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LA GUERRE DU VIN EN BRETAGNE : AVB vs. SVB.

Dernière mise à jour : 24 avr.


L'Association des Vignerons [soi disant] Bretons.
ou :
Le révisionnisme historique comme stratégie commerciale.

Réflexions personnelles suite à la lecture des articles de la journaliste Julie Reux (Vinifutur) : un article de « Mediacités – Nantes » (du 19 février 2024), et un article plus médiatique sur Vitisphère (22 février 2024). On y apprend de biens tristes nouvelles :

  • le Landerneau viticole en région administrative (Association des Vignerons “Bretons”) a déclaré la « guerre » à la Bretagne nantaise.

  • et l'envoie d'un courrier menaçant aux vignerons nantais suite à la création du 'Syndicat des Vignerons de Bretagne'.

Je précise que je ne suis pas membre de ce syndicat puisque je ne suis pas vigneron professionnel, et encore moins son porte-parole ; je ne suis qu’un amateur de vigne et de vin originaire du Pays de Guérande (présentation en fin de texte).


        L'un des tous derniers vignobles traditionnels du Pays de Guérande (Camoël, 56).

                                             L' « impossible » selon Pierre Guigui...


A méditer :


« L’étude attentive de ce qui est fixe et permanent  dans les conditions géographiques… doit être ou devenir plus que jamais notre guide. »

Paul Vidal de La Blache (géographe)


« Le danger de l’histoire est qu’elle paraît facile et ne l’est pas. / Le premier devoir de l'historien est d'établir la vérité et le second est de faire comprendre... »

Paul Veyne (historien)


« Chaque culture représente une occurrence unique à laquelle il faut consacrer la plus minutieuse attention pour pouvoir d’abord la décrire, essayer de la comprendre ensuite ». Claude Lévy-Strauss (anthropologue)


« La nourriture est très souvent chargée de représenter la survivance savoureuse d’une ancienne société rurale… elle maintient le souvenir du terroir jusque dans la vie moderne ». Roland Barthes (philosophe)




                                                               I - INTRODUCTION : 



Sur le parti pris « valdeloirien » de la journaliste.

Cet article commence sur un ton méprisant, un ton que l’on retrouve fréquemment dans le « journalisme » de la presse provinciale (il leur faut penser à leurs subventions…), une presse où il est de bon ton de dénigrer systématiquement les partisans de la réunification de la Bretagne. Le plus modéré et inoffensif militant de la réunification, simplement attaché à la Bretagne, à son histoire, à sa culture et à son identité traditionnelle, attaché aussi à la démocratie, est pratiquement présenté comme un extrémiste, un fanatique... Les bien-pensants jacobins surfent à la limite de la calomnie et de la diffamation, car il est politiquement incorrect de remettre en cause le découpage administratif actuel, il est interdit d'avoir une opinion divergente de la doctrine officielle à ce sujet.


On peut lire dans cet article que des vignerons nantais « œuvrent depuis plus de 10 ans à défendre la “bretonnitude” de leurs vins, à coups de gwen [sic] ha du (le drapeau breton) sur leurs étiquettes et de stands de dégustation dans les manifs “réunionnistes” »... Par respect pour les usagers et l'orthographe, j'aurais mis une majuscule et deux « -nn- » à « Gwenn-ha-du », mais les usagers du drapeau breton ne sont probablement pas très respectables... On apprécie aussi les trois petits points après « vignerons bretons... » quand elle parle à la phrase suivante des vignerons haut-bretons de Nantes, quand on se dit breton en Loire-Atlantique on ne peut être qu'un dingue, rien de très fréquentable en tous cas !


                      Drapeau breton dans le Vignoble nantais, comme c'est le cas

                     un peu partout en Bretagne, de Clisson à Ouessant : Verboten !


                    Le Gwenn-ha-du dans les marais salants de Guérande : Verboten ! 


Réduire les revendications nantaises à ce militantisme breton, qu’elle prend soin de discréditer, montre que la journaliste se contrefiche des raisons réelles qui motivent les Nantais. Leur motivation profonde est pourtant tout à fait sérieuse en viticulture, il s’agit de la dimension terroir de nos vins bretons, mais le « terroir » ne fait peut-être pas assez moderne pour « Vinofutur ». Elle se fait évidemment le relais moutonnier de la propagande des « paysdelaloire / valdeloire », puisqu’il est mentionné dans son texte que « faute d’antenne de l’INAO en Bretagne, le choix se fera entre celle de Nantes et celle d’Angers… ». Or, confondre région administrative et Bretagne réelle relève de la malhonnêteté intellectuelle et d’un alignement sur la politique jacobine officielle en matière de découpage administratif ; malhonnêteté intellectuelle et bien-pensance jacobine vont souvent de pair.


Avec un peu de bonne volonté, il n’est pourtant pas bien compliqué de distinguer « région administrative » et Bretagne. Le Pays basque et sa culture n’ont pas disparu avec la création des départements lors de la Révolution, l’Alsace et sa culture n’ont pas disparu lors du dernier découpage des régions administratives, de même pour la Provence et la Gascogne qui n’ont pas cessé subitement d’être occitanes avec la création de la « Région Occitanie »… Nier l’appartenance de la Loire-Atlantique à la Bretagne, ce n’est rien d’autre que du révisionnisme historique ; notre passé, notre patrimoine, notre culture, notre gastronomie et notre identité locale ne se sont pas évanouis le jour de la création des régions administratives en 1956.


                 Portulan du cartographe Guillaume Brouscon, du Conquet (XVIe siècle),

                     l'ancien drapeau sur le Château des Ducs de Bretagne : Verboten !

                        

« Les vignerons de Bretagne [sic] hostiles au projet du muscadet breton » dit encore la journaliste sur le même ton ricaneur très pro... alors que les appellations du Muscadet (elles existent déjà !) ne sont absolument pas concernées par le projet d’une IGP Bretagne porté par le Syndicat des Vignerons de Bretagne (c’est décidément très pro…). Au lieu de ricaner, la journaliste pourrait peut-être nous expliquer ce qu'il y aurait de plus breton à Rennes qu'à Nantes, et nous monter ainsi quelques compétences en histoire, ethnologie, linguistique..., mais les ricaneurs ne s'expliquent jamais, ils ricanent...


Le « Muscadet breton » n'est pas en effet un « projet », il est déjà naturellement breton depuis l'arrivée - à la fin du Moyen-Âge probablement - du cépage Melon blanc (dit « de Bourgogne ») en Bretagne nantaise, et jusque dans le Pays de Redon (réf. Jules Guyot). Si cette réalité historique ne convient pas, on s'en contrefiche, que les ignares ricanent ! C'est bien dans le terroir breton (géologie armoricaine + climat océanique franc, dit « climat breton ») que le Melon blanc a trouvé la terre où il s'exprime le mieux. Le Muscadet est l'un des produits phare de la gastronomie bretonne, les gens de peu de culture pourront consulter les traités classiques sur notre gastronomie (Simone Morand, Louis Le Cunff...), ou les guides - simples et grand public - sur la Bretagne ('Guide du Routard', 'La Bretagne pour les Nuls'...).


L’article sur 'Vitisphère' est intitulé « Un projet de vin IGP Bretagne porté par… des vignerons du Muscadet », on apprécie encore les trois petits points (« … »), comme s’il y avait quelque chose d’anormal ou d’étrange à ce que des Bretons des « Marches de Bretagne » soient à l’initiative d’un projet breton… Et elle insiste lourdement en précisant que « la réunion a lieu au Sud de Nantes », sous-entendant que la capitale historique de la Bretagne ne serait pas en Bretagne, et que ce projet « suscite une franche hostilité des vignerons bretons… de Bretagne » !

 

Mais d’où sort-elle ? Pour commencer, ses « vignerons bretons » ne sont pas tous bretons, il faut tout de même le signaler tellement la situation est ubuesque, et les autres sont  visiblement incultes en matière de Bretagne (au XIXe siècle il existait une locution traditionnelle pour parler des Bretons qui ne connaissaient pas leur culture : les « sots-Bretons » pour faux Bretons…). Sa « *Bretagne » n’est pas la Bretagne mais la région administrative, donc plutôt très subjectif et orienté comme article…

 

On peut se demander aussi à qui elle s’adresse ? Son explication du « triskell » : « trois spirales identitaires en Bretagne », montre qu’elle ne s’adresse pas aux Bretons des cinq départements, mais peut-être plutôt aux bobos de Paris ou d’ailleurs, qui ne connaissent rien de la Bretagne ; elle-même ne semble pas bien connaître ce symbole. On apprécie aussi le mot ambigu « identitaire », est-ce une allusion aux idéologies nauséabondes d’extrême droite ? On apprécie encore sa mention du « salons gwinoù breizh » (Salon des vins de Bretagne), qu’il aurait fallu écrire « Saloñs gwinoù Breizh », avec des majuscules, notamment au mot « Breizh » (Bretagne), et un « -ñ- » dans « saloñs » (il est vrai que la justice française interdit le prénom breton « Fañch », au XXIe siècle ! alors tout est encore possible en matière de répression culturelle…), cela montre un certain mépris jacobin pour les autres cultures et langues (le jacobinisme est par définition une idéologie xénophobe : aucune altérité possible dans l’Hexagone).

 

La journaliste maîtrise t-elle son sujet ? Peut elle commenter objectivement l’actualité viticole en Bretagne ? On est dans l’approximation quand elle mentionne « l’IGP Vins de Loire » qui n’existe pas, c’est l’ « IGP Val de Loire » qui existe… Quand elle parle de « sortir le Muscadet de l’IGP Val de Loire », ça ne fait pas très sérieux non plus, les appellations du Muscadet (« Muscadet Sèvre-et-Maine », « Muscadet Côtes-de-Grand-lieu » et « Muscadet Coteaux-de-la-Loire », et les « Crus communaux » maintenant) ne sont pas des sous-catégories de l’IGP Val de Loire, ce sont des appellations différentes et sans lien avec cette IGP. Il semble qu’elle confonde IGP Val de Loire et l’Interloire (l’interprofession des Vins du Val de Loire), un territoire viticole administratif sans unité et sans identité commune, contrairement au Val de Loire historique (inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco). Elle mentionne François Robin de la ‘Fédération des Vins de Nantes’, et là aussi elle se trompe, il n’est pas « directeur de la Fédé » comme elle dit mais son délégué communication (voir : LinkedIn). C’est donc du journalisme approximatif de province, niveau Ouest-France ou le Télégramme…  

 

« Vinifutur » est un média du vin qui s’intéresse au futur, dans le contexte du changement climatique (d’après le site), et dans le futur la Bretagne sera réunifiée, car malgré les sommes considérables qui sont gaspillées en propagande inutile le monstre administratif dit des « paysdelaloire » finira dans les poubelles de l’Histoire (la Bretagne n’a pas besoin de propagande pour exister…) ; ce journal – qui se projette dans l’avenir – devrait en tenir compte et ne pas se contenter d’un alignement servile sur un découpage administratif absurde !


Les néo-vignerons de la région administrative sont « hostiles » à une IGP Bretagne (Bretagne réelle j'entends) et à l'utilisation de symboles bretons en Bretagne nantaise, ils n'ont honte de rien, il est là le sujet qui fâche.




                                                                   II - LE PROBLEME :


L’Association des Vignerons [soi disant] Bretons.

L'AVB (Association des Vignerons “Bretons”) est une association de néo-vignerons qui n'aiment pas vraiment la Bretagne, quand on aime sincèrement la Bretagne on aime sa culture et on ne réécrit pas son histoire. Et puis il y a aussi des membres qui ne sont pas Bretons d'origine et qui se permettent de réinventer - sans le moindre scrupule et tels des colons en terrain conquis - une « Bretagne » imaginaire. En matière d'amour de son terroir, la sincérité se mesure d'abord par le respect qu'on accorde à l'ensemble de ce territoire, à son passé historique, à son patrimoine, et pour ce qui concerne notre sujet : à son histoire viticole et à sa gastronomie traditionnelle. Cet article porte sur la réaction agressive et ridicule de ces néo-vignerons, après la création récente du SVB (Syndicat des Vignerons de Bretagne), porteur d’un projet intéressant d’IGP Bretagne.

On constate une nuance entre les noms de ces deux organisations. Dans le nom de l’AVB il y a « vignerons bretons », et c’est étrange puisqu’ils ne sont pas tous bretons d’origine. Je ne dis pas ça par xénophobie, ma femme est marocaine et j'ai le goût des autres, mais on devine une volonté de se faire passer pour Breton pour paraître enraciné dans un terroir (la communication sur le vin s’appuie sur la notion de terroir, contrairement aux vins du Nouveau Monde). Avec le réchauffement climatique, la Bretagne est maintenant considérée comme un Eldorado viticole qui commence à attirer des viticulteurs d’autres régions : la terre est moins chère, il y a du fric à se faire… Dans SVB il y a « vignerons de Bretagne », ce qui a l’avantage de ne tromper personne sur l’identité des membres.


Les vrais Bretons sont des gens ouverts, nul doute que les Bretons d’adoption sont et seront toujours accueillis chaleureusement dans ce groupement, … enfin ceux qui ne réinventent pas une pseudo « Bretagne » en fonction de leur fantaisie, de leur idéologie ou de leurs petits intérêts.


Ma femme, Amazighe du Souss (sud Maroc), pourrait témoigner de l'accueil très chaleureux qu'elle a reçu dans le milieu culturel breton, et de l'ouverture d'esprit des défenseurs de la culture bretonne (à l'opposé de l'image de communautarisme fermé et étroit que tentent de faire croire malhonnêtement les jacobins à notre sujet). S'il y a bien des extrémistes et des fanatiques en Bretagne, malheureusement, c'est exactement dans les mêmes proportions qu'ailleurs en Europe, ni plus ni moins.

Vieille vigne du Pays de Guérande, s'agit-il du « Launic » (l'Aunis), cépage du vin breton ? 


Un viticulteur normand veut se faire passer pour Breton, mort de rire !

Il y a en effet un Normand, Édouard Cazals, installé sur les bords de Rance, qui ose se présenter comme le premier viticulteur breton professionnel… un sacré culot ce gars tout de même ! Et pour faire local (il le croit) il a donné un nom « breton » à son vin (« Ar hir gwini »), un nom assez comique avec des fautes que ne ferait pas un débutant en première année. Pour information (mais il s’en fiche, le breton n’est pour lui qu’un élément de marketing), la forme de l’article devant un mot commençant par un « h- » n’est pas « ar » mais « an », et l’adjectif breton ne se place pas avant le nom qu’il qualifie mais après…


Il a aussi nommé un autre de ses vins : « Glaz blanc » [sic], ne riez pas, il a mal lu dans le dictionnaire le sens du mot « glaz » (bleu / vert) ! Je ne suis pas convaincu que le mot « glaz » permette un rapprochement flatteur avec l'excellent « Vinho verde » (vin vert) du Portugal, au figuré l'adjectif « glas » signifie « vert / qui n'a pas atteint la maturité », comme en français, pour parler d'un vin au « goût âpre dû au manque de maturité du raisin, trop riche en acide » (CNRTL)...


Il ne sait pas non plus qu’on ne parle pas breton en Ille-et-Vilaine mais un patois gallo-roman comme en Normandie ! Enfin, peu importe, du moment que l'étiquette ait une couleur exotique, à défaut d'être réellement d'inspiration locale !


Selon les critères de l'AVB, ce bon « vigneron breton », comme son nom l'indique, ne montre aucun signe de « manque de sincérité », contrairement aux vignerons nantais, pourtant ancrés - eux - dans leur terroir depuis des siècles... Lui il aurait le droit d'utiliser symboliquement le breton, dans une région où l'on ne parle pas plus breton que dans le Vignoble nantais, mais les vignerons nantais n'auraient eux pas le droit d'utiliser un symbole local comme l'hermine ? Il s'agit bien pourtant d'un symbole breton ET local ! Elle est où la culture historique, la logique, ou le bon sens, dans le Landerneau viticole ? Ils feraient bien d'ouvrir quelques livres... A mon avis, ce vigneron risque de se faire apprécier en Bretagne autant que les maquignons normands qui fréquentaient nos foires au XIXe siècle. C’est un exemple typique et caractéristique de la démarche de ces gens, qui illustre parfaitement l’état d’esprit de l’AVB : profiter de l’image bretonne pour exister.



Je rigole tout seul en ajoutant cette image, car en me voyant faire mon fils de 9 ans a corrigé lui-même ces fautes absurdes...


Une guerre du vin en Bretagne ?

On est loin du poème d'Henri d'Andeli (« La bataille des vins », 1224), l'AVB a choisi de faire dans le sordide, d'où le besoin d'exprimer ma colère !


L'article de « Mediacités – Nantes » parle donc d’une « guerre de l’ombre qui se joue actuellement autour de l’appellation “Vins de Bretagne” », ce serait donc une « guerre » ! Première chose à se demander : qui a lancé les hostilités ? Est-ce les vignerons nantais qui revendiquent légitimement leur identité historique (Marches de Bretagne) et leur terroir (Massif armoricain / Climat océanique franc = climat breton) ? Ou est-ce les néo-vignerons de la région administrative, qui ont exclu d’office la Loire-Atlantique de la Bretagne au mépris de notre histoire et de notre culture commune ?

On note dans l'article que le nouveau syndicat est « ouvert à tous les vignerons de Bretagne », ce qui tranche en effet radicalement de l’ostracisme pratiqué par les dirigeants de l’AVB à l’encontre de leurs collègues de la Bretagne nantaise... Il importe de distinguer ces responsables des membres de leur association, il y a forcément parmi eux des passionnés intéressants, et des gens qui aiment sincèrement la Bretagne. On apprend, mais on le savait déjà, que « l’inimitié la plus tenace envers ce projet d’IGP [Bretagne] vient des vignerons bretons… de Bretagne (administrative), ouvertement hostiles au projet ». L’AVB (ou plutôt ses dirigeants) « n’envisage “absolument pas” de rejoindre le syndicat lancé en Loire-Atlantique », espérons que les membres de l’AVB réfléchissent un peu et que cela change, dans l’intérêt de tous et de la Bretagne.


Julien Lefèvre.

L’un des coprésidents de l’AVB, Julien Lefèvre (22), affirme, sans le moindre scrupule, qu’un vigneron nantais (et donc breton) « manque de légitimité » pour porter un projet IGP Bretagne, un peu insultant je trouve et complètement loufoque. C’est également un comble quand on sait que les principaux projets en région administrative ne sont pas portés par des Bretons, à commencer par son collègue coprésident… Si un type, dont la culture bretonne doit probablement se limiter aux clichés qu’il partage avec les touristes, ose nous dire de manière aussi provocatrice que nous ne sommes pas bretons, comment devons nous réagir ? Il y a de la colère forcément, une grosse colère, une légitime colère ! Est-ce si difficile à comprendre ?


Ces néo-vignerons voudraient empêcher que les vignerons nantais utilisent leur identité historique et traditionnelle de manière à ce qu’ils n’aient plus accès à leur marché traditionnel, au marché du vin breton. Or, le marché historique du Vignoble nantais c’est bien la Bretagne historique. On n’y produisait pas de grands vins qui s’exportaient comme c’était le cas d’autres vignobles plus célèbres (sauf sous forme d’eau de vie avec les négociants hollandais, une eau de vie locale qui était nommée « Fine Bretagne » au XXe siècle), les vins nantais ont trouvé – depuis toujours – leur principal débouché dans le reste de la Bretagne. Seuls des ignares oseraient contester cette réalité historique.


                                         Eau de vie de Bretagne nantaise : Verboten !



Initiative nantaise en Bretagne et réalité historique.

Si les Ducs de Bretagne ont choisi Nantes pour capitale de Bretagne, et pour y construire leur résidence principale (Château des Ducs de Bretagne), ce n'est pas sans raisons. Nantes était, et est toujours, la plus grande ville de Bretagne, la plus riche, la plus dynamique. Cela attise d'ailleurs la jalousie de sa rivale Rennes.


                                        Château des Ducs de Bretagne : Verboten !


Historiquement, l’initiative agricole en Bretagne est déjà venue du Pays nantais (engrais issus des sucreries nantaises, l' « Association bretonne » du grand agronome Jules Rieffel, l'école d’agriculture de Grand-Jouan ancêtre de l'Agrocampus...). La « Société d’Agriculture de Bretagne », créée officiellement en 1757, fut la première société de ce genre dans le royaume. C’est Jean Gabriel Montaudouin (issu d’une famille d’armateurs nantais) qui présente l’année précédente aux ‘États de Bretagne’ un mémoire appelant à la création d’une société dédiée à l’agriculture (sur le modèle irlandais), il est soutenu par le botaniste nantais François Bonamy qui a contribué également à la mise en place de la société. Etaient ils illégitimes eux aussi ?


                           'Établissement d'une société d'agriculture.... dans la province

                                   de Bretagne, par délibérations des États', 1757.


Concernant le 'Syndicat des Vignerons de Bretagne', et face au révisionnisme ambiant, « il n'est pas difficile de prouver l'utilité, & même la nécessité d'une pareille association »,

car certains sont prêts à réécrire l’histoire pour l’adapter au découpage administratif actuel !


C’est bien ce que fait le Parisien Pierre Guigui, fervent défenseur de la viticulture biodynamique (avatar agricole de la « pensée » obscurantiste et de la doctrine ésotérique de Rudolf Steiner), dans un petit livre fantaisiste au sujet du « renouveau » du vin breton. Monsieur débarque en Bretagne, sans connaître l'histoire et la culture locale, et décrète qu'il n'y a pas de vin breton ! Le jovial et sympathique ponte du vin prend autant de liberté avec la réalité historique que la biodynamie avec la rationalité scientifique.


Petit extrait : « La première fois que j’ai séjourné un peu longuement en Bretagne, j’ai cherché quelques produits locaux pour satisfaire mes papilles : cidre, moules… Mais question vin, ce fut la cale sèche. A croire que les Bretons n’auraient consommé que des vins… achetés à d’autres provinces ou en provenance d’Algérie… Comment est-il possible que des Bretons n’aient pas bu une production locale ?... La question a envahi mon esprit comme une litanie, et le vin breton est devenu une quête ». Le ton lyrique accentue le grotesque de ses propos anhistoriques, c'est tellement énorme, qu'on peut se demander s'il ne prend pas plaisir à ses provocations gratuites.


Comme il n'a pas trouvé de « vin breton », on se demande s'il a lu entièrement le livre de Guy Saindrenan sur « La Vigne & le Vin en Bretagne » (éd. Coop Breizh, 2011), ça aurait pourtant pu l'aider dans sa « quête » du « Graal » viticole (il parle de Merlin, de Lancelot...). Et il n'a lu certainement aucun des historiens qui ont traité de ce sujet (première étude du grand historien de la Bretagne Arthur de La Borderie : « Note sur la culture de la vigne en Bretagne avant le XVIe siècle », 1892), ils auraient pu aussi le mettre sur la piste de son « Graal ». Le problème avec les historiens, c'est que ce ne sont pas des charlatans qui s'arrangent avec la méthode historique, ils ont donc le grave défaut de ne pas exclure la Bretagne nantaise de la Bretagne, c'est évidemment un inconvénient... Cette métaphore burlesque sur le « Graal » de notre légende arthurienne lui permet d’insister lourdement sur la vanité d’une telle « quête », mais il semble qu'il ait été aussi efficace dans ses recherches que les chevaliers bretons d'Alexandre Astier. La « question a taraudé mes nuits au clair de lune » dit-il, mais le « vigne en Bretagne » n'est pourtant pas « une licorne, une utopie », comme il dit encore, on peut toujours goûter la production de vignerons traditionnels dans la partie morbihannaise (sa limite infranchissable) du Pays de Guérande, j'en goûte tous les ans... Tenter de faire croire à l’inexistence du « vin breton » est un manipulation délibérée de la réalité.


Il pourrait peut-être méditer une phrase de Pierre Abélard, philosophe nantais, et donc de Bretagne comme il le dit lui-même : « ... inquirendo ueritatem percipimus / ... en cherchant à découvrir, nous percevons la vérité » (dans le Prologue du 'Sic et non', XIIe siècle).


Pénestin (commune morbihannaise issue d'Assérac en Loire-Atlantique) serait la seule commune bretonne du Pays de Guérande, puisque le reste il n'en parle pas. Visiblement, il n'a pas vraiment cherché le vin local (du Noah, parfois étonnant), il aurait pourtant pu « goûter l'impossible  » comme il dit, mais les indigènes n'ont peut-être pas daigné collaborer avec le monsieur de Paris... N'est-ce pas plutôt superficielle comme « recherche » monsieur Guigui ? 

  Le bon Noah d'un vieux Josso de Pénestin Taille locale en « tête d'osier »


Concernant les coteaux de Guérande (« Gwerrann » en breton), il ne traite pas non plus dans son livre de la culture du Chenin (dit « l'Aunis » chez nous, et « Launic » dans sa prononciation bretonne), ainsi que du Pineau d'Aunis, il s'agit pourtant bien d'un « renouveau » de la viticulture traditionnelle en Bretagne méridionale, puisque l'on cultive à nouveau ces cépages sur le coteau situé au dessus de nos marais salants... Mais il ne sait pas que l'on cultivait le Chenin de Guérande à Sarzeau (sujet de mes articles), il n'en parle pas.


       Vignes de Cramargué, toponyme breton « Krec'h magoer » ( < Quenech megoer). 


Concernant le « Berligou », le cépage et le vin des Ducs de Bretagne (de leur domaine de Couëron, près de Nantes), sauvé in extremis de la disparition et cultivé à nouveau par des associations d'amateurs et des professionnels, il s'agit d'un exemple remarquable de renouveau en Bretagne qui aurait mérité un chapitre dans un livre qui parle justement de « renouveau des vins bretons »... Le gros inconvénient de ce vieux cépage breton, pour les néo-vignerons de la région administrative, c'est qu'ils ne pourraient pas éviter de mentionner ses origines nantaises... ça m'étonnerait donc qu'ils en plantent !


        Vendanges au Berligou près de Nantes. Un livre très documenté et passionnant !


Il y a aussi ce nouveau cépage née en 1995 en Bretagne sud : le « Melon de Bretagne » comme l'ont nommé les vignerons nantais. Il s'agit d'une mutation génétique spontanée et naturelle du Melon blanc, notre Muscadet, son raisin n'est plus blanc mais rouge. Le « Melon de Bretagne » est une variété originale et intéressante que l’on se doit de protéger et de propager. Il appartient maintenant au patrimoine commun de la Bretagne, et il pourrait contribuer à l'identité d'un terroir breton élargi aux autres départements. N'est ce pas aussi une forme de renouveau qui aurait mérité une petite mention dans son livre ? Mais non, tout ce qui vient de la Bretagne nantaise est soigneusement écarté...


                                                        Le Melon rouge de Bretagne.


Le renouveau de la viticulture en Bretagne nantaise c'est aussi les Crus communaux du Muscadet, ce vin de garde étonnant et incroyable, le haut-de-gamme en matière de vins du Vignoble de Nantes. Autrefois, les anciens gardaient leurs meilleures barriques pour les grandes occasions, et chez tous les vignerons, il y avait des cuvées spéciales qui étaient des vins de garde (on parlait de muscadets de garde même à la fin du XIXe), c'est cette tradition qui est à l'origine du renouveau de la viticulture professionnelle et du Vignoble nantais, il s'agit bien d'un renouveau, un terme qui n'est pas usurpé dans ce cas, et cela méritait au moins un petit paragraphe... On aime nos vins de la Bretagne nantaise !

Merveilleux Cru communal de 2012, je vous le conseille ! 3 étoiles dans le 'Guide Hachette des Vins' 2021, commentaire du guide : « Une cuvée d'exception qui porte haut les couleurs du nouveau cru Mouzillon-Tillières ».


Ce journaliste, et grand spécialiste de l’histoire viticole de la Bretagne, nous donne aussi un véritable scoop dans son petit livre : la viticulture serait attestée dans le nord de la Bretagne dès le 3ème siècle avant notre ère, c’est une révolution dans l’histoire de la viticulture européenne ! La source de cette information est la thèse (en ethnologie dit-il) de sa compagne, dans une « Monographie du vin breton » (en annexe), qui ne traite pas du vin breton mais de la création de l’association qu’ils ont créée : l’ARVB (Association pour le Renouveau des Vins de Bretagne), ce n'est pas vraiment tout à fait la même chose... Le sujet de mes recherches personnelles c'est précisément le vin breton, le vin breton historique et traditionnel, et je pense savoir de quoi je parle.


La dame a écrit :

« Un puits, fouillé à Monterfil II [quartier de Corseul, cité des Curiosolites], a livré des débris organiques des pépins de raisins et des sarments de vigne. L’analyse de ces restes suggère que la vigne était bien cultivée et non sauvage et ce, dès la fin du IIIe siècles av. J.-C. . », et dans une note : « Renseignements transmis par François FICHET de CLAIREFONTAINE le 25 juillet 2008 ». Soit l’archéologue s’est moqué d’eux, soit ils ont probablement mal compris, toujours est-il que l’information n’a pas été vérifiée (dans une thèse de doctorat !!!...). Il y a nécessairement une erreur sur la date, la seule et unique preuve archéologique de viticulture dans l’espace celtique à l’Âge du Fer c’est sur le site de Latara (Lattes, Hérault). Les six grains de raisin du site archéologique de Corseul ne date que du Haut Empire, et les premières occupations du site de Monterfil II, quartier à vocation économique et artisanale de l’ancienne « Fanum Martis » (capitale de la cité gallo-romaine des Coriosolites), date en effet de l’époque augustéenne. Ensuite ces grains de raisin ne sont pas une preuve de la culture de la vigne, un peu compliqué d’envisager une production locale, il s’agit plus sûrement de raisins secs issus du commerce. La première preuve archéologique d’une production viticole en Bretagne (Armorique) est le pressoir gallo-romain de Piriac (Pays de Guérande, Loire-Atlantique).   


Monsieur Guigui n'est pas à une approximation historique près, on apprend dans son livre que « La Loire-Atlantique (44) a été rattachée à la région des Pays de la Loire par un décret en date du 30 juin 1941 » [sic], une région administrative qui n'existait pas en 1941, elle a été créée en 1956... Voilà la valeur historique de ce livre, voilà tout le respect que M. Guiguil a pour notre histoire et notre culture, voilà résumé le niveau de connaissance approximatif de l'auteur en matière de Bretagne.


La « Région Bretagne » administrative, amputée d'un département, a elle aussi été créée en 1956... par contre il est exact de dire que les technocrates jacobins à l'origine de ce découpage administratif absurde ont trouvé leur inspiration dans le pétainisme, au moins avaient ils eu la décence en 1941 de ne pas appeler cette région « Région Bretagne » mais « Région de Rennes » (comme on dit encore « Académie de Rennes »). L'objectif politique des jacobins - une obsession maladive - est d'empêcher par tous les moyens la reconstitution de l'ancienne province de Bretagne. Il faut rappeler que jacobinisme et pétainisme s'entendaient parfaitement bien dans l'État français de 1941, ce sont deux idéologies aussi nauséabondes l'une que l'autre, et pas vraiment démocratiques.


                                                 Les « régions » Pétain de 1941 (J.O.).

                                                          

Petite leçon basique et élémentaire en science historique : L'anachronisme est la bête noire de l'historien, le péché capital, c'est la confusion du présent et du passé. Quand on parle d'histoire, de patrimoine historique, on ne peut plus faire d'amalgame (malhonnête en soi) entre Bretagne et région administrative (créée en 1956 !!!...). Avant 1956, la Bretagne ne peut être que la Bretagne historique, et le « vin breton » ne peut être que le « vin breton » historique, une évidence... Mais cette évidence n'en est pas une pour monsieur Guigui. L’anachronisme est souvent le premier indice d’une contrefaçon historique, une réécriture - parfois délibérée - mais qui est toujours le témoin de la projection du présent dans le passé. Dans une période où la vérité historique est ouvertement menacée, il est important de s'interroger sur ces méthodes incompatibles avec l'histoire scientifique et rationnelle.


Dans nos rares échanges, il affirme qu'il n'a pas dit ce qu'il a écrit, en ajoutant sur un ton condescendant bien parisien et avec une parfaite mauvaise foi : « C'est clair ! », et bien non, ce n'est pas vraiment clair monsieur Guigui ! Bien que Breton, je comprends aussi le français, enfin je crois, et les mots « breton » et « Bretagne » ne signifient que « breton » et « Bretagne », et rien d'autres, surtout quand on parle d'histoire, de culture, de patrimoine breton. Au cas où ce serait moi qui aurais de grosses lacunes en matière de Bretagne, j'ai été vérifier la définition du mot dans l'Encyclopédie Larousse : « Bretagne. Région de l'ouest de la France, formée des départements du Finistère, des Côtes-d'Armor, du Morbihan, d'Ille-et-Vilaine et de la Loire-Atlantique. », et bien non monsieur Guigui, pas d'erreur, « Bretagne » veut bien dire « Bretagne »... à moins que la définition du Larousse soit une « tromperie » ? Illégale peut-être pour les dirigeants de l'AVB ?


Il vient de me dire par messagerie (LinkedIn) : « je ferai le max pour une Bretagne viticole à 4 et sachez que j'ai suffisamment de relations pour y arriver.  », merci de cet aveu monsieur Guigui, je m'en doutais bien mais c'est ce que je voulais lire noir sur blanc (pour en garder une copie, je garde systématiquement des copies de toutes les perles de l'AVB-ARVB pour en faire une étude critique à publier). C'est donc logique et totalement conforme à sa réécriture de l'histoire viticole de la Bretagne, on ne peut donc pas être plus explicite sur les intentions de ces gens-là... Dans sa vaine « quête » du « Graal » viticole il se comparait à « Lancelot du Lac », se prendrait il maintenant pour le seigneur breton « Caradoc au grand bras » (Caradawg Freichfras) ou pour le dieu celtique « Lug au bras long » (Lugh Lámhfhada) ?


                                       Dernière page du livre. Sans faute de breton,

                                                ça ferait plus sérieux et crédible...



Vigne et pommier à cidre en Bretagne.


Concernant l'histoire viticole de leur « Bretagne » amputée d'un département, les membres du Landerneau viticole voit dans les profondeurs de l'histoire de la vigne un peu partout, un peu à la manière des celtomanes qui voyaient des Celtes partout. Il s'agit de justifier des termes « renouveau » et « renaissance », or ce passé viticole supposé est très largement exagéré. Il faudrait d'ailleurs vérifié si les « vigne » de la toponymie ne sont pas la forme mutée d'un vieux mot « mign ˃ ar vign » (marais - le marais) en Bretagne bretonnante, ou si les « vigne » de Haute-Bretagne ne serait pas apparenté à un mot du patois normand (pour nommer l'ajonc). J'ai vérifié l'un des soi disant témoignages pour le Trégor (22), un texte médiéval en latin qui n'est rien d'autre qu'un exercice de modèle de lettre pour étudiant, avec un contenu irréaliste (voir dans le blog).


Il faudrait faire tout un travail de recherche, mais il ne répondrait pas aux attentes et aux espoirs des néo-vignerons, c'est certain ! C'est très cruel... mais les mots « renouveau » et « renaissance » sont donc tout à fait inappropriés au nord de Vannes et Redon. Il n'y a de tradition viticole qu'en Bretagne méridionale, et le cidre c'est très bien aussi, ma région de Guérande était une zone de transition, on faisait du vin et du cidre.


La géographie agraire explique qu'une culture tend à s'étendre à l'ensemble des espaces où elle est écologiquement possible. Plus on s'éloigne de l'aire où les conditions de production sont optimales sur la plan écologique, moins les rendements sont élevés et réguliers, et plus les coûts de production s'élèvent, cela conduit à l'élimination de cette production pour cause de rentabilité insuffisante ou de non rentabilité. L'obtention des résultats économiques les plus favorables (l'optimum économique) passe donc par une spécialisation en accord avec les conditions écologiques locales (cas du vignoble de la Bretagne nantaise). Mais il n'est pas utile d'approfondir dans ce domaine technique de la géographie agraire, on peut se contenter de ce que disait le très moqueur Noël du Fail au XVIe siècle sur le vin de son Pays de Rennes : l'un des plus âpres et verts du royaume (Contes d'Eutropel).


On ne peut pas écarter l'histoire du climat (réf. Emmanuel Le Roy Ladurie) dans l'histoire viticole et cidricole de la Bretagne. Un épisode de réchauffement climatique appelé « Petit optimum médiéval » a touché très clairement les régions de l'Atlantique nord entre le IXe et le XIIIe siècles, il est suivi par une période climatique froide principalement localisée sur l'Atlantique nord aussi et ayant eu lieu entre le début du XIVe siècle et la fin du XIXe siècle. Cela explique de façon tout à fait satisfaisante les attestations médiévales (vins de messe essentiellement) et le remplacement des mauvais vignobles septentrionaux par des vergers de pommiers à cidre.


Pommier à cidre au nord (Cidrerie Kerisac, Guenrouet, 44), et vigne au sud (Muscadet, 44).


La disparition des vignobles du nord de la Haute-Bretagne (Pays de Rennes et de Saint-Malo) est donc justifiée par la très mauvaise qualité de ces vins septentrionaux (il n'aurait pas disparu sinon), leur remplacement par le cidre était inévitable et une bonne chose (mieux vaut un cidre fermier qu'une vilaine piquette, à mon goût). Le recul s'explique aussi par le développement du commerce médiéval du vin qui amenait dans la région des vins d'une bien meilleure qualité et à prix abordable. C'est l'histoire de Bretagne, elle me convient très bien, j'aime le bon vin et le bon cidre ; inutile d'étirer abusivement l'histoire dans un sens qui la rendrait plus conforme à nos rêves ou fantasmes.


Bien que cette histoire viticole soit relativement simple à comprendre, et accessible puisqu'il existe une documentation historique sérieuse sur le sujet, on trouve des gens pour dire qu'il n'y aurait pas de tradition viticole en Bretagne ! Je pense par exemple à une interview sur la chaine Tébéo de Pierre Collorec, l'un des responsables de la vigne associative du Braden à Quimper, qui affirmait il y a quelques années, et sans rougir, qu' « il n'y a pas de passé viticole en Bretagne » (https://www.youtube.com/watch?v=THouiJfkDWM). A t-il lu le livre de Guy Saindrenan ( 'La Vigne & le Vin en Bretagne'), on peut en douter aussi (à quoi sert de faire des études historiques et de publier des livres si personne ne les lit ?). J'y vois un double complexe (supériorité vs. infériorité) :

- Certains Finistériens ont tendance à croire qu'eux seuls sont bretons, la « vraie » Bretagne c'est eux, voire le Pays bigouden de Pierre Jakez Hélias.

- Et petite jalousie inavouée par rapport à la Bretagne méridionale, puisqu'il n'y a évidemment pas de tradition viticole dans le Finistère.

Ce n'est pas qu'une simple et grossière erreur historique, ou un « oubli », c'est un gros mensonge, il y a bien volonté d'écarter la Loire-Atlantique de l'histoire de Bretagne.


Le cidriers bretons en général, véritablement bretons eux, sont plus enracinés dans leurs terres et ancrés dans leur terroir que les néo-vignerons de l'AVB, ils connaissent l'histoire cidricole de la Bretagne. La Cidrerie de Kerisac est une véritable institution en Loire-Atlantique, elle est située à Guenrouet (nord-ouest du département), et comme le nom de la commune l'indique, on est bien en Bretagne nantaise. Et cette cidrerie revendique son identité bretonne traditionnelle, rien de plus naturel pour ce genre de produit de terroir, tout comme le Muscadet avec la gastronomie bretonne des fruits de mer ! Personne, dans le milieu du cidre, n'a encore pensé à réécrire l'histoire cidricole de la Bretagne ou à saisir la Répression des fraudes...


                                  Du cidre breton en Loire-Atlantique : Verboten !

                        


Faut-il supprimer et interdire le mot « Bretagne » en Loire-Atlantique ?

Oui, apparemment, car il serait « illégitime » chez nous comme le prétendent les dirigeants de l’AVB. Que faire des noms de commune de Loire-Atlantique comme : « Fay-de-Bretagne », « La Meilleraye-de-Bretagne », « Le Temple-de-Bretagne », « Montoir-de-Bretagne », « Sainte-Reine-de-Bretagne », « Vigneux-de-Bretagne ». Si un néo-vigneron avait un projet à Vigneux-de-Bretagne, la bien nommée, faudrait il prohiber la mention « Bretagne » du nom de sa commune dans l'adresse sur l'étiquette ? Ce serait de la fraude ?


                      Drapeau de Nantes Drapeau du Vignoble nantais

                                            Verboten , verboten, alles ist verboten !


Le « Château des ducs de Bretagne » (situé à Nantes comme chacun sait, capitale historique de la Bretagne), faut-il lui trouver un autre nom pour se conformer aux injonctions de la police politique de l'AVB ? Et les noms des immeubles nantais remarquables, comme la « Tour de Bretagne » (centre-ville de Nantes) et le « Sillon de Bretagne » (Saint-Herblain), faut-il les renommer ? Et la nantaise « Anne de Bretagne » porte t-elle aussi un nom « illégitime » ?


   Livre d'heures de la nantaise Anne de Bretagne (du Berligou de son père ?) : Verboten !


Le « Sillon de Bretagne » c'est d'abord un relief qui structure le Pays nantais, un coteau orienté sud-ouest. Il fait partie du domaine armoricain, il est associé à la branche sud du cisaillement sud-armoricain qui traverse toute la Bretagne. Il s'étend sur une trentaine de kilomètres de Nantes à Pontchâteau et forme un escarpement qui marque fortement le paysage, son point culminant se trouve au Temple-de-Bretagne (91 mètres d’altitude).

Si un néo-vigneron s'installait sur le Sillon de Bretagne, un site parfait pour un renouveau viticole, faudrait il lui interdire de donner ce joli nom - bien local - à son domaine viticole ? Ce serait de la fraude ?


Ici, sur le Sillon de Bretagne, le terme « renouveau » prendrait tout son sens, comme dans le Pays de Guérande, la presqu'île de Rhuys et le Pays de Redon.


                          « Vin du Sillon de Bretagne » ça sonnerait bien : Verboten ! 


Quant au « Berligou » cépage et vin des Ducs de Bretagne, cultivé et produit dans la demeure de campagne des ducs près de Nantes, faudra t-il supprimer toute mention des princes de Bretagne à son sujet ? Ce serait de la fraude ? Les vignerons bourguignons ont le droit de faire référence à leurs ducs dans toute leur communication sur leurs vins, mais pas les vignerons nantais d’après la très jacobine censure viticole. Le nom du lieu-dit « Berligou » ne sonne t-il pas trop breton aussi, il conviendrait certainement de modifier ce joli toponyme, et lui donner une allure plus Val de Loire !



                                               Référence aux Ducs de Bretagne et à

                                                 leur château de Nantes : Verboten ! 


Et l'expression traditionnelle « vin breton », dont ils ne connaissent pas la signification historique, veulent ils aussi nous en interdire l'usage en Loire-Atlantique ? Ce serait de la fraude ?


                    « vin breton du pays » (Guérande), fin de la 4ème ligne, XVe siècle,

                                    document historique dérangeant : Verboten !


L’identité du Vignoble nantais.

Cette identité, c’est d’abord et évidemment les « Marches de Bretagne », issues d’une histoire mouvementée entre le Duché de Bretagne et son puissant voisin. Il s'agit de marches défensives tout le long d'une frontière politique, marquées par une suite de forteresses. Il y a eu un projet pour l’inscription des Marches de Bretagne au Patrimoine mondial de l’UNESCO, c'est dans ce cadre qu'a été mis en place un réseau touristique.


                                            Places fortes des Marches de Bretagne.


D’ailleurs, ces marches bretonnes sont encore bien ancrées dans la mémoire collective dans la région du Vignoble nantais, devrait on interdire aux vignerons nantais de faire référence à leur passé historique, un passé local bien visible à Clisson (l’une des forteresses des Marches de Bretagne) ? La mention « Marches de Bretagne » ce serait de la fraude ?


                                  Référence aux « Marches de Bretagne » : Verboten !


La référence aux « Marches de Bretagne », là où se trouve précisément le Vignoble nantais, est donc impossible, impossible de rappeler ce passé historique local dans la promotion des vins nantais. Mais pour qui se prennent ils ???


L’identité du Vignoble nantais c’est aussi la frontière douanière (marquée par la ‘Pierre de Bretagne’ d’Ingrandes) entre la Bretagne (province d’État) et le Val de Loire jusqu’à la Révolution. Cette frontière a eu des conséquences dans l’histoire viticole (des deux côtés), elle a joué un rôle important dans la typicité des vins nantais, tout autant que leur appartenance à un espace maritime et océanique. Parler de cette frontière douanière dans la promotion d'un vin nantais, pour se démarquer de l'océan des vins du Val de Loire, ce serait de la fraude ?


                Clisson et sa forteresse défendant la frontière du Duché de Bretagne.


 Autre forteresse des Marches de Bretagne : Oudon et son château surplombant la Loire.


 Pont d'Ancenis : hermine côté Duché de Bretagne, fleur de lys côté Royaume de France,

              difficile d'échapper à l'histoire de Bretagne dans les Coteaux d'Ancenis.


D’après l’étymologie celtique de son nom, Ingrandes (49) indique une limite qui date de la protohistoire entre un peuple armoricain (les Namnètes / de Nantes), c’est-à-dire un peuple à l’identité maritime (« Aremorica » en celtique = « [pays] près de la mer »), et les peuples de l’intérieur des terres, sans contact direct avec l’Océan. L'AVB a aussi un problème avec notre identité maritime, ça fait trop breton à leur goût... De même, le vignoble préphylloxérique dans le Pays de Guérande était situé sur une étroite bande littorale de Guérande à Pénestin, c'est ce que l'on appelle l' « armor » (arvor) en breton, et « Larmor » est un toponyme bien attesté dans les communes du littoral guérandais. Si un néo-vigneron d'Assérac, ma commune d'origine, voulait nommer son vin « Vin de l'Armor », ou pire « Gwin an Arvor » en breton (la langue traditionnelle du Pays de Guérande), l'AVB demanderait elle l'intervention de la 'Répression des fraudes' ?


        L'Armor d'Assérac (Archives Départementales de Loire-Atlantique) : Verboten !

                 

Et puis, la Bretagne nantaise c'est aussi la Haute-Bretagne gallèse, la moitié orientale de la Bretagne, qui parle traditionnellement un dialecte gallo-roman d'oil, dit « gallo », à Nantes, comme à Rennes, Saint-Malo, Saint-Brieuc... Dans l'administration ducale, on parlait de « Bretaigne gallou », du Pays de Nantes au Pays de Rennes on trouve exactement la même culture bretonne gallo-romane : la culture gallèse. Les ignares qui seraient tentés par une définition ethnique de la Bretagne, c'est-à-dire une Bretagne celtique (de langue bretonne...), ne se rendent pas compte que c'est alors toute la Haute-Bretagne gallèse qui ne serait plus bretonne, et pas uniquement la Bretagne nantaise !


Le Bretagne est double, comme la Belgique, et personne l'aurait l'idée saugrenue de dire que les Wallons seraient moins Belges que les Flamands... Ou que les Québecois seraient moins Canadiens que les Canadiens anglophones, ou que la Suisse romande serait moins Suisse que la Suisse alémanique, ce serait complètement stupide ! Parfois, on croise en Bretagne (ou ailleurs...) des gens, sous-cultivés en matière de Bretagne, qui osent affirmer que la Loire-Atlantique serait moins bretonne que les autres départements (voire pas du tout) ; on est pourtant bien exactement dans la même situation que le Québec, la Wallonie ou la Suisse romande... raisonnement déficient et produit d'une ignorance crasse.


                                                Carte de Bretagne : Verboten ! 


Cette ancienne carte de Bretagne est très intéressante (il y en a d'autres), puisqu'elle indique la limite linguistique traditionnelle, on a parlé breton en Loire-Atlantique jusqu'au début XXe siècle, les enfants nés dans les villages bretonnants de Batz à la fin XIXe ou au début XXe siècle sont décédés dans les années 1960-80. Il y a bien un millénaire qu'on n'a pas parlé breton en Ille-et-Vilaine...


                    Carte ancienne du Pays de Retz et du Marais breton : Verboten !


Et faire appel à une célébrité locale comme le philosophe Pierre Abélard, né au Pallet (Vignoble nantais), et surtout connu pour sa liaison amoureuse et tragique avec Héloïse, est-ce illégitime ? Dans « L’histoire de mes malheurs » il a écrit sur sa patrie comme il dit (« patriam meam » à l'accusatif) : « Ego igitur, oppido quodam oriundus quod in ingressu minoris britannie constructum, ab urbe Namnetica versus orientem octo credo miliariis remotum, proprio vocabulo Palatium appellatur. / Quant à moi, je suis natif d’une place-forte construite à l’entrée de la petite Bretagne, à huit milles à l’est de Nantes (je crois), qui porte le nom propre de ‘Le Pallet’ ».


                                           Abélard de petite Bretagne : Verboten !  


Abélard de Bretagne : Verboten !


Le mot « Bretagne » appartient il à des gens d’aussi petite culture en matière de Bretagne, et à des vignerons qui ne sont même pas tous bretons ? Il faudrait que ces gens aillent jusqu’au bout de leur bêtise… L’ignorance crasse en matière d’histoire et de culture bretonne fait des ravages dans le Landerneau viticole...


         Drapeau breton à l'Hôtel de ville de Nantes : Verboten, verboten, VERBOTEN !!!



Confusion dans les labels.

Julien Lefèvre ajoute que le projet du nouveau syndicat serait « aux antipodes de celui de l’AVB, engagée autour de l’interdiction des pesticides de synthèses… », mais c’est un argument d’une parfaite mauvaise foi. Le Syndicat des Vignerons de Bretagne n’a pas pour objet de faire la promotion de tel ou tel type de viticulture ou de vinification. Il est en effet totalement neutre à ce sujet et ne prend pas parti. Le Syndicat des Vignerons de Bretagne est ouvert à tous, sans esprit sectaire, chacun est totalement libre. Le but de cette organisation n’est pas de s’y chamailler mais de réunir autour d’un projet breton.


Le SVB n’a pas pour objet d’œuvrer contre les méthodes viticoles des néo-vignerons de la région administrative, il serait parfaitement malhonnête de le laisser croire. L’AVB devrait donc éviter d’inventer n’importe quel prétexte fantaisiste (les pesticides) pour écarter le nouveau syndicat. On ne comprend pas très bien le lien de ce pseudo argument avec le projet IGP.


La seule et unique dimension qui importe pour ce nouveau syndicat, c’est le territoire breton dans son intégralité, ou plus précisément le terroir breton ; seule compte l’attachement à ce terroir et à notre tradition viticole, ainsi qu’à la Bretagne, à son histoire, à sa culture et à sa gastronomie. Dans un univers viticole où la notion de terroir a pris une importance considérable, ça ne devrait pas être bien difficile à comprendre. Un terroir ça ne s’invente pas, ce n’est pas une marque commerciale. Un terroir s’appuie sur une histoire longue et sur une tradition viticole. On ne peut pas tricher avec ce mot. Quand on entend le mot « terroir » on entend aussi le mot « tradition », et on devine les siècles d'histoire que sous-entend le mot. L’objectif du syndicat est donc de réunir l’ensemble des vignerons de la Bretagne historique autour du terroir breton.

      Vignes de la dune de Pont-Mahé (Assérac 44 / Pénestin 56) dans les années 1950,

     mon grand-père gardait les vaches sur cette dune, des pieds de Gros-plant ont été retrouvés récemment lors des défrichements d'aménagement (site Natura 2000). 



Mais qui sont donc les gens de l’AVB ?

On s’interroge, en effet. L’AVB serait elle une organisation militante qui excommunie les vignerons qui penseraient mal ? Les vignerons nantais qui ont créé le nouveau syndicat seraient ils des pestiférés avec qui on ne se mélange pas ? On aimerait le savoir. Si l’AVB est une association de vignerons bios, très bien, parfait, pourquoi n’est-ce pas clairement affiché dans le nom de cette association, le nom aurait pu être « Association des Vignerons Bios de la Région Bretagne », là il n’y avait plus de problème, ni sur l'identité bretonne de ses membres, ni sur le type de viticulture, ni sur le territoire géographique ! Et puis si ce n'est pas « bios » mais « biodynamiques », il serait bien aussi que le public breton en soit informé. Moi j'aime bien savoir si le prix élevé d'un vin est dû à la mention marketing « biodynamie » ou à la qualité réelle du vin, j'ai trop souvent été déçu.


Du sectarisme chez les dirigeants l’Association des Vignerons Bretons ?

On ne peut pas deviner d’après son nom qu’une « Association des Vignerons "Bretons" » exclue tous ceux qui ne pratiqueraient pas la « bonne » viticulture. On dirait que certains adeptes de la très mystique viticulture biodynamique (cas des membres du bureau de l’AVB, semble t-il) rejettent les autres vignerons comme des mécréants, n’est-ce pas un peu sectaire ? Est-il normal d’induire le grand public en erreur sur la nature de cette association (ça a été mon cas jusqu’à présent), et de faire un hold-up sur la viticulture bretonne ?


Contrairement à l’AVB, le Syndicat des Vignerons de Bretagne est donc ouvert à tous et n’exclut personne, il est parfaitement apolitique, et il est compatible avec tous les types de viticultures. À chacun ensuite de pratiquer et de faire librement la promotion de sa propre méthode selon ses très légitimes convictions, et tant mieux si c’est une viticulture agroécologique. Une bonne partie du C.A. du Syndicat des Vignerons de Bretagne est d'ailleurs en viticulture biologique...


              Site internet d' Édouard  Massart (Château-Thébaud, 44), membre du SVB.


Ou biodynamique...


               Site internet de Jacques  Carroget (Anetz, 44), secrétaire adjoint du SVB.


Et à ce sujet on peut d’ailleurs encore s’interroger : n’y aurait-il pas comme une petite contradiction entre la viticulture vertueuse qu’ils défendent et le fait de se réjouir du réchauffement climatique pour enfin réaliser son rêve de vigne et de vin ? Car à lire les innombrables articles de presse sur le soi disant « renouveau » viticole dans le Finistère, les Côtes-d’Armor ou l’Ille-et-Vilaine, on a vraiment l’impression que c’est une aubaine... C’est pourtant une catastrophe écologique, humanitaire ET viticole. En voilà donc une agroécologie vraiment sincère.... et quand ils osent parler de la « sincérité » des vignerons nantais, je ris ! Mais bon, ça fait rabat-joie de rappeler tout ça, n’insistons pas !

               Vigne de Noah d'un autre Josso, abandonné en 2019 pour cause d'âge,

                           le vieux vigneron est très compétent et faisait un bon vin.


Comme son nom l’indique clairement, l’appellation IGP : « Indication Géographique Protégée » identifie un produit agricole par son origine géographique, l’IGP protège les produits agricoles ou alimentaires dont les caractéristiques qualitatives dépendent essentiellement ou exclusivement du milieu géographique, des produits qui ont une histoire et une tradition dans leur terroir (on en revient donc à la notion de terroir). Pour le bio, il existe d’autres labels, et on est aussi d’avis qu’il faut aller dans ce sens, l’agroécologie c’est bien le sens de l’histoire, mais c’est un tout autre sujet.



Il existe bien un terroir breton !

Est-ce politiquement incorrect de l’affirmer ? Les anciens vignobles de la presqu’île de Rhuys (Gros plant) et de Redon (Muscadet) ne sont pas séparables du Vignoble nantais, le vignoble de Pénestin (56) appartient à celui du Pays de Guérande (44), il est complètement absurde de vouloir les séparer par des limites administratives récentes.


La notion de terroir s'appuie sur une profondeur historique que ne peut pas avoir la région administrative (créée en 1956), à moins de se lancer dans l'aventure incertaine du révisionnisme historique et de réécrire l'histoire viticole de la Bretagne. Le terroir ne concerne d'ailleurs pas que la viticulture mais tous les produits agricoles (et culturels : dialectes, costumes, danses..., on parle par exemple de « terroir de danse », voir les travaux de l'ethnologue J.-M. Guilcher).


La diversité des produits réputés de la gastronomie bretonne a ainsi été célébrée au début XIXe siècle par Théophile-Marie Laënnec, maire de Quimper, frère de Guillaume Laënnec (médecin-chef à l’Hôtel-Dieu de Nantes), et père de René Théophile Laënnec (le créateur du diagnostic médical par auscultation et du stéthoscope). Dans un texte truculent de 1809, il donne une longue liste de produits du terroir breton renommés à l’époque : « Pour un Breton, le plaisir le plus grand est de boire et manger ; le plus grand plaisir après celui là est de manger et boire... Entouré des bœufs de Carhaix ; des veaux de Machecou ; des moutons de Plouézec et de Pontcroix...  de ces aloses, de ces lamproies, de ces vives succulentes dont l’Erdre dispute à la Loire le privilège de couvrir les tables nantaises... des framboises de Landerneau ; des muscats de Nantes ; des poires de Quessoy ; des angéliques de Châteaubriant... Je croyais toujours voir la main du sévère Hypocrate écrire sur les murs de ma salle : INDIGESTION. Aux rives du Gouet, de la Loire ou du Blavet, l’indigestion était… le mal de la bonne compagnie. »


                             Carte gastronomique de la Bretagne de 1929 : Verboten !


Tout cela ne serait que mensonge et affabulation, Il faudrait donc corriger les livres d'histoire de Bretagne et les traités classiques de gastronomie bretonne. Il faudrait aussi rééditer et alléger de moitié, au moins, le livre politiquement incorrect de Guy Saindrenan sur « La Vigne & le Vin de Bretagne », l'auteur de cette bible de notre histoire viticole ose traiter en effet de la Bretagne et non de la région administrative...


Et que faire du réseau frauduleux « Produit en Bretagne »? Le traîner devant les tribunaux pour « tromperie » ? Curieux, j'ai comme le vague sentiment que ces néo-vignerons n'obtiendront pas ce label...


                                       Réseau « Produit en Bretagne » : Verboten !



Loïc Fourure.

L’autre coprésident a un propos encore plus scandaleux : d’après lui, le fondateur du syndicat « a fait ça seul, dans son intérêt et celui de ses copains, pour pouvoir mettre une hermine sur ses bouteilles, pour mieux les vendre »… C’est assez violent et insultant encore, plutôt lourds ces gens. Dans la bassesse on ne fait pas mieux, il ne se rend même pas compte de l’ignominie de ce qu’il raconte. C’est repris des propos tout aussi consternants de Gérard Alle, l’ancien président de l’ARVB (Association pour la Reconnaissance des Vins de Bretagne) qui disait dans une conférence à Quimper (Ti ar Vro, 12 juin 2021, 17mn30) : « [les Nantais] sont intéressés par cette question du vin breton parce que ça leur permettrait... d’aller sur le marché du tourisme en Bretagne... un marché très juteux »…


Cela démontre qu’il y a eu une réflexion collective entre dirigeants de l’AVB et de l’ARVB (son président actuel, un Bourguignon…, est président d’honneur de l’AVB, on peut deviner les connivences). L’intérêt des vignerons nantais pour le terroir breton (leur terroir), et leur « démarche » manqueraient de « sincérité », osent prétendre ces grands spécialistes et amoureux sincères de la Bretagne… Leur seule et unique motivation serait donc le « fric » (pour rester dans leur registre vulgaire), alors que l’appropriation du marché du vin breton par des néo-vignerons – pas toujours bretons – de la région administrative serait parfaitement désintéressée... Quelle honnêteté intellectuelle Loïc ! Moralement, il est pourtant un peu plus décent de s'inscrire dans un marché breton du vin réel, qui date du Moyen-Âge, que de vouloir exproprier les vignerons nantais (et bretons !) de leur marché traditionnel, surtout quand on n'est pas breton, n'est-ce pas monsieur le Chtimi ?


On croit rêver, c’est le monde à l’envers, le ridicule ne tue pas !

Dans le discours inversé et délibérément provocateur de l’AVB, des vignerons n’auraient pas, ou plus, le droit d’accéder à un marché vieux de plusieurs siècles. Mais c’est évidemment le contraire qui se passe. Ces gens veulent s’approprier le marché du « vin breton » pour eux seuls, il leur faut éliminer la concurrence du vignoble historique de la Bretagne, ils ont une démarche absolument mesquine et égoïste.


Ils excluent non seulement les viticulteurs professionnels déjà installés du Vignoble nantais, mais ils excluent aussi toute la Loire-Atlantique, ainsi que tous les projets similaires aux leurs dans ce département (hors appellations nantaises), ceux-là ne seraient donc ni nantais, ni « bretons », ils seraient exclus de partout ! Ils sont plusieurs dans ce cas en Bretagne nantaise et dans le Pays de Guérande. Il serait bien que l'AVB-ARVB s'interroge un peu à ce sujet, car jusqu'à présent : rien à cirer !

Exemple d'un projet viticole de Loire-Atlantique similaire à ceux des néo-vignerons de la région administrative (une reconversion), installée dans le Pays de Châteaubriant, la viticultrice est donc hors appellations nantaises, elle n'est donc ni nantaise ni « bretonne » puisqu'elle est exclue d'office par l'AVB.


Ils savent qu’ils ne pourront pas faire de meilleurs vins qu’en Bretagne nantaise, qu’ils devront vendre leurs vins beaucoup plus chers que ceux du Vignoble nantais, que la viabilité de leurs projets est incertaine. Ils comptent donc sur l’attachement profond des Bretons aux produits régionaux pour se développer et sur le tourisme de masse. Ils ont bien réfléchi à leur projet collectif, leur réussite dépend du marketing identitaire, or, ce marketing identitaire est bancal puisqu’ils nient la réalité historique et qu’ils s’inventent un terroir imaginaire déconnecté de l’histoire viticole de la Bretagne. Prennent ils les consommateurs bretons pour des imbéciles et des naïfs ? Personne ne sera dupe de la supercherie, s’en rendent ils compte ?

         Déchaussement d'une vigne avec un cheval de trait breton, Sillon de Bretagne.



Quelle identité viticole fictive pour la région administrative ?

Les gens de l'AVB (et de l'ARVB) veulent encore « dessiner une identité à ces nouveaux vins bretons » (leurs vins), là on est dans le registre du comique, comment pourrait-il y avoir une identité viticole « région administrative » différente de la Bretagne nantaise ? Cela démontre des faiblesses dans leur connaissance du terroir, voire de bases scientifiques et historiques élémentaires sur la notion de terroir.


Quand on veut définir un terroir, il faut être en mesure de distinguer scientifiquement ce terroir des territoires voisins. Or, il n'existe aucune limite géologique ou climatique qui permettrait de séparer la région administrative de la Bretagne nantaise ! Ces gens vivent dans un monde imaginaire, une Bretagne imaginaire. La Bretagne historique partage à l’évidence la même géologie armoricaine, le même climat breton, le même passé historique, la même identité culturelle bretonne, tout ce qui constitue un terroir. Et si on se limitait à la géologie et au climat, c'est bien l'ensemble du Massif armoricain qu'il faudrait considérer comme un terroir (mais je ne suis pas vraiment convaincu que les vignerons de l' « Anjou noir » y seraient favorables, qu'ils accepteraient de se séparer de l'autre Anjou et du Val de Loire, de leur identité historique). On ne peut pas oublier ou écarter volontairement la dimension humaine de la notion de terroir, ce sont bien des générations et des générations d'hommes qui ont fait les terroirs (il faut lire et relire le grand Roger Dion : « la géographie physique est souvent impuissante à expliquer... »).


La Bretagne est un espace historique très ancien, avec une culture propre et une identité forte. On ne peut pas écarter d'un revers de main la dimension humaine et historique du terroir sous prétexte qu'elle n'arrange pas nos petites affaires, on doit donc définir la Bretagne par son histoire et sa culture, ainsi que par une communauté humaine partageant un sentiment d'appartenance. Comme je disais au sujet du livre de P. Guigui, la Bretagne ne peut être que la Bretagne.


Et la Bretagne nantaise ne fait plus que du Muscadet et du Gros-plant, elle se diversifie, avec les mêmes cépages qui sont et seront utilisés dans les autres départements bretons, la distinction ne pourra donc pas se faire non plus par les cépages (il n'y a d'ailleurs pas d'unité dans leur encépagement). Ou veulent ils interdire aussi certains cépages aux vignerons nantais, ou aux néo-vignerons de la Loire-Atlantique ?


Tout leur discours au sujet d’une soi disant identité viticole « région administrative  Bretagne » est complètement creux et vide de sens, c'est une farce grotesque, mais il faudrait être sympa et faire semblant d’y croire. Et les 'sachants' à qui ils font appel (climatologie, droit viticole...) et qui se prêtent à cette mascarade d'un terroir région administrative, ils se ridiculisent eux-mêmes en s'alignant sur un terroir breton amputé de son département méridional ! Aucune des régions administratives ne forme un terroir viticole...


Moi qui suis originaire d'une zone de limite administrative (départementale et « régionale »), et qui connais parfaitement les lieux (géographie, histoire, culture...), je n'ai jamais remarqué la moindre différence géologique et climatique de part et d'autre de cette limite... ni de différence culturelle ou de sentiment d'appartenance ! N'est-ce pas étrange ? Je ne dois pas être très bon dans mon domaine. Suis-je si incompétent que je n'ai pas remarqué dans ma propre région des différences si évidentes pour les grands « spécialistes » du terroir de l'AVB-ARVB ? De Guérande à Sarzeau (terroir de l'Aunis-Chenin), on a pourtant le sentiment d'être dans le même espace (le littoral de ce que les géographes nomment le « Mor bras »).


Les communes morbihannaises et « bretonnes » administratives du Pays de Guérande ont eu le mauvais esprit et l'indécence de ne pas se tourner vers l'autre côté de la Vilaine lors de la création des « pays » (intercommunalité), mais vers Guérande (Cap Atlantique) ; le sentiment d'appartenance au Pays de Guérande, et la réalité géographique, ont été plus forts que les découpages administratifs. Et que penser du Pays de Redon, écartelé entre trois départements et deux « régions » administratives, une belle aberration administrative, proposer un changement à cette situation surréaliste serait aussi politiquement incorrect, sans doute... et un néo-vigneron du sud du Pays de Redon ne pourrait pas prétendre au même terroir de Redon !


                         Massif armoricain Climat océanique


Dans quelques décennies, quand il y aura quelques centaines de néo-vignerons en Bretagne (?), hors Vignoble nantais, on pourra envisager de petits terroirs viticoles sur le modèle des Crus communaux du Muscadet, en fonction de la géologie locale ou d'un mésoclimat particulier. Mais à l'échelle de la Bretagne il est impossible de séparer la Bretagne nantaise du reste de la Bretagne, le prétendre n'est que manipulation des réalités géologique et climatique, une véritable « tromperie » (comme ils disent au sujet de l'usage de l'hermine à Nantes)...


Contester l’identité bretonne de la Loire-Atlantique.

« Notre association s’étend sur les quatre départements, et on ne veut aller au-delà, précise Loïc Fourure », sous-entendu les 4 départements « bretons ». Leur maître à penser, P. Guigui, ne dit-il pas dans son petit livre : « La Bretagne regroupe le Finistère (29), les Côtes-d’Armor (22), le Morbihan (56) et l’Ille-et-Vilaine (35). » ?...


La Bretagne ne se résume pas aux quelques clichés que partagent des Bretons sous-cultivés (on disait « sots-Bretons » au XIXe siècle, une locution traditionnelle à reprendre…) et les touristes, et encore moins à ce qu’en dit la propagande malhonnête et malintentionnée des jacobins (tout aussi incultes en matière de Bretagne). Il n’existe que deux Bretagne, la « Grande Bretagne » et la « Bretagne Armorique », la « Région Bretagne » n’est pas la Bretagne puisqu’il lui manque un département ; la Bretagne a été royaume, duché indépendant puis province d’État réputée étrangère, avant d’être découpée en CINQ départements à la Révolution. L’unité de la Bretagne repose sur une péninsule au centre de l’Europe atlantique, lieu de passage obligé du commerce maritime entre l’Europe méridionale et l’Europe septentrionale. Cette situation géographique particulière la met au cœur d’un réseau de routes maritimes qui ont fait son histoire, toutes les grandes périodes de l’histoire de Bretagne montrent que sa prospérité économique est toujours liée à ce vaste réseau d’échanges sur la façade atlantique (le commerce du vin n’y échappe pas !), cela a créé des intérêts communs qui ont soudé – depuis l’Armorique celtique au moins – les habitants de la péninsule. L’unité de la Bretagne c’est aussi une géologie (le Massif armoricain) et un climat océanique (dit « climat breton »). C’est bien la géographie qui a fait la Bretagne ; notre histoire commune, depuis qu’il y a des hommes dans cet espace, repose sur cette géographie. Tout cela a forgé une culture commune, une identité forte et un sentiment d’appartenance, qui dépasse largement la dichotomie linguistique (breton / français régional). La Bretagne c'est donc les cinq départements issus de l'ancienne province lors de la Révolution, n'en déplaise à ces gens.


Quand on vit dans la langue et la culture bretonne, que l’on connaît la géographie, l’histoire et l’ethnologie de la Bretagne, autant d’inculture est sidérant ! C'est un peu comme s'ils arrivaient d'une autre galaxie...


Mais si l’un des responsables de l’AVB ou de l'ARVB conteste l’identité bretonne de la Loire-Atlantique, il va falloir que ce savant vigneron nous explique en quoi Fougères serait plus bretonne que Clisson (deux forteresses des Marches de Bretagne), en quoi Rennes / Roazon (capitale choisie par les rois de France) serait plus bretonne que Nantes / Naoned (capitale choisie par les ducs de Bretagne), en quoi la région de Saint-Brieuc (moins de 10 % de toponymes bretons) serait plus bretonne que la région de Saint-Nazaire (plus de 30 % de toponymes bretons), en quoi Morlaix / Montroulez serait plus bretonne que Guérande / Gwerrann (deux villes de la Bretagne bretonnante) ? Mystère, ils sont où leurs arguments géographique, historique, ethnologique, linguistique, viticole, gastronomique… qui justifieraient notre effacement de la Bretagne ?


Et ces soi disant « Bretons », pourront ils aussi nous expliquer tout cela en langue bretonne ? Étant donné les fautes ridicules qu’ils font dans leur « breton », on en doute ; c’est un emploi uniquement symbolique, le breton ils s’en fichent éperdument, c’est juste pour la vitrine et pour faire breton. On le constate d'ailleurs dans la devise de l’ARVB : « Bevet gwin vreizh ».


                                                        Site internet de l'ARVB.


Il n’y a pas, en effet, de mutation consonantique dans le complément du nom (génitif : « vin DE Bretagne »), et si on faisait de « Breizh » un adjectif (c’est un nom…) il faudrait que le mot qui le précède soit féminin pour qu’il y ait mutation, or « gwin » (vin) est masculin... Il n'y a pas de majuscule non plus, « Breizh » est pourtant un nom propre comme « Bretagne »... Mais la langue bretonne, ils s'en contrefichent, c'est juste pour la com, pour faire « terroir » ! Ne serait-ce pas - précisément - ce que les dirigeants de l'AVB nomme un : « manque de sincérité » ???...


S’accaparer une identité : ambiance casque colonial et mépris en bandoulière.

On n'est pas en Algérie au XIXe siècle, les colons ne peuvent pas organiser le territoire en fonction de leurs intérêts personnels, et dans le plus grand mépris de la culture et de l'histoire des indigènes.


Même l’identité maritime de la péninsule armoricaine, ils veulent l’interdire aussi à nos vins blancs secs nantais, produits phares de la gastronomie bretonne des fruits de mer, serait-ce aussi une identité usurpée, réservée à eux seuls ? Il semble que oui ! Ils ne connaissent rien de l'identité bretonne, mais elle leur appartient, à eux seuls, la Bretagne administrative est leur terrain de jeu privé. 


Pour pouvoir en dire ce qu'ils veulent, et l'adapter à leur projet viticole, on leur conseille un gigantesque autodafé avec tous les livres sur la Bretagne : son histoire, sa géographie, sa culture, ses langues, sa musique traditionnelle, ses danses, ses costumes, son histoire viticole, les classiques sur sa gastronomie…etc…etc... du passé faisons table rase !

Au contraire de l’AVB, le SVB s’inscrit complètement dans la tradition et l’histoire viticole de la Bretagne, dans le prolongement de la distinction traditionnelle entre les deux catégories de vins dans le « Creu de Bretaigne » (comme disaient nos Ducs). Et en effet, une distinction était pratiquée au Moyen-Âge dans la fiscalité du duché breton, et qui s’est perpétuée dans la province de Bretagne jusqu’à la Révolution, et au-delà dans l'usage. Ainsi, on distinguait les petits vins de pays de consommation locale (dit « vins bretons », comme ceux du Pays de Guérande / Bro Gwerrann en Loire-Atlantique) des vins de meilleure qualité (qualité commerciale) de l’appellation nantaise. Les néo-vignerons de la région administrative utilisent l’expression « vin breton » sans avoir la moindre idée de sa signification historique, un détail sans doute…


                                             « Vin breton » de Guérande : Verboten !

Même s'ils cultivaient essentiellement des cépages hybrides (Noah surtout, Oberlin, Othello, Léon Millot...), les vignerons guérandais traditionnels de la dernière génération, mes informateurs, connaissent très bien l'ancien cépage autochtone, dit « l'Aunis  » chez nous (mais pas son identité réelle : le Chenin), leurs grands-parents en cultivaient, j'en connais qui ont mangé du raisin de « l'Aunis  » enfants avant les années 1950. Certains d'entre eux, les plus passionnés, se souviennent aussi de la locution « vin breton », comme ils se souviennent encore du « mouton breton », descendant de l'ancien « Mouton des Landes de Bretagne » retrouvé en 1976 dans les Marais de Brière. La propagande lourde et quotidienne des « paysdelaloire », financée par le contribuable, n'a eu aucun effet sur eux, ils sont Bretons, point !



Mauvaise foi déconcertante des néo-vignerons.

Le nouveau syndicat n’est évidemment pas concerné par les appellations nantaises actuelles (elles existent déjà), il s’intéresse à tous les autres vins produits en Bretagne, une démarche qui repose sur la diversification du Vignoble nantais, ainsi que sur le développement de la viticulture dans le reste de la Bretagne (en raison du réchauffement climatique et de la libéralisation du droit de plantation). De même, le syndicat est profondément attaché à la notion de terroir, le terroir dans toutes ses dimensions, c’est sa raison d’être. Et le terroir breton, c’est la péninsule armoricaine et les influences maritimes qui vont avec, la riche géologie du Massif armoricain, le climat océanique, une histoire et une culture commune, une identité bretonne forte et bien identifiable… tout cela nous le partageons, la réalité géographique et historique est têtue, n’en déplaise à certains.      

Pourquoi, Loïc Fourure, autre coprésident de l’AVB, dit : « on se sent attaqués » [sic] ? Tandis que son collègue coprésident hargneux ajoute : « on ne va pas se laisser faire ». Mais qui « attaque » dans cette affaire ? Ceux qui s’inscrivent depuis toujours dans un terroir traditionnel et une très longue histoire du « Cru de Bretagne » ? Ou ceux qui s’inventent un pseudo terroir viticole en écartant d’un revers de main l’histoire viticole de la Bretagne ?


Concernant l'IGP Bretagne.

L. Fourure et J. Lefèvre tiennent encore un discours inversé, puisque l’idée d’un projet IGP Bretagne a déjà quelques années derrière elle, c’est Maxime Chéneau, vigneron professionnel à Mouzillon (44), qui en est l’initiateur, il a commencé à y penser dès 2010. Un article dans ‘Le Point’ mentionne ce projet en 2014. L’idée fait petit à petit son chemin chez les vignerons professionnels du ‘Comité des Vins Bretons’ (créé en 2011) et des ‘Vignerons Artisans de Bretagne’ (créé en 2015). Elle a ensuite été proposée en 2018 aux vignerons amateurs de l’ARVB (d’où est issu l’AVB) lors de leur Assemblée Générale de 2018 (à Sarzeau, 56), donc longtemps avant la création de l’AVB (créé en 2021). Le projet est présenté une nouvelle fois, début 2022, au bureau de l’AVB, sur le site du Lycée de Kerplouz (Auray), l’idée avait semblé les intéresser, mais c’était trop tôt pour eux car aucun vigneron de la région administrative n’avait encore produit de vin.


    Nos deux grands comiques de l'AVB se sentent « attaqués » par un projet qui est né longtemps avant qu'ils imaginent une reconversion dans la viticulture, comme on dit :

                                                       le ridicule ne tue pas !


Étrange, curieux, bizarre, insolite, rocambolesque, extravagant... en effet de se sentir « attaqués » par un projet qui n’était pas un secret, plus  vieux que leur association, plus anciens que leur envie de devenir vigneron. Ils ont créé une nouvelle association professionnelle sans même avoir cherché à se rapprocher des organisations déjà existantes en Bretagne, malgré les tentatives nantaises (c’est bien ce qu’on appelle de la mauvaise foi, il me semble). C’est à se demander si la création de l’AVB n’a pas pour seul et unique objectif de s’opposer par tous les moyens aux organisations professionnelles bretonnes et au projet IGP Bretagne à cinq départements ?


Et c’est en effet ce qu’ils veulent, ils ne s’en cachent pas : créer une IGP sans la Bretagne nantaise, pour des raisons mercantiles très éloignées de la notion de terroir. Ce serait une IGP fourre-tout, sans unité, sans identité, sans passé viticole, sans terroir géologique et climatique particulier et distinct des départements voisins, une sorte d'IGP purement administrative à l'opposé même de la notion d'IGP, une aberration administrative de plus.


Comment pourraient ils justifier de l’exclusion de la Bretagne nantaise du terroir breton ? Quels pourraient être leurs arguments géologique, climatique, historique, identitaire… qui justifieraient un terroir breton amputé d’un 1/5ème ? La Bretagne n’est pas née en 1956 lors de la création des régions administratives. Comment créer une IGP sans s’appuyer sur une histoire et une tradition viticole, l’histoire viticole de la Bretagne, une histoire qui a commencé il y a presque deux millénaires ? Leur « terroir », sans références scientifique et historique, serait un produit de leur imagination, une « tromperie » comme ils disent. Du grand n’importe quoi et ils ne s’en rendent même pas compte !    


Pied de Madeleine noire (des Charentes), chez moi près de Vannes, les analyses génétiques ont montré que ce cépage ancien est l'un des parents du Merlot, du Côt-Malbec, de l'Abouriou... c'est sur les bord de Rance qu'il a d'abord été retrouvé. 

Le courrier menaçant de l'AVB au Syndicat des Vignerons de Bretagne.

Ces gens ont fait pire, ils ont écrit dans un courrier surréaliste au président créateur du syndicat breton : « notre association est la seule légitime, pour représenter le vignoble breton » ; le Comité des Vins Bretons et Vignerons Artisans de Bretagne, créés longtemps avant l’AVB, ne le seraient pas… La création récente du syndicat n’est que l’étape administrative nécessaire pour concrétiser un projet IGP qui a mûri durant plusieurs années. Ils n’ont pas daigné participer aux débats avec les vignerons nantais durant toutes ces années, puis ils feignent ensuite « une grande surprise » d’être conviés à l’assemblée constitutive du syndicat.

Ils ont aussi dans ce courrier des exigences d’une absurdité abyssale, ils « invitent » en effet les vignerons nantais à « cesser immédiatement » l’utilisation de symboles bretons, ils n’ont honte de rien, ça fait un peu ayatollah à mon goût, ils veulent nous interdire d’utiliser nos propres symboles, à commencer par l’hermine. Nous autres de Loire-Atlantique, nous aurions fait main basse sur ce symbole local, dont l’origine remonte aux ducs de Bretagne, Nantes est pourtant la cité de nos ducs.


L'hermine n'est pas bretonne à l'origine, elle a été amenée en Bretagne par Pierre de Dreux dit « Mauclerc » (de la maison capétienne de Dreux), qui devient baillistre (régent) du duché de Bretagne et du comté nantais par mariage en 1214 à l'héritière de la Bretagne. C'est donc avec ce prince capétien (et donc pas breton du tout) que l'hermine entre dans la symbolique des princes de Bretagne. Nantes a été le premier point de fixation de cette nouvelle dynastie bretonne, et c'est Pierre Mauclerc qui a construit les nouveaux remparts et agrandit la ville. En 1316, le duc Jean III de Bretagne dit « Le Bon » change d'armoiries, il retire l'échiqueté et la bordure appartenant aux Dreux : la brisure d'hermine devient les armes plaines du duc de Bretagne.


Evolution du blason des Ducs de Bretagne :

effacement de celui de la maison de Dreux.


L’Ordre de l’Hermine a été créé en 1381 par le Nantais Jean IV, duc de Bretagne (mort et inhumé à Nantes, capitale du duché), dit « Le Conquérant », premier duc de la nouvelle dynastie des Montfort ; c’est l’un des ordres honorifiques les plus anciens en Europe. La fondation de l’Ordre de l’Hermine par Jean IV affirme la prééminence ducale sur l’ensemble de la noblesse bretonne et une volonté d’unité autour du souverain. L’Ordre de l’Hermine a été restauré en 1972, il est géré maintenant par l’Institut Culturel de Bretagne, le Collier de l'Hermine distingue des personnalités ayant œuvré pour la Bretagne, son identité et sa culture. C’est donc une récompense que ne pourront jamais obtenir ceux qui œuvrent contre l’intégrité territoriale de la Bretagne…

 

Le duc Jean IV épouse en 1386 Jeanne de Navarre à Guérande (44), ils sont les parents du duc Jean V de Bretagne. La construction de la cathédrale (actuelle) de Nantes est lancée en 1434 par le duc Jean V, elle est le reflet de la puissance, de la prospérité et des ambitions du duché de Bretagne. On constate donc toute l’absurdité qu’il y a à vouloir interdire l’hermine en Loire-Atlantique, il s’agit bien d’un symbole breton, lié aux Ducs de Bretagne, ET évidemment nantais.


     Tombeau de François II, dernier prince de Bretagne, dans sa cathédrale de Nantes.

                               Blason herminé en plein centre de Nantes : Verboten !


L'atelier monétaire de Nantes frappait monnaie pour les Ducs de Bretagne, les pièces portent évidement leur blason herminé, et au revers la lettre « N » pour Nantes :


Monnaie de François II de Bretagne, 1458-1488, Nantes. 


Les gens de l'AVB ne savent même pas que c’est en Loire-Atlantique que l’on trouve le plus de communes ayant un blason herminé en Bretagne, et de loin, près d’une commune sur deux, c’est dû à la présence des ducs de Bretagne dans leur capitale de Nantes ; proportion à comparer avec les Côtes-d’Armor (département de Julien Lefèvre) où c’est une commune sur cinq, et l’Ille-et-Vilaine (13 % …). 


                   L'hermine des Ducs de Bretagne sur la bouteille nantaise : Verboten !


Le coteau de Guérande, au dessus des marais salants, était couvert de vignes autrefois (sujet de mes articles). On y cultivait un cépage nommé « l'Aunis » (forme bretonne « Launic »), entre Guérande et Pénestin (le vignoble guérandais), et jusqu'à Sarzeau ; et on produisait ce que l'on appelait traditionnellement du « vin breton » (le cépage a été identifié il y a plus de cent ans, il s'agit du Chenin). Faudra t-il interdire à un vigneron guérandais l'usage de l'expression locale traditionnelle « vin breton », et prohiber aussi le blason de Guérande, sous prétexte que les hermines font référence à l'appartenance bretonne de la ville ?

                                         

       Guérande cité des Ducs de Bretagne,

                                                       armoiries de la ville : Verboten !


Ce blason étant « illégitime » et une « fraude » flagrante vis-à-vis de la « vraie » Bretagne, l’œuvre d’extrémistes bretons sans aucun doute possible, et l’hermine n’étant pas un symbole local d’après de savants néo-vignerons, faudra t-il effacer au marteau piqueur le blason herminé en bas-relief sur la porte principale des remparts de la ville de Guérande ?


                    Illuminations bretonnes sur les remparts de Guérande : Verboten !


Vont-ils exiger aussi que les gendarmeries de Loire-Atlantique changent leur blason herminé ?


      Blason des gendarmes nantais (des intégristes bretons certainement...) : Verboten !


Ainsi que la Chambre interdépartementale des notaires bretons (attachée à la cour d’appel de Rennes), dont ceux de la Loire-Atlantique évidemment :


Hermine des notaires nantais (des fanatiques bretons sans aucun doute...) : Verboten !


Et la commune de Sainte-Hermine en Vendée (donc hors Bretagne), doit-elle être rayée de la carte, et faut-il aussi censurer son blason herminé ? Et que faire des blasons herminés des communes de Mortrée (Orne) ou de Vétheuil (Val-d’Oise), etc…, ou d’ailleurs comme en Grande-Bretagne ? Tout cela il faudrait l’éradiquer ? Est-ce aussi de la fraude ?


Voici des exemples de la manière dont les vignerons du Pays nantais faisaient spontanément la promotion de leurs vins avant que la région administrative des « paysdelaloire » n'exercent de lourdes pressions politiques sur les habitants de la Loire-Atlantique, notamment par une intense propagande quotidienne financée aux frais du contribuable (idem avec le « valdeloire » viticole...) :


                                    Le prix de l' « Hermine d'Or » : Verboten !

 

La bouteille nantaise avait « six "hermines" en relief qui confirme le caractère breton des terroirs de production » des vins nantais (voir l'article ci-dessous). La géologie locale aurait elle changé en cinquante ans au point que le caractère breton ou armoricain du terroir nantais aurait disparu, s'agirait il d'un bouleversement géologique sans précédant dans l'histoire géologique de la terre ?  


Article de 'Presse-Océan', le quotidien régional du département de la Loire-Atlantique, du 14 août 1968 (avant le rachat de ce journal par le très jacobin O.F., il avait une ligne éditoriale ancrée naturellement dans l'identité historique du département, après c'en était fini de l'indépendance éditoriale).


Longtemps avant que le journaliste Pierre Guigui n'y exerce, le « Gault et Millau » n'aimait déjà pas le Vignoble nantais, d'où des réactions agacées :


                                         Armor Magazine de septembre 1971. 


                                     L' « Hermine d'Or », es ist immer noch verboten !

                       

           « Vins bretons » en Loire-Atlantique : VERBOTEN, VERBOTEN, VERBOTEN !!!


Le terme « confrérie » apparait au Moyen-Âge pour exprimer une réunion de personnes unis par un intérêt commun et cette appellation a conservé durant plusieurs siècles une connotation médiévale pour devenir folklorique au XIXème siècle. Les confréries représentent le témoin des temps passés, elles sont les ambassadrices des produits qu’elle défendent, et transmettent aux générations futures le respect d'un terroir et la fierté d'une tradition. Les confréries représentent donc une part importante du patrimoine culturel. L'ordre des Chevaliers Bretvins est l'une de nos deux confréries bachiques en Bretagne.


Cette confrérie a été créé en 1948 (avant le création des régions administratives) pour faire la promotion des vins du Pays Nantais et de la cuisine régionale, et pour « maintenir le folklore haut-breton et respecter les traditions régionales » (François Midavaine, Muscadet, coll. « Le grand Bernard des vins de France », éd. Jacques Legrand, 1994 ; page 44), les buts de l’ordre indiquent « sans ambiguïté le caractère breton de la confrérie » ; son nom fait référence à la nantaise Anne de Bretagne, dite « la Brette », c’est-à-dire la Bretonne, son siège a longtemps été au Château des ducs de Bretagne à Nantes. 


Ces chevaliers Bretvins portent chacun une hermine : des fanatiques bretons certainement !


Il y aura-t-il un de ces jours un hurluberlu qui osera exiger l’interdiction de la « croix occitane » en Provence, sous le prétexte farfelu que la Provence ne serait pas (ou plus…), occitane ? Difficile de croire ou d’imaginer un tel délire, c’est pourtant qui arrive à la Bretagne nantaise avec l’hermine…



La censure chtimi dans le vignoble breton.

De quel droit, le très cocasse Loïc Fourure, qui est originaire du nord de la France, voudrait interdire à des Bretons l’usage d’un symbole breton ? C’est complètement délirant ! Un Chti, qui n’y connaît visiblement pas grand-chose à la Bretagne, décide de qui est breton et de qui ne le serait pas, de qui a le droit d’utiliser un symbole breton en Bretagne et de qui n’en aurait pas le droit ; dans son parler pittoresque on lui dirait : « Ch’est tout carabistoulles chu qu’ té dis ! ».

De même pour le « triskell », qui n’est pas un symbole spécifiquement breton mais un très ancien symbole celtique commun à l'ensemble de l'espace celtique de l’Europe de l'Âge du Fer (même avant et au-delà...), et dont ils voudraient nous interdire l’usage aussi. Le « triskell » appartient au patrimoine commun de l'Europe protohistorique celtique, un immense espace qui s'étend de l'Écosse au nord de l'Italie, de l'Armorique à la Roumanie. Dans ce vaste territoire où s'étendait la Civilisation celtique (domaine des archéologues et des linguistes), est-ce que seul le territoire de la Loire-Atlantique n'aurait pas le droit de faire référence à ce passé protohistorique ? Ils sont où les arguments archéologiques et linguistiques qui permettraient d'exclure le territoire de ce département de l'espace celtique ? Les gens de l'ARVB-AVB vont-ils aussi réécrire l'histoire de l'Armorique et nous en exclure ? César se serait-il tromper en classant le peuple celtique des Namnètes (Nantes) parmi les peuples armoricains ?


Soit ce vieux symbole est le patrimoine commun de toutes les populations actuelles peuplant l'ancien espace celtique d'avant les conquêtes romaines, soit il appartient aux populations restées celtique jusqu'à nos jours, c'est-à-dire parlant l'une des six langues celtiques modernes (seul critère objectif de celticité de nos jours). Si l'on voulait chipoter jusqu'au bout de la bêtise, on pourrait se demander s'ils sont vraiment légitimes pour s'approprier un motif qui symbolise la celticité ? Sont-ils locuteurs d'une langue celtique ?


Le « triskell » est aussi un symbole d'unité dans la diversité qui convient particulièrement bien à la Bretagne, d'où son succès en Bretagne, la Bretagne est une et multiple, avec une diversité de terroirs qui fait sa richesse culturelle de Clisson à Ouessant. Le « triskell » serait-il devenu la propriété privée de l’AVB, un logo protégé par l'INPI, et veulent ils contrôler son usage par les Bretons ? Y aurait-il « tromperie », comme ils disent, si les quelques vignobles de Cornouailles britannique et du Pays de Galles utilisaient eux aussi le « triskell », ou leur fatwa ne cible t-elle que la Bretagne nantaise et en particulier le Vignoble nantais ?


Irlande Pays de Galles Armorique


Normandie Tarn Danube



                                         Triskell sur la belle bouteille du bien nommé

                                          « Château de la Bretonnerie » : Verboten !  


Le « triskell » est bien évidemment utilisé en Loire-Atlantique comme partout ailleurs en Bretagne, c'est la cas par exemple pour le sel de Guérande, l'autre produit phare du département. 


Si un néo-paludier, originaire du Chnord, voulait interdire aux Guérandais l'usage du « triskell », ou la mention du label « Produit en Bretagne », ça se passerait encore plus mal, dans ce coin de Bretagne les indigènes ont l'identité bretonne chevillée au corps.


Les deux coprésidents de l’AVB veulent encore nous interdire l’usage du drapeau breton, dont ils ne connaissent visiblement rien de l’histoire et du symbolisme, l’une des bandes noires représente la Bretagne nantaise… Le drapeau breton a été créé par l'architecte Morvan Marchal, un militant fédéraliste (être fédéraliste, comme partout en Europe sauf en France, c'est déjà être un extrémiste selon les partisans de l'idéologie jacobine). Il est inspiré du drapeau américain, symbole de modernité après la guerre 1914-18, une époque où la Bretagne était dans une situation de misère et d'archaïsme ; les bandes blanches et rouges représentant les 13 premiers états fédérés d'Amérique (modèle fédéral). Le drapeau breton a lui 9 bandes représentant les 9 entités du découpage traditionnel de la Bretagne (et non les 5 départements issus de la Révolution). Il y a quatre bandes blanches pour les quatre pays de la Basse-Bretagne (Bretagne occidentale de langue bretonne), et cinq bandes noires pour ceux de la Haute-Bretagne (Bretagne orientale de langue française). Le noir et le blanc sont repris de l'ancien drapeau, et symbolisent cette dichotomie linguistique bretonne ; la carré herminé est repris du blason des Ducs de Bretagne (résidant à Nantes...).


                                             Drapeau breton et local : Verboten !


La division ancienne entre « bas pays » et « haut pays » est un héritage (un archaïsme) de la cartographie chrétienne médiévale, où l'Orient et le soleil levant se trouve en haut de la carte (carte TO), le soleil symbolisant Jésus éclairant le monde (même chose pour la Normandie, le Poitou, la Bourgogne...). C'est une division essentielle si on veut comprendre la Bretagne, puisqu'elle recoupe (approximativement) deux espaces linguistiques différents : la Bretagne brittophone (bretonnante) à l'ouest (le breton est une langue celtique), et la Bretagne francophone (gallèse, parlant un dialecte gallo-roman d'oil dit « gallo » ) à l'est. La Bretagne est double, comme la Belgique, et la « Bretaigne gallou » comme disaient les Ducs de Bretagne dans leur administration n'en est pas moins bretonne que la « Bretagne bretonnante », chacune est bretonne à sa façon.


              Carte de Bretagne, divisée en Haute et Basse Bretagne, J-B Nolin, 1695. 



Confiscation du mot Bretagne.


Nos sympathiques dirigeants de l'AVB vont jusqu’à l’interdiction du mot « Bretagne » en Bretagne nantaise, alors que le Vignoble nantais est situé précisément dans les « Marches de Bretagne », une zone frontalière qui a marqué profondément l'identité locale, ainsi que sur le « Sillon de Bretagne » autrefois (qui traverse le Pays nantais), ou dans le Pays de Guérande traditionnellement de langue bretonne ! Le Vignoble nantais doit être le seul et unique vignoble au monde à qui on voudrait interdire toute référence à son passé historique...


Le nom de cépage « Melon de Bretagne », donné par les vignerons nantais à une mutation rouge du Melon blanc (de Bourgogne) doit sans doute être prohibé aussi !


                                                 « Melon de Bretagne » : Verboten !


Même le nom breton de la Bretagne nous est interdit, le mot « Breizh » (prononcé [brεx] dans le breton de Guérande) est pourtant bien attesté en Loire-Atlantique (Émile Ernault, Étude sur le dialecte breton de la presqu'île de Batz, 1883).


L'historien breton Alain Bouchard (c. 1440-1520), secrétaire du duc de Bretagne et familier de la reine Anne, est natif de Batz en Guérande, il est l'auteur des 'Grandes croniques de Bretaigne' qui exaltent l'histoire des Bretons depuis leur origine troyenne (légende médiévale) jusqu'à la mort du duc François II (en 1488 à Couëron près de Nantes, en son domaine du Berligou). Étant Guérandais il dit, tout comme moi : « Je suis Breton natif du pays de Bretagne ». Au sujet de la langue bretonne, il a écrit : « En cette principauté y a neuf sièges cathédraux, dont un est de long & ancien temps archevêché & les autres sont évêchés ; en trois de ces évêchés, comme Dol, Rennes & Saint-Malo, on ne parle que la langue française ; en trois autres, Cornouaille, Saint-Paul & Tréguier, on ne parle que la langue bretonne, qui est assurément le propre langage de la ville antique de Troie ; & en Nantes, Vannes & Saint-Brieuc, on parle communément français & breton. » ; puis il précise le concernant : « Et supplie... s'ils y trouvent quelques tournures de langue mal ornées, par défaut d'élégance ou d'un style plaisant, qu'ils le tiennent pour excusé, attendu qu'il est natif de Bretagne et que français et breton sont deux langages très difficiles à prononcer de manière intelligible par une même bouche. ».


                    Référence à la langue bretonne en Loire-Atlantique : Verboten !


Il n'appartient pourtant pas à des gens qui ne parlent pas un mot de breton de décider de qui peut utiliser un mot breton en Bretagne ; mais depuis la création de l'AVB, il faut dorénavant demander l'autorisation au Chtimi pour utiliser le mot « Breizh » !


  Le mot « Breizh » : Verboten !



Si le Château des Ducs de Bretagne à Nantes représente le siège du pouvoir exécutif dans l’ancien duché, il existe un autre bâtiment remarquable qui représente lui le pouvoir judiciaire de la Province d’État : le Parlement de Bretagne à Rennes. Le Château des Ducs de Bretagne et le Parlement de Bretagne sont des symboles forts de l’Histoire Bretonne, et les édifices principaux du patrimoine des villes de Nantes et de Rennes. Le Parlement de Bretagne était une cour de justice, cour souveraine rendant principalement des arrêts sur appel des sentences de juridictions inférieures ; il possédait également des prérogatives législatives l’autorisant à affirmer une certaine autonomie à l'égard du pouvoir royal. Après la Révolution, et dans le prolongement de son histoire, le Parlement devient la cour d’appel de Rennes (1804). Malgré des découpages administratifs, la Bretagne reste la Bretagne en matière judiciaire. Un juge pourrait il ignorer cette réalité historique, passer outre cette autre définition de la Bretagne et exclure le département de la Loire-Atlantique de la carte judiciaire de la Bretagne ?


  La Bretagne judiciaire, issue de la Province de Bretagne : Verboten ! 



N'est pas Dany Boon qui veut dans le Chnord !

La chute de ce mauvais sketch est carrément « nul à chier », on excusera l'expression de ma colère, voyez vous même :


Même la représentation d’un phare, oui j’ai bien dit : un PHARE, un des « éléments évocateurs de la Bretagne » comme ils disent, nous est interdit par ces gens-là ! On est ici dans l'irrationnel le plus total, l'irrationnel des ayatollahs, même notre identité géographique la plus évidente nous est interdite par ces gens-là ! Une mauvaise foi incroyable qui montre et démontre leurs mauvaises intentions. Car ici, il ne s'agit plus de remettre en cause l'identité historique et ethnographique de la Bretagne nantaise, c'est la négation aussi de la réalité géographique ; quel esprit tordu a pu imaginer une telle fatwa ? L'outrance vire au délire complet, il leur faut éliminer la Loire-Atlantique par tous les moyens, même les plus grotesques ; heureusement, le ridicule ne tue pas !!!


Des phares il n'y en a sans doute qu'en « Bretagne » administrative, c'est une spécificité « *bretonne » administrative que nous envie certainement le reste du monde. La Loire-Atlantique est décidément un département très à part en Bretagne, contrairement aux autres ce ne serait pas un département maritime ; il n'y a pas de ports de pêche chez nous, ni de ports de plaisance, ni de port de commerce, ni de marais salants, ni de construction navale, ni de plages, ni de stations balnéaires, ni de fleuve, ni d'estuaire, ni de climat océanique franc... et il n’y aurait donc pas de phares…


                                     Le Croisic, Pays de Guérande, Loire-Atlantique,

                                            n'est ni un port ni un toponyme breton !


Contrairement à ce que dit la légende de cette carte postale , ce n'est pas un phare, mais un moulin, n'est-ce pas Loïc et Julien ? Et puis le nom du lieu : « Tréhic » (traezhig) n'est pas authentique, il est sorti de l'imagination de l'éditeur, un fanatique breton...


Là ils ont atteint un summum dans l’absurdité, pour ne pas dire un autre mot, même notre identité maritime (accord Muscadet / gastronomie marine) ils veulent nous l’interdire !!! Julien Lefèvre, qui cultive des vignes à Merléac (Côtes-d'Armor) dans le centre Bretagne, est particulièrement bien situé géographiquement pour se permettre de nous interdire le phare comme symbole locale ; lui qui ose parler de « légitimité », il aurait lui toute légitimité - évidemment - pour mettre un phare sur l'étiquette de ses futurs vins... Quelle honnêteté intellectuelle Julien !


                             Référence au « phare » et à l'identité maritime : Verboten !


Gastronomie bretonne des fruits de mer en Loire-Atlantique : Verboten !


La confrérie des « Gastronomes de la mer », installée dans la commune de La Chapelle-Heulin, a été créée en 1968 à l’initiative de Donatien Bahuaud (important négociant du Pays nantais), et a pour objectif la promotion du Muscadet au travers de la gastronomie marine. Son fils, Jacques Bahuaud, constatait que « l’océan est proche et, au milieu des vignes, on le sent, il se devine. La vocation marine des deux vins de Loire-Atlantique est affirmée avec force et conviction par tous les marins et vignerons bretons » (Picoron Jean-Yves, Loire-Atlantique – Au pays du muscadet, éd. C.M.D., 1999 ; page 26). Le journaliste J.-Y. Picoron (du journal 'Presse-Océan') précisait en 1999 dans son livre sur le Muscadet : « il n’est point de gastronomie spécifiquement bretonne si elle n’est dûment accompagnée des vins si bien fait pour elle, et bretons de surcroît ». 


Erreur : la Loire-Atlantique n'est pas un département maritime, pas de mer, pas de phares !


Manifeste des Vins de Nantes.


Extrait de ce manifeste :

« Nous sommes vignerons du Muscadet et nous aimons l’océan. Passionnément. Parce qu’il frappe nos vins comme aucun autre dans le monde. Il tempère nos vignes, il marque la pierre de son ressac, il est porté par le vent... Nous sommes des vignerons océaniques : nos vignes voient partir les bateaux, germer des aventures. Et elles donnent naissance à des vins d’écumes, salés, iodés, mentholés. Des vins ébouriffants de la fraicheur de l’Atlantique... Nous sommes à l’embouchure de la Loire, contre l’océan. Nous vivons avec l’eau. Huîtres, langoustines, bigorneaux, coques, poissons grillés ou au beurre blanc, cuisses de grenouilles : elle est notre vivier, notre agence matrimoniale ; ses mariages sont éternels.

L’eau a déteint sur nous, nous sommes devenus des marins de la vigne. Comme eux, nous encaissons les tempêtes, nous ne lâchons pas la barre : les vignerons tiennent à leurs vins, ils se battent jusqu’au bout... ».


Les professionnels du tourisme ne sont pas très doués, l'Océan : Verboten !


Si cette histoire de « phare » est éminemment grotesque, il en est de même pour l'hermine et le triskell. Tout ce délire de l'AVB n’est rien d’autre qu’un dénie maladif de la réalité historique, la négation de l’histoire de Bretagne et de sa géographie. Toutes ces oukases ubuesques s'apparentent à un appel à la répression politique, à une volonté d'effacer notre histoire et notre culture, d'anéantir notre identité traditionnelle, une démarche que les ethnologues nomment ethnocide.


Jusqu’où ira cette inquisition viticole ? Leur fatwa contre la Bretagne nantaise va les faire connaître un peu mieux en Bretagne, ces gens-là vont se faire une belle réputation, il faudrait les y aider en rendant public leur courrier pitoyable...



Les oublis dans les menaces de l'AVB.


Je vais tenter de me faire aussi stupide que les dirigeants de l'AVB, c'est pas gagné. Dans leurs revendications agressives et surréalistes, les dirigeants de l'AVB ont fait quelques oublis, il existe en effet d'autres « éléments évocateurs de la Bretagne » comme ils disent qu'ils ne citent pas dans leur courrier, petit rappel pour leur prochain recommandé !


Ils ont par exemple oublié le « .bzh » pour les sites internet, « bzh » est l'abréviation du nom breton de la Bretagne (Breizh) que l'on trouve souvent à l'arrière des voitures, y compris en Loire-Atlantique, évidemment.



L'ajonc a été récemment élu plante emblème de la Bretagne par l'Institut Culturel de Bretagne (ICB), l'institut qui avait organisé un colloque sur les vins de Bretagne où les membres de l'AVB et de l'ARVB n'avait pas daigné mettre le nez. L’ajonc est porteur d’une puissante symbolique : il sait se défendre grâce à ses épines autant qu’il sait charmer par son parfum et la couleur or de ses fleurs. Comme chacun sait cette plante ne pousse pas en Loire-Atlantique puisque la géologie et le climat de ce département sont radicalement différents de la géologie et du climat des départements de la région administrative d'après de grands spécialistes soi disant bretons, ce n'est pas le même terroir... L'ajonc ne peut donc pas être utilisé comme symbole en Bretagne nantaise ! Il faudrait prévoir à l'avance, au cas où un vigneron nantais un peu rebelle et insolent tenterait de contourner les oukases de l'AVB sur l'usage de l'hermine et du triskell.


                                                     Ulex europaeus : Verboten !


Ils ont oublié aussi le nom traditionnel breton de Nantes : « Naoned », « Naffnet » en moyen-breton (1100-1650), c'est un vieux mot issu du nom du peuple celtique des « Namnetes », à qui ils veulent interdire un symbole celtique aux descendants... Voici quelques citations : « Naoünet, Nantes ville celebre de Bretagne sur l’embouchure de la Loire » (1716), « ceux de nos Bretons qui parlent plus correctement mettent l’article An devant Naünet, ce qui fait An-Naünet » (1716), « Nantes la jolie, tr. “Nauned ar goandt” » (1732), « N’heller ket komz eus a Vreiz pe eus ar Vretoned, hep komz eus a Naoned / On ne peut pas parler de Bretagne ou des Bretons sans parler de Nantes » (1910), « guin guen Nañned ou devo / ils auront du vin blanc de Nantes » ('Le breton usuel', 1934). Il faudrait certainement faire interdire l'emploi des expressions « gwin gwenn Naoned » (vin blanc de Nantes) et « gwin Naoned » (vin de Nantes), ça fait bien trop breton !


Est-ce que seule Rennes (où l'on a jamais parlé breton...) aurait le droit d'afficher son nom breton à l'entrée de la ville ? L'AVB va t-elle faire un procès à la ville de Nantes ? Rien de ce qui est breton n'est autorisé en Loire-Atlantique par ces gens-là, respectons les injonctions de l'AVB !


               « Roazhon » : légitime « Noaned » : Verboten !


Il conviendrait également d'interdire le mot breton « gwin » (vin), bien attesté dans le breton de Guérande (terroir viticole de Loire-Atlantique), ainsi que dans le lexique breton qu'a collecté à Nantes le chevalier allemand Arnold von Harff au XVe siècle (du breton de Guérande probablement, la langue de son contemporain : l'historien guérandais de la Bretagne Alain Bouchard, un proche du pouvoir ducal à Nantes) :


                                               Le mot « gwin » (vin) : Verboten !


Et pour finir en beauté, l'AVB pourrait demander conseil à leur brillant professeur de droit viticole sur la bonne manière à suivre pour faire dissoudre le « Comité des Vins Bretons », « Vignerons Artisans de Bretagne » et le nouveau « Syndicat des Vignerons de Bretagne », comme sont dissoutes les organisations extrémistes ou terroristes... Rien de mieux qu'une solution radicale pour éliminer un problème !



Le contexte est celui d’une économie viticole libérale.

Avant de faire de gros investissements, un entrepreneur doit réfléchir à la faisabilité et à la viabilité de son projet, sans exiger évidemment une interdiction de la concurrence locale pour augmenter ses chances de réussite ! Nous sommes dans une période plutôt difficile pour la viticulture, il y a surproduction alors que la consommation du vin est à la baisse (d'où arrachage de vignes). Ce ne sont pas les grands vins qui sont en crise, mais les autres, il serait donc sage d'étudier le marché de ces vins avant de commencer un projet viticole. Il n'est pas imaginable d'interdire un marché traditionnel à des vignerons en place depuis des générations pour qu'ils fassent de la place à des nouveaux qui n'ont pas encore produit et qui sont encore dans l'incertitude quant à la qualité de leurs futurs vins. Ça c'est surréaliste !


Un porteur de projet viticole doit avoir conscience des risques financiers qu'il prend, ça relève de sa seule responsabilité, il ne peut pas exiger qu'on oblige un autre vigneron - déjà installé depuis des lustres - d'aller vendre son vin ailleurs. Mais pourtant, pour vivre de leur rêve, ces néo-vignerons – pas toujours bretons je le répète – voudraient empêcher que les vignerons nantais utilisent leur identité historique et traditionnelle. Leur business plan est basé sur une situation artificielle de monopole, d’où leur agressivité envers ceux qui ne se conforment pas à leur caprice viticole.


Ils se sont convaincus, À TORT, que leur réussite dépend de l’interdiction de la concurrence de la Bretagne nantaise. Cette stratégie commerciale très polémique, forcément polémique en Bretagne, n’est-elle pas un peu suicidaire ? Il me semble évident que leur réussite ne dépend que d’une seule chose : LA QUALITÉ DE LEURS VINS, et non d’une attitude aussi méprisante et insultante envers les vignerons du midi de la Bretagne, à eux de faire la démonstration qu’ils peuvent faire de bons vins, c’est ce qu’on leur souhaite.


Concurrence et stratégie commerciale.

I La concurrence en économie.

L'économie place au cœur de ses réflexions la notion de concurrence, c’est bien un concept central et un élément essentiel de la dynamique économique. La concurrence est la rivalité entre plusieurs agents économiques pour acquérir des parts sur un même marché, en vendant des biens identiques ou similaires. La concurrence est donc une compétition entre des producteurs afin de capter une clientèle.

La concurrence exerce une pression entre producteurs, elle est un stimulant qui incite les entrepreneurs à se surpasser, favorisant ainsi la diversité de l’offre, des prix attractifs et une quête incessante vers plus de qualité ; la compétitivité par la qualité est une chance pour un secteur économique, une chance pour la viticulture bretonne. La concurrence incite les entrepreneurs à donner en permanence le meilleur d’eux-mêmes. Pour ne pas céder du terrain à des concurrents, les entrepreneurs doivent se distinguer et se démarquer entre eux. Et puis, un marché concurrentiel est synonyme de baisse des prix, l’une des manières les plus efficaces de gagner les faveurs d’un client est d’offrir un meilleur rapport qualité / prix, cela profite directement aux consommateurs potentiels.

La compétition est donc une incitation permanente à améliorer la qualité, et la qualité du vin est l’un des facteurs déterminants de la réussite en viticulture. Cette saine concurrence incitera les néo-vignerons de la région administrative à faire aussi bien que dans le vignoble historique de la Bretagne : le vignoble de Nantes.   

II La situation de monopole.

On peut fausser la concurrence par une situation de monopole sur un marché. Il en résulte que les producteurs en situation de monopole, ou qui espèrent obtenir ce monopole, tentent de restreindre l’accès à ce marché aux autres. Ceux-ci éprouveraient – si c’était le cas – des difficultés pour se maintenir sur un marché qu’ils fréquentaient bien avant les nouveaux venus (depuis des siècles dans le cas du Vignoble nantais). L’abus de position dominante consiste à adopter un comportement visant à éliminer, à contraindre ou encore à dissuader tout concurrent à se maintenir sur ce marché, ce qui fausse évidemment la concurrence.

Exclure une partie d’un territoire afin d’acquérir un avantage concurrentiel sur le reste de ce même territoire n’est pas vraiment loyal, c’est ce que tentent de faire les dirigeants des l’AVB. Tenter d’évincer des concurrents préexistants par des moyens artificiels, tels que le dénigrement, ou le recours à des arguments historiques et géographiques inexactes pour tromper le consommateur, est une bien curieuse stratégie commerciale.

III La stratégie commerciale.

La stratégie commerciale consiste à définir et mettre en œuvre des moyens marketing et commerciaux coordonnés afin d’atteindre des objectifs de conquête d’un marché. En d’autres termes, la stratégie commerciale est la mise en œuvre des moyens marketing visant à atteindre des objectifs commerciaux. Une étude approfondie permet à l'entrepreneur de mieux apprécier ce marché et d’être en mesure d’éliminer les obstacles qui l’empêcheraient de se développer. Il s’agit donc d’un élément essentiel dans un plan de développement (business plan). Une fois le marché et l’environnement analysés, et les cibles prioritaires déterminées, l’entrepreneur peut définir un plan de communication pour faire connaître son offre et trouver des clients (objectif des innombrables articles de presse sur les projets viticoles en région administrative). Il s'agit à terme pour lui de vivre de son projet, puis de faire progresser son chiffre d’affaires et ses parts du marché.


Premier site de la première page d'une recherche en écrivant « stratégie commerciale » dans la barre de recherche de Google, site d'une école de commerce.

La stratégie commerciale est donc essentielle pour tout entrepreneur qui souhaite réussir sur un marché concurrentiel. Cette démarche s’opère en plusieurs phases dont le « ciblage » et le « positionnement ».

Le ciblage consiste à choisir une population susceptible d'acheter un produit. L'objectif est de pouvoir ensuite se rendre attractif à ce groupe de consommateurs. La cible de l’AVB c’est le consommateur breton, or ici commencent les problèmes. Si l’État peut imposer un découpage administratif de manière autoritaire et sans consultation démocratique de la population concernée, il ne peut pas rentrer dans les esprits et contraindre les gens à « bien » penser. Une longue histoire, une riche culture, une identité si forte et un sentiment d’appartenance ne s’effacent pas par décret dans le Journal Officiel, même par une propagande intense relayée quotidiennement dans la presse provinciale subventionnée. Les dirigeants de l’AVB connaissent si mal la Bretagne, qu’ils ignorent le mécontentement et les résistances aux découpages absurdes qu’on nous a imposés, ils ignorent aussi les risques de forte polémique que leur exclusion de la Bretagne nantaise allait provoquer inévitablement, et la colère que leur oukase pour faire interdire l’usage d’un symbole aussi local que l’hermine allait faire naître. 

Le positionnement consiste à définir les caractéristiques et spécificités que l’on souhaite octroyer au produit afin de se différencier sur le marché. Le positionnement par différenciation permet à un produit d'être perçu comme unique vis-à-vis d'un groupe de consommateurs. L’objectif est de réussir à créer un produit reconnaissable qui attire et fidélise des clients tout en se différenciant de la concurrence. Se positionner sur une viticulture vertueuse et durable, en sous-entendant que les viticulteurs nantais dans leur ensemble seraient à l’opposé de cet objectif n’est pas d’une grande honnêteté… la majorité des membres du Syndicat des Vignerons de Bretagne travaillent en bio...



On a donc bien compris la motivation de ces gens-là.        

Une certitude, la Bretagne ils s’en fichent totalement, l’exclusion d’un 1/5ème du territoire breton en est une preuve suffisante. Le livre de Guy Saindrenan, « Le Vigne & le Vin en Bretagne » (la Bible sur le sujet), dont la moitié est consacré au Pays de Guérande et à la Bretagne nantaise, ne les a pas aidé à comprendre l'histoire viticole de la Bretagne, je doute qu'ils l'aient tous lu. On avait aussi remarqué leur grand intérêt pour l’histoire viticole de la Bretagne, lors de la présentation du livre d’Alain Poulard et Marcel Jussiaume sur le « Berligou – Le vin des ducs de Bretagne » au Festival Interceltique de Lorient en août 2022, aucun d’entre eux n’était venu… C’est pourtant un livre remarquable qui a obtenu le prix spécial du jury du concours international World Cookbook Awards « gourmand » de cette année-là, un livre qui devrait intéresser normalement tout viticulteur breton. Ils avaient encore brillé par leur absence au colloque organisé à Redon par l’Institut Culturel de Bretagne en octobre 2022 sur « Le vin en Bretagne ». On comprend bien qu’il soit compliqué de se présenter au milieu culturel breton en excluant la Bretagne nantaise, le révisionnisme ça passe mal chez nous, et ça passe mal aussi chez les gens cultivés, l’accueil n’aurait sans doute pas été très chaleureux. Idem pour le premier 'Salon des Vins Bretons' où ils n'ont pas mis les pieds...


       Premier 'Salon des Vins Bretons', Saint-Nazaire, 17 février 2024, une belle réussite ;

                   étrange ça n'a intéressé aucun des membres de l'AVB et de l'ARVB.


        Une belle et agréable journée entre professionnels et amateurs de vins bretons,

     ambiance populaire et conviviale, plein de bonnes choses à déguster et à découvrir.


Puisqu'il ne peut pas exister de terroir breton (géologique, climatique, historique, culturel) sans la Bretagne nantaise, quelle est la seule et unique raison qui pourrait expliquer l'exclusion de la Loire-Atlantique ? C'est évidemment la crainte de de pas réussir dans leurs projets viticoles du fait de la concurrence supposée du vignoble breton historique. Leur seule et unique motivation n'a rien à voir avec la notion de terroir, leur seul et unique motivation est économique, leur démarche est PUREMENT ÉGOÏSTE ET INTÉRESSÉE ! La « Bretagne » administrative amputée d'un département n'est que l'outil bien pratique qui leur assurerait artificiellement une rémunération. La région administrative ne doit être pour eux qu’une page blanche qui leur appartiendrait, où ils pourraient inventer une viticulture déconnectée de la réalité historique, c’est donc bien à l’opposé de l'esprit terroir qui anime la viticulture traditionnelle de générations en générations.


On se doute bien qu'il y aura une brève période de curiosité en région administrative, mais après ? Les consommateurs bretons et amateurs de vins en Bretagne ne sont pas idiots, ils feront à terme leur choix sur la qualité et des prix raisonnables par rapport à cette qualité, l'enjeux c'est bien la qualité. Il ne faut pas perdre de vue qu'il y a une crise, c'est un métier passionnant mais difficile ! Si la qualité est là en région administrative il n'y aura pas de concurrence avec la Bretagne nantaise puisqu'il y a de la place pour la qualité. Avec de la qualité, il y aura élargissement de la gamme des vins bretons, et c'est très bien ainsi, c'est aussi l'objectif d'une IGP Bretagne.


Autre interrogation : craignent ils aussi les critères de qualité qu'imposerait une future IGP Bretagne ? Une évidence, on est encore dans l'incertitude quant à la qualité des vins de tous ces projets viticoles, surtout dans la partie de la Bretagne qui n'a jamais été réellement viticole (contrairement à ce que ces gens affirment avec un peu trop d'enthousiasme). Il faudrait, à mon avis, que la future IGP Bretagne ait des exigences de qualité suffisantes, pour ne pas prendre le risque d'une image de petits vins. Alors qu'on trouve des vins remarquables dans les appellations nantaises, elles souffrent d'une image de petits vins populaires, ce qui contraint à des prix insuffisants pour le vigneron, très insuffisants parfois. L'Anjou voisine, qui ne produit pas nécessairement de meilleurs vins, bénéficie d'une image traditionnelle flatteuse qui lui permet de vendre (artificiellement) plus cher, un prix qui n'est pas toujours justifié par la qualité, ça m'a toujours choqué. Dans le Vignoble nantais, il serait bien, je pense, de distinguer les grands crus, des vins plus ordinaires ; on peut être déçu en achetant à l'aveugle, sans goûter, je n'achète plus qu'après avoir goûté et discuté avec le vigneron, et en cherchant on trouve des merveilles en Bretagne nantaise. Je ne vois pas trop comment il serait possible et imaginable, que les futurs vins de la région administrative soient meilleurs que ceux du sud Bretagne, c'est tout à fait improbable (en matière de climat le Vignoble nantais gardera évidement toujours un avantage si l'on en croit les études climatiques). Il me semble donc important que la future IGP ait des exigences de qualité suffisantes, qui pourraient exclure à terme certains vignobles, une source probable d'inquiétude...



                                                                  III - CONCLUSION :


La demande des vignerons nantais est évidemment légitime et justifiée, elle me semble tout simplement normale au vu de l'histoire viticole de la Bretagne et de tout ce qui constitue un terroir. Il me parait donc logique qu’un projet IGP Bretagne soit initié par des vignerons expérimentés du vignoble breton historique, les nouveaux venus dans le reste de la Loire-Atlantique (Sillon de Bretagne, Pays de Guérande…) et des autres départements bretons pouvant rejoindre ce projet dès qu’ils se sentent prêts. Vendre du vin est certes une nécessité pour un vigneron professionnel, mais cette nécessité ne justifie pas un comportement aussi odieux.


On leur renvoie donc leur propre compliment : ne seraient ils que des opportunistes ayant flairé le bon filon ? À chacun de juger de la justesse historique, de l’honnêteté et de la sincérité des arguments des uns et des autres. Pour moi, il ne fait aucun doute qu'ils veulent mettre le grappin sur un marché très ancien (Moyen-Âge) et prometteur de nouveau (avec tous les produits de terroir), et nous exproprier de notre terroir traditionnel. Ces gens ne craignent pas les contradictions, mais s'ils veulent utiliser la notion de terroir et l'identité bretonne dans leur marketing, ils ne pourront pas se contenter d'une définition administrative - et fausse - de la Bretagne. Un minimum de connaissances historiques et gastronomiques, un peu de bon sens et d'honnêteté intellectuelle, ça serait bien... Cesser d'insulter l'Histoire ça serait mieux !


Selon un autre article (OF, 15 mars 2024 : « ENTRETIEN. Selon ce juriste, “les vignerons de Bretagne [administrative] présentent déjà une identité” » [sic]), un grand spécialiste de l'identité bretonne... dit : il y aurait maintenant une menace concernant l’utilisation de la marque « Bretagne » [en Loire-Atlantique], la Répression des fraudes pourrait intervenir si elle considère que l’utilisation du terme « Bretagne » ou l’utilisation d’un « emblème breton » peut induire le consommateur en erreur : en droit cela relève des pratiques commerciales « trompeuses »... L'ignominie au carré ! Donc en gros, se dire Breton dans le midi de la Bretagne ce serait être un délinquant, ce serait de la fraude... il n'a pas peur du ridicule ce juriste ! Cela fait clairement écho au courrier des néo-vignerons de l'AVB... Je n'ai aucune idée de comment ça pourrait se passer du point de vue légal (je n'y connais rien en droit), mais ça ferait un procès très intéressant, il faudrait démontrer que l'histoire de Bretagne est fausse, que l'hermine, le triskell, le phare ne sont pas des symboles locaux, que la locution « vin breton » n'est pas attestée en Loire-Atlantique.... le Conseil Régional de Bretagne pourrait être invité à donner son avis et une définition de la Bretagne, et ça ferait un beau scandale, de quoi leur forger une belle réputation ! On a hâte de voir ça ! Se dire breton en Bretagne nantaise et arborer un symbole breton bientôt interdit, à quand le début de la répression ??? N'est-ce pas même un peu inquiétant pour la démocratie ? Tous ces gens connaissent si mal la Bretagne qu'ils n'imaginent même pas les conséquences médiatiques de leur mesquinerie pour leur réputation...


Ils sont prévisibles, et on peut donc s'attendre à une évolution de leur discours anti Bretagne nantaise dans deux directions :

  • Il y aura d'abord une inévitable campagne de dénigrement envers les porteurs de ce beau projet IGP Bretagne, leurs soutiens partout en Bretagne, et certainement la tentation de présenter les militants de la réunification de la Bretagne comme des extrémistes bretons. Et ils pourraient glisser alors dans la calomnie et la diffamation. Je suis prêt à le parier, c'est tellement facile de dénigrer les gens !

  • Et puis, quelques autres tiendront des propos hypocrites et parfaitement inaudibles : nous ne sommes pas contre la réunification, ou on est même plutôt favorable à la réunification, mais on ne veut pas des vignerons de Loire-Atlantique avec nous... une logique implacable... (J'ai déjà lu cet argument complètement stupide dans un article : « La Bretagne viticole est loin d’être réunie », O.F. du 11/03/2024, dixit Guillaume Bauché, trésorier de l'AVB). Pour se garantir le monopole sur le vin « breton » (et quelques revenus...), il ne faudrait surtout pas qu'une « IGP Bretagne » s'étende sur le territoire de la Bretagne réunifiée, ça on l'a bien compris !


Ces néo-vignerons de la région administrative se forgent une image détestable qui se retournera à l’évidence contre eux, leurs outrances ne les servent pas. Ils ont fait un pari risqué : le révisionnisme historique. C’est un très mauvais calcul, c’est leur choix, un choix très polémique qui restera très polémique. Pas vraiment convaincu que ça leur fasse une bonne publicité chez les amoureux de la Bretagne et les gens ayant un minimum de culture. Ils se décrédibilisent en effet eux-mêmes par leur agressivité et leur mesquinerie, laissons les s’enfoncer… Leur aventure commence très mal…


Je regrette profondément ce qui se passe, cette aventure d'une viticulture bretonne élargie à la région administrative aurait pu être passionnante, enthousiasmante, conviviale, au lieu de ça c'est une polémique qui commence. C'est bien à l'opposé de ce que nous souhaitons en Loire-Atlantique, mais ces gens de peu de culture ne nous effacerons pas de la carte de Bretagne pour satisfaire de petits intérêts privés. Non, la Bretagne n’est pas une page blanche, on ne cèdera jamais rien au révisionnisme historique !



Bevet Gwinoù Breizh.

  

Christophe M. Josso,

du Pays de Guérande,

Bretagne méridionale.



Me concernant et sur mon « manque de légitimité » bretonne.


Les dirigeants de l'AVB (Association des Vignerons “Bretons”) parle d'un « manque de légitimité » des vignerons nantais à rassembler les vignerons bretons, par contre des Parisien, Picard, Bourguignon... auraient - eux - toute légitimité pour parler au nom des Bretons et de la viticulture bretonne... Je me sens évidemment concerné par cette malhonnêteté et cette hostilité décomplexée envers le midi de la Bretagne !


Je suis en effet Guérandais, et donc Breton, c'est mon identité, celle de mes parents, grands-parents, arrières grands-parents... n'en déplaise aux professionnels du révisionnistes.


On cultivait la vigne dans ma famille à la limite de la Loire-Atlantique et du Morbihan (Limarzel en Assérac), d’où une passion ancienne pour la viticulture. La vigne faisait partie du paysage du Pays de Guérande quand j'étais enfant, j'ai grandi entre deux vignes (Noah et Gros-plant), l'alambic passait tous les ans dans le hameau. Mon trisaïeul, Pierre Josso (1843-1942) était « cultivateur-vigneron », le « type du vieux paysan breton » selon l'article ci-dessous, il a eu la médaille du mérite agricole en 1933 pour sa contribution à la reconstitution du vignoble guérandais (après les destructions du phylloxéra).



                                             Journal nantais 'L'espérance du peuple',

                                                     du 05 novembre 1933, page 5.


Enseignant de langue bretonne, je m'intéresse à la linguistique bretonne et celtique (notamment au vocabulaire agricole), je suis passionné par l'histoire et l'ethnologie de la Bretagne, et par la géographie agraire et rurale. Je m’intéresse entre autres à la tradition et à l'histoire viticole de ma région de Bretagne méridionale, et je publie à ce sujet des articles dans la revue historique de Saint-Nazaire (projet à terme de livre sur le « vin breton »).


                      Ce que j'ai connu jusqu'à peu encore dans le Pays de Guérande. 


Je ne suis membre d'aucune organisation politique, j'ai le plus grand mépris pour toute forme d'extrémisme, mais j'ai des convictions concernant la défense de la culture bretonne, en résumé : 


  • Il n'appartient pas à des technocrates parisiens et des politiciens jacobins de définir la Bretagne. La Bretagne n'est pas une coquille vide, elle ne se définit pas par des limites administratives imposées de manière autoritaire et sans consultation démocratique de la population concernée, elle se définit par une histoire longue et une riche culture. La Bretagne n'est pas non plus une page blanche où n'importe quel hurluberlu peut écrire ce qu'il veut en fonction de ce qui l'arrange.

  • Quant aux « paysdelaloire » c'est une monstruosité administrative qui finira dans les poubelles de l'histoire, c'est aussi un gaspillage considérable d'argent public en propagande inutile, la Bretagne - elle - n'a pas besoin de propagande pour exister. Et cette mauvaise propagande n'atteindra jamais les gens ayant un minimum de culture, ceux qui savent qui ils sont et qui ouvrent quelques livres.

  • Je pense que le rattachement des appellations nantaises au « valdeloire » est une grosse erreur de stratégie commerciale, les vins nantais ne sont plus du tout identifiables dans cet océan de vins, et cela contribue à la crise du vignoble (lire à ce sujet : « Sauvons Le Muscadet d'une mort programmée » d'Alan Coraud). La Bretagne nantaise n'appartient d'ailleurs pas au Val de Loire (inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO), c'est un tout autre terroir.

  • Quand on ose s'affirmer Breton en Loire-Atlantique, les bien-pensants jacobins tentent maintenant de nous faire passer pour des gens politiquement douteux, et revendiquer son identité historique en Loire-Atlantique devient de plus en plus difficile, mais peu importe, la réunification de la Bretagne se fera. Certaines personnes particulièrement malintentionnées ne se gênent pas pour faire des amalgames faciles avec les idéologies nauséabondes identitaires, c'est l'argument simpliste et pratique de ceux qui n'ont aucun argument.

  • Je ne vois pas bien quel complexe absurde devrait avoir la Pays nantais par rapport au Pays de Rennes en matière de culture et d'identité bretonne, de même pour le Pays de Guérande par rapport à n'importe quel autre terroir de la Bretagne bretonnante... On aime tout simplement notre culture traditionnelle (musique, danses, langue, architecture, gastronomie, petit patrimoine, histoire, terroir...), on est attaché à notre identité historique, personne ne nous fera disparaitre de la carte de Bretagne, on ne demande à ce sujet que la démocratie.

  • Une évidence pour conclure : on ne peut pas réécrire l'histoire pour l'adapter au découpage administratif actuel ; les outrages à la mémoire, ça suffit !


Si un type de petite culture ose me dire que je ne suis pas breton, s'il ose prétendre savoir mieux que moi qui je suis, je risque d'être particulièrement désagréable, et j'ai dû l'être dans ce texte ; je ne peux plus avaler des couleuvres révisionnistes avec le sourire, c'est désormais pour moi tolérance zéro. L'hypocrisie, l'ambiguïté permanente, les doubles discours sur la Bretagne, les contradictions entre parole et actes... de certaines personnes dans le milieu des néo-vignerons « bretons », ça m'irrite aussi encore plus, j'ai passé l'âge des politesses diplomatiques, et je n'ai plus de patience avec ce genre d'individu. 


Je tenais donc à donner mon avis sur les propos particulièrement choquants que j'ai pu lire ! Et j'aurais préféré ne pas avoir à écrire ce pamphlet !



                                                                    Breizh Unvan !


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