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INSCRIPTION OGHAMIQUE ET NOMS EN "MAC" / "AB".

Dernière mise à jour : 17 juin 2024


Le vieil-irlandais « ogam » (prononcé [ˈoɣəm]) est le nom d’un alphabet primitif qui a servi à écrire le proto-irlandais à partir du Ve siècle (Antiquité tardive) et le vieil-irlandais (haut Moyen-Âge). Ce que l’on nomme par convention « irlandais primitif » correspond à la langue parlée durant la période allant de la séparation du gaélique et du brittonique jusqu’à la perte des syllabes finales.


Il existe un peu moins de 400 inscriptions sur pierre réparties pour la plupart dans le sud de l’Irlande, et quelques autres dans l’ouest de la Grande-Bretagne de l’Écosse à la Cornouailles (leur distribution correspondant à l’aire d’influence irlandaise au début du Moyen-Âge).


Exemple d'inscription (retranscrite en alphabet latin) :


« DALAGNI MAQI DALI »

=

« [stèle de] Dallognos fils de Dallos »


Premier archaïsme : on remarque que les trois mots présentent la désinence « -i » du génitif (thèmes en o- masculins), les terminaisons flexionnelles du celtique vont disparaître avec l’apocope qui marque le début de la période du vieil-irlandais. Le génitif est le cas du complément du nom (marquant un rapport de possession / ou de parenté).


La racine panceltique « dallo- » (thème en « -o ») que l’on trouve dans les deux noms correspond au breton « dall » (aveugle), attesté en Loire-Atlantique dans le breton de Guérande "(ex. : "Më ga de zoneit dall." = "Je vais devenir aveugle.", phrase collectée en 1898 auprès d'une personne née en 1826). Le nom du fils est « Dalagn(-i) », correspondant au vieil-irlandais Dallán (« Dalláin » au génitif), car « -o » a donné « -a » en proto-irlandais dans les syllabes finales et les voyelles de composition. Ce nom contient le suffixe diminutif « -gno- », le fils de « Dallos » étant « petit Dallos ».


« Maqi » (fils de) est le mot le plus fréquent dans les inscriptions oghamiques, on trouve soit la forme à géminées : « ᚋᚐᚊᚊᚔ » (MAQQI) pour / *makkʷī /, soit le plus souvent « ᚋᚐᚊᚔ » (MAQI) avec un seul « q ». Le nominatif singulier est / *makkʷos / avec géminée expressive, variante de / * makʷos / à l’origine du P-celtique « mapos » (breton et gallois « mab ») que l’on retrouve dans le nom du dieu Maponos (avec un suffixe augmentatif : « -on- »). On retrouve d’ailleurs dans la mythologie galloise ce théonyme avec la même formule de filiation : « mabon mab modron > mabon uab modron », c’est-à-dire « Maponos fils de Matrona » (‘dieu-Fils’ fils de ‘déesse-Mère’). Ce « maq(i) » est à l'origine de tous les noms de famille en « Mac » d'Irlande et d'Écosse.


Dans les noms gallois, le « m- » initial de « mab » s’amuï complètement dans les noms, comme dans « Madog ap Howel », réduit plus tard à « P- » dans « Powel » (< « Ab-Howel » avec sandhi) ou à « B- » dans « Bevan » (< « Ab-Evan) »). Cette manière ancienne de nommer se retrouve aussi en Bretagne dans les noms de famille en « Ab- » : Abalan, Abautret, Abegile, Abeozen, Abiven… et réduit aussi comme dans « Bevan » (identique au gallois). « Bevan » (fils de Ewan) est un nom de famille attesté à Saint-Yves Bubry (56), qui se dit Sant-Ewan Bubri (j'en ai dans ma généalogie).


L'écriture oghamique est expliquée en détail dans des manuscrit irlandais médiévaux.


Christophe M. JOSSO

© Tous droits réservés - 2021


Pierre levée de Coumeenole, dans l'angle à droite en ogham : « Erc maqi Ercias »


Dublin, Royal Irish Academy, manuscrit MS. 23 P 12, Fol. 169v.

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