson, 1985 ; chapitre 12). Les massifs hercyniens (Bohême, Mittelgebirge d’Allemagne, Forêt-noire, Vosges) ont une végétation conforme au modèle alpin (P. Ozenda, ‘Végétation du Continent Européen’, éd. Delachaux et Niestlé, 1994 ; page 64), et ce vaste système présente une certaine unité (ibid ; page 130).


Les grandes écorégions européennes (Forêts feuillues tempérées / Forêts méditerranéennes / Forêts de montagne) ont pu être distinguées dès l’Antiquité. Dans le chapitre 1 sur la Germanie du livre VII de la ‘Géographie’ de Strabon on peut lire : « Le pays est en effet élevé du côté sud et forme une chaîne de montagnes qui se mêle aux Alpes et s'étire vers l'est, comme si c'était une partie des Alpes ; et certains en rendent compte ainsi, à la fois en raison de la dite situation, et du fait qu'elles produisent les mêmes arbres. Néanmoins, l’altitude ne s’élève certainement pas jusqu’à celle de ces montagnes. La forêt Hercynienne se situe là. » (« ... ἐξῆρται γὰρ ἡ χώρα πρὸς νότον καὶ συνεχῆ ταῖς Ἄλπεσι ποιεῖ ῥάχιν τινὰ πρὸς ἕω τεταμένην, ὡς ἂν μέρος οὖσαν τῶν Ἄλπεων: καὶ δὴ καὶ ἀπεφήναντό τινες οὕτως διά τε τὴν λεχθεῖσαν θέσιν καὶ διὰ τὸ τὴν αὐτὴν ὕλην ἐκφέρειν: οὐ μὴν ἐπὶ τοσοῦτό γε ὕψος ἀνίσχει τὰ ταύτῃ ὄρη. ἐνταῦθα δ᾽ ἐστὶν ὁ Ἑρκύνιος δρυμὸς… »). On a bien l’impression dans ce texte que Strabon associe la montagne et une végétation distincte de celle de la plaine. Il semble raisonnable de penser que la Forêt hercynienne désignait une forêt de montagne, et non une forêt de chênes.


Autre indice. L’ethnonyme « Querquerni » semble dériver lui aussi du mot indo-européen « *perkʷus » avec assimilation « *p .. kʷ > *kʷ .. kʷ » puisque dans ce mot il n’y a pas eu réduction de la labiovélaire (faute de voyelle postérieure à son voisinage). Ce peuple celtique du nord-ouest de la péninsule ibérique est situé par Pline dans la région de Braga (‘Histoire naturelle’, Livre III, 18), certainement au nord-ouest en allant vers le camp romain d’« Aquis Querquennis » (‘Itinéraire d’Antonin’, 428-2) qui surveillait une voie romaine (Via XVIII). Cette voie passait par une région montagneuse (Serra do Gerês) où le pin sylvestre apparaît en altitude. Les noyaux actuels de pins sylvestres sont très probablement les derniers représentants des forêts anciennes de cette espèce (Fernandes Manuel et al. (2015). « Aspetos biogeográficos e paleoambientais de uma população finícola de Pinus sylvestris L. na serra do Gerês (NW Portugal) », in ‘Geografia e Ordenamento do Território’, n.º 7 de juin 2015 ; pages 175-176).


En Grande-Bretagne et en Irlande, il n’y a que trois espèces de conifères indigènes : le pin sylvestre, l’if et le genévrier ; la Bretagne, elle, n’en possède que deux à l’état spontané (pas de pin indigène). Le pin sylvestre (Scots pine) formait une grande partie de la forêt calédonienne, et couvrait autrefois une grande partie des Highlands d’Écosse, où on le nomme « giuthas » en gaélique (Edward Dwelly, ‘The Illustrated Gaelic Dictionary’, éd. par l’auteur, 1918 ; Vol. II, page 496b).


Les conifères ont presque tous des aiguilles persistantes (seul le mélèze fait exception), le genévrier est une espèce d’arbuste, commun en Europe de la plaine à la montagne (dans les landes) dont les feuilles sont des aiguilles persistantes très dures et piquantes. C’est une espèce très variable, qui peut être l’arbuste dominant dans les broussailles, ou il peut s'agir d'une petite plante rasant le sol dans les landes. Le genévrier est présent dans tous les pays celtiques (P. A. Thomas, M. El-Bargathi et A. Polwart, « Biological Flora of the British Isles : Juniperus communis L. », in ‘Journal of Ecology’ Vol. 95-6, 2007 ; pages 1404-1440).


Le genévrier commun est utilisé à des fins aromatisantes ou médicinales. Les baies de genévrier sont appelées « caora aiteanaigh » en gaélique d’Irlande. En gaélique d’Écosse, le genévrier est nommé « aiteann », un mot qui désigne aussi l’ajonc comme le vieil-irlandais « aiteann », le gallois « eithin » et le vieux-breton « ethin » (mots formés sur une racine indo-européenne « *ak- » = pointe, piquant) ; on trouve aussi la variante « aiteal » (Edward Dwelly, ‘The Illustrated Gaelic Dictionary’, éd. par l’auteur, 1918 ; Vol. I, page 23) comme en irlandais (Patrick S. Dinneen, ‘Foclóir Gaedhilge Agus Béarla – An Irish-English Dictionary’, éd. H. Gill & son, 1904 ; page 20) où le mot semble confiné aux dictionnaires (Fergus Kelly, « Trees in early Ireland », in ‘Irish Forestry Journal’, Vol. 56, n° 1, 1999 ; page 48). Le genévrier porte aussi d’autres noms en gaélique, comme « iubhar beinne » (if de montagne), « ibhur craigi » (if de roche), « biora leacra » (épines de roche). On voit que le nom varie, d'une autre espèce résineuse, à une autre espèce épineuse, ou seulement d'après la caractéristique épineuse.


Le gallois « perth » semble être dérivé de « *perkʷus », on aurait une évolution « *perkʷ-to- » ˃ « *kʷerkʷ-to- » ˃ « *kʷerχto- » ˃ « *perto- » ˃ « perth ». On retrouve le mot dans le toponyme Perth du centre de l'Écosse, et les Perthes du continent (X. Delamarre, 'Noms de lieux celtiques de l'Europe ancienne (-500 / + 500)', éd. Errance, 2021 ; page 221). Ce mot désigne un buisson ou arbuste épineux (« spinetum » dans le ‘Dictionarium Latino-Cambricum’ de Thomas Wiliems, 1604-1607, MS Peniarth 228, Vol. III, Fol. 76r, col. b / « a thorn bush » dans ‘A Dictionary of the Welsh Language’ de William Owen, éd. E. Williams, 1803 ; Vol. II). Un mot qui pourrait très bien s’appliquer, entre autres, au genévrier, qui était « abundant in the mountains of Wales » (Williams Jackson Hooker, ‘The British Flora’, éd. Longman, Rees, Orme, Brown, Green & Longman, 1835 ; Vol. I, page 442). Mais le sens secondaire de « haie » du mot « perth » peut se comprendre par le fait que des espèces épineuses comme le prunellier (aux rameaux armés de fortes épines) et l'aubépine (elle aussi armées d'épines acérées) ont été utilisées pour former des haies infranchissables pour le bétail ou les animaux sauvages. Un glissement sémantique par analogie semble plausible, le piquant des aiguilles de confères et les épines de certains feuillus, avec transfert du mot dans des régions pauvres en conifères.


On retrouve le correspondant irlandais du gallois « perth » dans l’alphabet oghamique (McManus Damian, ‘A Guide to Ogam’, éd. An Sagart, 1991 ; page 37). Cet alphabet était composé à l’origine de 20 lettres nommées « feda / arbres », bien que les noms de lettres ne font pas tous référence à des arbres (David Stifter, « Insular Celtic : Ogam », in ‘Palaeohispánica’ n° 20, 2020 ; page 875). Les lettres sont répartis en groupes, l’un des groupes (« Aicme húatha ») comprend trois lettres correspondant à des arbres bien identifiés (Sabine Ziegler, ‘Die Sprache des altirischen Ogam-Inschriften’, éd. Vandenhoeck & Ruprecht in Göttingen, 1994 ; page 8) : la lettre « d » nommée « dur » d’après le nom du chêne (« derv » en breton), la lettre « t » nommée « tinne » d’après le nom du houx (correspondant au breton « tann » : chêne vert, aussi nommé « chêne faux-houx »), la lettre « c » pour / k / nommée « coll » d’après le nom du noisetier ; la dernière lettre du groupe est la lettre « q » pour / kʷ / nommée « quert » et retranscrit « » en alphabet oghamique. Selon l’interprétation irlandaise médiévale (‘Auraicept na n-éces’, publié par George Calder, éd. John Grant, 1917 ; page 92), le mot signifierait « pommier » (« aball »). C’est assez étonnant puisque le mot celtique « aballo- » (pommier) est bien connu et encore représenté dans les langues celtiques modernes, à moins, peut-être (?), d’une distinction entre le pommier domestique (Malus domestica) et le pommier sauvage (Malus sylvestris), cet arbuste présente en effet des rameaux épineux (fausses épines de branches avortées).


CONCLUSION :


Il me semble donc qu'il est difficile d'affirmer que le nom "Ercunia" désignait une forêt de chênes en celtique, car en montagne, à l’étage subalpin, les feuillus sont remplacés par des conifères, que l’on ne rencontre pas dans les pays celtiques actuels (à part le pin sylvestre en Écosse), on pourrait donc penser que l’antique Forêt Hercynienne - forêt de montagne - était plutôt une forêt de conifères.


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